OBITUARY / NAPALM DEATH
DISMEMBER
Paris (Elysee Montmartre) - 17 mai 1992
Source : HARD ROCK MAGAZINE / Juin
1992
Journaliste : Phil Pestilence
C'est à Dismember, jeune quintette de tradition viking, que revenait le rare privilège
d'ouvrir les hostilités dans un Elysée Montmartre parfumé de gore et de death metal et,
surprise morbide, plein comme un uf. Inutile de vous fournir quelques inutiles
précisions sur leurs intentions ou leur répertoire, ces gamins (moyenne d'age : 19 ans)
étaient venus en France pour nous casser les oreilles, et c'est ce qu'ils firent avec un
panache certain et une violence légitime. Balançant quelques morceaux choisis du
tapageur maxi Pieces, ils rassemblèrent bientôt tous les pervers
death-métallistes de l'enceinte et quittèrent l'Elysée triomphant, certains d'y revenir
prochainement un peu plus haut sur l'affiche.
Les ignobles Napalm leur
succédèrent, tout auréolés d'un Utopia Banished flambant neuf et plus
méchant encore qu'on ne le craignait. Evidemment, leur hit-single, "Suffer The
Children", fut le grand moment de cette prestation riche en traumatismes, en
beuglements et en bourrinages. Devant l'impressionnante nouvelle recrue, le batteur
Herrera, Barney et ses frères inaugurèrent avec zèle et empressement leur futur règne
absolu sur l'extrémisme sonique. Même les titres des deux premiers opus, Scum et
From Enslavement To Obliteration, beaucoup plus grind et donc moins soutenables,
furent gentiment accueillis par la nouvelle audience de Napalm Death qu'on sait, de source
sûre, essentiellement composée de fans de death. Une première parisienne (après
l'annulation au Gibus en 1990) excessivement bien négociée par les nouveaux tyrans de
Birmingham, England !
S'il est un groupe qui ne sut tenir ses promesses ce soir-là, ce fut sans hésitation
possible Obituary. Les
fossoyeurs de Tampa possèdent certes des compositions impressionnantes et accrocheuses
avec les titres du cultissime Slowly We Rot. Les performances vocales et
régurgitantes de John Tardy se montrent écrasantes, mais l'impossibilité chronique que
connaît Obituary pour décoller un petit peu du sacro-saint "rythme doom -
accélération - vocifération" (le triplé gagnant ou la formule magique) finit par
rendre le spectacle pénible après plus d'une demi-heure. Et on peut le regretter tant
les deux six-cordistes, Trevor Peres et le revenant Allen, assistés en la circonstance
par la rythmique radieuse et féroce du frère Tardy aux doubles caisses, forgent au final
un gang d'acabit supérieur. Il leur faudrait sans doute davantage soigner la composition
plutôt que de "repiétiner" inlassablement leurs propres plate-bandes. Un cas
unique dans le death contemporain, leur avenir leur appartient.