NAPALM DEATH
sur les planches du Whiskey A Gogo...

Los Angeles (Wiskey A Gogo) le 25 janvier 1996

Source : DAILY TROJAN n° 127 / 1er Février 1996
Journaliste : Franck Correia


Ce n'était pas un concert gentillet lorsque NAPALM DEATH, le créateur du métal "grindcore", a pris d'assaut la scène du Whisky jeudi dernier. Un adolescent avec le visage de Meat Loaf et quatre fois sa largeur s'élança du bord du pit pendant que deux moshers chauves joignirent les bras et éborgnèrent un fan qui ne faisait pas attention. La sécurité lançait des fans de la scène pendant que d'autres faisaient des sauts périlleux dans la foule comme s'ils étaient à un match de WWF. Comme toujours, la survie est le mot clé pour les fans de grindcore.


Et c'est l'instinct de survie qui a permis à
NAPALM DEATH de continuer son attaque de guitares dissonantes au travers de sept albums et de nombreux line-ups. Le bassiste Shane Embury, qui a été incorporé six ans après la formation du groupe en 1981, est celui qui est le plus proche d'un membre "originel". Mais la foule ne semblait pas s'en préoccuper alors que le groupe remanié exposait des morceaux de son nouvel album, Diatribes, au cours d'une performance d'une heure qui fut aussi bruyante qu'elle était brutale.

A partir de l'accord d'ouverture, le sol fit éruption en un cyclone de corps. Mais l'excitation initiale retomba quand Napalm interpréta péniblement des chansons nouvelles et non familières comme "Greed killing" et la mal choisie "Self betrayal". Mais les gars de Napalm trouvèrent la faveur du public avec leur tout dernier matériel quand "Ripe for the breaking" revitalisa le pit, frappant les corps et les bières de ceux qui font tapisserie et qui sont peu soupçonneux.


"Barney, tu n'es plus un putain de gros" gueula un fan, faisant état d'une approbation évidente sur l'apparence du vocaliste Barney Greenway (lors de la performance du groupe l'année dernière au Palace, Greenway avait un ventre à rivaliser avec celui d'Homer Simpson). "Avant, tu avais l'habitude de te moquer de moi parce que j'étais gros, maintenant tu te moque de moi parce que je suis maigre", plaisanta t-il dans un fort accent anglais, "Forge toi ta satanée opinion".


Cette fois-ci, les vocaux du frontman plus fin et beaucoup plus énergétique étaient tassés. Le batteur Danny Herrera, enterré derrière un mur de toms, maintenait son tir rapide à la caisse claire à une allure vertigineuse pendant que le bassiste Shane Embury fournissait un support adéquat à la basse. La vraie glu dans l'arsenal de
NAPALM DEATH, toutefois, est la paire de guitaristes, Mitch Harris et Jesse Pintado. Pintado, le guitariste originel des gourous du grind de L.A., Terrorizer, avait sa propre légion de fans qui criaient pour des chansons de son groupe d'origine. Les requêtes furent facilement oubliées lorsque NAPALM lança "Twist the knife (slowly)" de leur album de 1994, Fear, Emptiness, Despair.


En tant qu'album, Fear a élargit les horizons de
NAPALM, montrant une face du groupe plus lente et plus dissonante. Diatribes poursuit cette évolution mais avec des résultats plus favorables. Les guitares de Pintado et d'Harris fouillent dans de nouvelles dimensions de dissonance, de rythmes et oui, même de mélodies, donnant un album avec plus de cohésion avec des morceaux caractéristiques comme "Glimpse into genocide" qui ont fouetté la foule de jeudi avec frénésie. Le morceau titre de l'album montre que NAPALM peut embrasser de nouveaux sons sans devenir mou.


Néanmoins
NAPALM, soit par peur soit par respect envers ses fans, a clôturé les choses avec "Scum", une chanson plus vieille qui fut écrite avant même que n'importe lequel des membres actuels ne soit dans le groupe. Un rappel de quatre chansons frappa la foule en sueur, tous ses participants se tenant dans le noir en train de chanter le nom du groupe avec l'enthousiasme d'une brigade d'assaut. Alors que Greenway jetait une bouteille d'eau dans la foule, les moshers déshydratés se battaient sur son contenu comme si c'était le dernier liquide sur Terre. Reprenant "Nazi punks fuck off" des Dead Kennedys, NAPALM DEATH transforma le Whisky en un pit de gladiateurs, prouvant qu'ils ne sont pas seulement les créateurs du grindcore, mais le groupe numéro un en concert pour la dissonance et la destruction.


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