BIOGRAPHIE LIVE CORRUPTION

Ces commentaires sont tirés du livret CD de "Live Corruption" (l'édition originale - Mosh 67 CDL - étant contenue dans le coffret "Napalm Death" sorti en 1992)


A la fin des années 80, les téléspectateurs de l'arène de la BBC 2, les lecteurs de NME et les auditeurs de l'émission de l'après-midi de Steve Wright furent effrayés par les effusions violentes d'un groupe qui sonnait pour les incultes comme le grognement sauvage d'un cochon dévoré par l'acide tout en étant torturé par une batterie vaudou animée par un monstre ultra -rapide à 8 bras.

Dans les bureaux de la NME, nous repassions leurs disques indéfiniment, quelques autres et moi-même. Nous étions impressionnés par la brièveté, la vivacité et les changements pulvérisant d'avalanches textuelles foudroyantes. Mais par dessus tout, nous aimions bouleverser les fans de musique discordante et répétitive. Le groupe s'appelait NAPALM DEATH et il ne débarquait pas d'une planète étrange et horrible.

A la fin des années 70, les anglais en avaient marre à la fois du métal et du punk. Malgré le fait que la NWOBHM soit à la mode, le genre était perçu par certains comme décadent, sexiste et rétro. Entre-temps, le punk avait régressé vers l'attitude idiote et de vandalisme pur du Oï ! et vers le discours fanatiquement intransigeant des sinistres anarcho- intégristes sans humour de l'underground. Ainsi, peu de gens au Royaume Uni se montraient particulièrement enthousiastes envers le punk rapide et teinté de métal d'un groupe à l'état brut venant de l'intérieur des terres du nom de Discharge.

Toutefois, les punks américains les plus durs considéraient Discharge comme une divinité fructueuse. Leur thrash brutal et paroxysmique fut pompé et développé par des centaines de groupes. Rapidement, les barrières entre le punk américain et le métal, tout deux populaires chez les jeunes blancs des classes banlieusardes, commencèrent à se brouiller. Des groupes jouant toujours plus rapidement et plus violemment une version hybride des deux musiques (Death Metal, Thrash, Metal, Speed Metal, Black Metal) commencèrent à surgir tout autour du monde.

Pendant ce temps en Angleterre, l'underground avait généré une génération entière de groupes obscurs qui étaient fiers de la distance croissante entre leur scène et le courant commercial. NAPALM DEATH en faisait partie. Formé en 81-82 et ayant figurés sur une compilation underground intitulée "Bullshit detector" (Détecteur de conneries), la formation originelle composée de Justin Broadrick, Nick Bullen et Rat fut rejointe en 1986 par le batteur Mick Harris après que Rat ait quitté le groupe. Mick était fortement influencé à la fois par le thrash ultra rapide des groupes tels que Siege ou Repulsion et par la lourdeur broyante de Celtic Frost, éléments qui turent incorporés sur la première face de l'album "Scum". Nick et Justin quittèrent le groupe pour être remplacés par Lee Dorrian comme chanteur et Bill Steer comme guitariste. Après que le groupe ait à son actif la seconde partie de l'album "Scum" et une jam session (12 chansons en 15 minutes et 15 secondes), il fit rejoint par Shane Emburv à la basse pour l'album "From enslavement to obliteration" en 1988 et le mini album "Mentally murdered" en 1989.

"FETO" attira l'attention des critiques, dont la mienne. NAPALM, malgré le changement total de personnel, était encore assez underground pour se montrer extrêmement méfiant vis à vis d'une presse qui les faisait soudainement figurer en couverture des magazines et les comparait à Wagner et Chostakovitch. Il était même indiqué dans NME qu'une fois, Stravinsky avait écrit un ballet pour 50 éléphants : "et bien NAPALM a fait le même mais cette fois ci, les éléphants sont déchaînés". Bien que les textes de NAPALM soient toujours cinglants, leur foudroyante musique, rapide et brutale, portait la définition du rock à son paroxysme et ils étaient favorablement comparés aux musiciens de jazz avant-gardistes dans les programmes de la radio BBC 4, Kaléidoscope. La manière dont NAPALM DEATH avait repoussé le genre vers des limites encore plus rapides fut illustré dans "Larène de la BBC 2", un documentaire sur le Heavy Metal qui se démarquait de la musique des "allégués" rois du thrash, Slayer, de par sa jeunesse, sa fraîcheur et sa rapidité. Sans aucune controverse.

Pendant que les médias étaient inévitablement distraits par l'acid house et le madchester, Napalm subit un nouveau changement de line-up. Lorsque le groupe revint de sa tournée japonaise en juillet 1989, Lee et Bill décidèrent de partir ; Barney de Benediction s'empara des vocaux tandis que les américains Jesse Pintado (de Terrorizer) et Mitch Harris (de Righteous Pigs) prirent les postes de guitaristes. Ce line-up réussit à rester stable pour l'enregistrement de l'album "Harmony Corruption" en 1990 et du mini album "Mass Appeal Madness" en 1991 ainsi que pour leur première tournée américaine pertinemment appelée le "Grindcruher USA tour" après laquelle Mick décida de partir et fut remplacé par un américain inconnu jusqu'alors, Danny Herrera.

Avec Metallica et Nirvana (deux groupes considérés pendant un moment comme inaudibles par les programmateurs de radio) qui font désormais partie du domaine commercial, NAPALM DEATH a gagné une audience encore plus large en Amérique. Le Thrash Metal devenait au même moment la musique de prédilection de la récente Europe de l'Est déstalinisée, prouvant que le genre dont NAPALM a constamment fait preuve comprenait des centaines de groupes sur chaque continent - à part l'Afrique. NAPALM DEATH a récemment assuré la tête d'affiche de deux concerts à guichet fermé au stade de hockey sur glace de Moscou qui attirèrent 14000 fans à travers toute l'ancienne Russie ; c'était le dernier groupe anglais à jouer en URSS avant que cela ne devienne la communauté des états indépendants.

Lorsqu il était à Moscou, un journaliste demanda à Shane Embury pourquoi il était dans NAPALM DEATH : "Je veux simplement jouer de la musique extrême et botter le cul de tous ceux qui m'ont tapé sur les nerfs ces cinq dernières années. Je veux botter le cul de tous ces putains de rockers qui suivent la norme, tout ces connards qu'on trouve dans le Heavy Metal. Je veux faire chier le monde, je veux jouer de la musique de merde".

Ce coffret CD prouve que NAPALM DEATH a tenu et continue de tenir le rythme de ce qui représente la participation musicale la plus dynamique et la plus populaire du monde. NAPALM DEATH est au rock extrême ce que Pavarotti est aux types obèses habillés en costume de soirée et chantant en italien - la référence absolue.


Steven Wells, janvier 1992


Retour