NAPALM DEATH
avec AT THE GATES & GRUDGE
Vancouver (The Starfish Room) le 25 juin 1996
Source : DROP-D MAGAZINE / 12
Juillet 1996
Journaliste : Kevin Templeton
LE SON D'UNE ARME
Une belle soirée d'été m'a fournit l'opportunité significative de faire l'expérience d'un concert aux proportions de mammouth. C'est cela, un show pur et entraînant de métal extrême assuré de satisfaire l'appétit affamé du fan de métal typique, la tignasse en bataille et zonant dans les sous-sols et laissé pour compte dans la vague de l'alternatif de 1990. Cela semble être un souvenir lointain : le Starfish Room (alors appelé le Club Soda) organisant régulièrement les très attendus "Mardis du métal", comprenant les groupes les plus bruyants dans les tournées aux alentours. Mais, comme nous le savons tous maintenant, la plupart de ces institutions se sont cassées la gueule lorsque le climat musical a évolué des excès des années 80 à l'esthétisme résolument "moins, c'est plus" des années 90.
Incontestablement, un flash-back était à l'ordre du
jour. Après m'être sérieusement fait botter le cul au billard avant le concert, j'avais
la vision distincte qui s'infiltrait dans mon cerveau d'un autre bottage de cul suprême
au Starfish Room (avec un peu d'espoir, pas par un monstre tatoué en plein milieu de la
fosse).
Nous avions repéré le terrain, mais nous arrivâmes trop tard pour choper le premier
groupe de la soirée, le combo local GRUDGE. L'ambiance dans la salle quand nous entrâmes (et que Grudge faisait sa
sortie) semblait positive, et je me rappelle avoir entendu quelques habitués, ainsi que
le chanteur d'AT THE GATES, exprimer des réactions flatteuses quant à leur performance.
Ce n'est pas souvent qu'on arrive à voir un groupe venant tout droit de Suède, mais
c'était au menu ce soir-là avec le quintet suédois AT THE
GATES (un nom.... ...aux portes ? Les portes de l'enfer ? Les
portes du Lion ?). Le chanteur Tomas Lindberg, ressemblant à une version dreadlockée du
chanteur nerveux des Spin Doctors, proclama que "le groupe n'avait jamais été au
Canada avant" et qu'ils étaient "contents d'être ici". AT THE GATES joua
dans un registre très primitif de speed/death metal semi-technique sensiblement vide
d'émotion ou d'un quelconque sens dynamique, le même genre d'éléments manquants qui
ont rétamé les groupes de heavy "vieille école" laissés sur place par l'ère
du thrash des années 80. Je restais déçu par leur performance. Dans le passé, NAPALM
DEATH a tourné avec des groupes stellaires comme Godflesh et Machine Head, mais A.T.G.
semblait être au-dessous de la moyenne, probablement uniquement destiné au public
européen puriste de heavy metal. Musicalement, ils semblaient carrés et concentrés
(quoi que répétitifs), ce qui est peu commun pour un groupe dans leur genre. Pourtant,
les chansons se fondaient les unes aux autres trop facilement, et bien que beaucoup de
gens (comme moi) étaient uniquement intéressés par leur lourdeur générale, tout cela
semblait revenir ...à de la musique Heavy status quo.
Un qui résiste certainement aux modes - et au status quo - de la "folie de l'appel
aux masses" (comme ils l'appellent) est le roi du grindcore et le terroriste musical
venant de Birmingham en Angleterre, NAPALM DEATH. Ayant commencé au début des années 80 en tant que groupe de
punk/noise (et politiquement à gauche) culte et favori, le groupe est revenu à son point
de départ dans sa position musicale "Anti-musique" pour créer son
enregistrement le plus progressif à ce jour, Diatribes.
Ayant vu NAPALM DEATH quatre fois auparavant, je ne m'attendais pas vraiment à de
nouvelles surprises en termes d'impact... ...qu'est-ce que je croyais ? Le groupe, mené
par le chanteur/grogneur charismatique Barney Greenway, a absolument déchiré la scène
comme si c'était son premier concert depuis des mois - vous parlez d'une reprise ! Le
T-shirt végétalien de Barney affirmant "Le meurtre N'EST PAS au menu" n'aurait
pas pu être plus éloigné de la vérité. Cet événement était un meurtre musical du
plus haut degré, artisanalement mené avec un but et de l'intelligence et sans la
testostérone rageuse étalée par beaucoup de groupes de la scène underground.
Maintenant, expliquer toutes les chansons ainsi que les moindres détails d'un concert de
Napalm Death se révélerait inutile tant c'est la totalité de la performance du groupe
qui fournit cet impact inamovible. Cela dit, le grand moment de la soirée fut pour moi
l'interprétation de leur classique, "Suffer The Children", tiré du
disque "Harmony Corruption" sorti en 1990. On joua aussi des rafales
plus vieilles telles que "Scum" ou "Lucid Fairytale",
la dernière étant dédicacée à leur équipe anglaise de football qui jouait contre
l'Allemagne le lendemain dans un tournoi international (l'Angleterre a perdu aux tirs aux
buts, et je pense qu'ils sont encore en pleine émeute là-bas... ouch !). Shane Embury,
le bassiste/soutien contribua même vocalement à une toute nouvelle chanson, ajoutant une
nouvelle dimension au son de Napalm Death, dimension que je ne m'attendais pas qu'ils
explorent. "Nazi Punks Fuck Off", le morceau classique des Dead
Kennedy, fut gardé pour la fin, et comme d'habitude fit l'effet d'une tempête.
En résumé, j'ai passé une soirée géniale. C'est un plaisir rare de voir un groupe
jouer avec autant de conviction et d'intensité que Napalm Death. Sans aucune apologie.
"L'extrême conservé".