DIATRIBES


Louis Bourgade / HARD'N'HEAVY / Janvier 1996

Greed Killing nous avait introduit le mois dernier auprès d'un Napalm Death restructuré et désireux de s'ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. Annonciateurs d'irréversibles changements auxquels les fans du groupe devraient désormais s'habituer non sans quelques difficultés, ce mini-album diplomatique leur permettait d'attendre la sortie du nouvel LP dans une semi-sérénité mêlée d'appréhension. Que leurs craintes restent infondées ! Certes, le célèbre groupe britannique poursuit imperturbablement ses efforts dans la voie qu'il s'est aujourd'hui tracée, celle d'un death métal teinté "d'alternances" industrielles. Mais Napalm Death apparaît suffisamment lucide et peu aventureux pour verser impunément dans un genre dont ses sympathisants ne pourraient guère plus se réclamer ! Le quintette anglais entend bien démontrer qu'il reste l'un des leaders d'un style vindicatif et belliqueux. Des titres tels que "Dogma", "Ripe for the breaking" ou "Diatribes" restituent, largement modifiés mais encore identifiables, tous les aspects vengeurs et irréductibles de sa musique. Contenant une série de nouvelles compositions beaucoup plus intéressantes que celles figurant à la liste du précédent Greed Killing, Diatribes est bien l'album qui rassurera l'immense majorité des amateurs de Utopia Banished... Tout en suscitant l'intérêt de tous ceux qu'un anticonformisme de bon goût ne rebute pas ! Napalm Death a parfaitement réussi sa reconversion, s'affirmant déjà comme l'instigateur d'un style qui devrait faire, n'en doutons pas, quelques centaines d'émules !

Classement : 4 étoiles sur 5


François Cacciatore / METALLIAN/ Février-Mars 1996

Etant l'un des piliers du death métal mondial, NAPALM DEATH se devait de sortir un album à la hauteur de sa réputation. Pari réussi avec "Diatribes" ! Même si NAPALM DEATH semble vouloir toucher un public plus large avec quelques morceaux plus mélodiques, le tout dégage une impressionnante agressivité, très bien reproduite grâce à la qualité du son. Voix hargneuse, tempos saccadés font des douze titres qui composent "Diatribes" des classiques du death métal. Cet album devrait sortir sous plusieurs formats (double vinyle, digipack édition limitée...). Date de sortie prévue : 22/01/96.


Richard Pers / HARD ROCK MAG / Janvier 1996.

Sans dire que Napalm Death soit devenu un groupe mainstream, ce Diatribes est complètement audible. Bon, ce n'est pas demain que Napalm Death sera contacté pour écrire le générique du "Cercle de minuit", mais la démarche du groupe, qui lui aussi semble parfois s'orienter vers le punk, pourrait aider à mieux faire accepter ce type de voix, particulièrement répugnant à la première écoute : hurlements gutturaux qui sont comme des gros bras d'honneur au concept de mélodie. Bref, dans la catégorie ultra brutal, Napalm Death marque des points, et cette (r)évolution va lui valoir plus qu'un succès d'estime.


Patrick Pfeiffer / ROCK SOUND / Janvier 96

"Fear, emptiness, despair", en 94, restait brutal mais embarrassait la critique, malgré les quelques tentatives d'idées nouvelles. Né dans la déprime des zones industrielles de Birmingham, UK, Napalm Death inventait le grindcore ("Scum", en 87, reste un classique du genre) et virait tendances death à la hauteur de son troisième album, "Harmony Corruption" le bien nommé. Avec Morbid Angel et Bolt Thrower (voire Obituary, Entombed ou Carcass), Napalm Death augurait alors d'un métal totalement extrême et asocial, laissant libre cours aux cultes les plus morbides. Du fait de sa formation à géométrie variable et riche en prolongements (Justin Broadrick est parti fonder Godflesh, Lee Dorrian Cathedral, Nick Bullen et Mick Harris Scorn), Napalm Death échappe à l'enfermement et à la caricature, et tient tête à la concurrence des hordes thrash et des nouveaux héros du power metal. "Diatribes", son nouvel album, est une déferlante de chants ulcérés mariant la tradition pionnière et la brutalité nouvelle, celle d'Helmet ou de Prong prise dans l'étau d'une rythmique sismique et sous les feux croisés de riffs trempés dans l'acier heavy metal. Napalm Death parvient ainsi à aller au-delà des limites d'une catégorie aujourd'hui controversée dans ses figures imposées, en se rebellant dans la manière et dans la forme, en humanisant de façon relative et musicale les diatribes-maux d'estomac de sa discographie.


STEP / dB (Du Bruit Des Bulles) / Décembre 95 - Janvier 96

Mais qu'est ce qui fait avancer Napalm Death ? Qu'est ce qui motive quinze ans de carrière dans un genre des plus heavy et lourdingue de la planète ? Peut être le simple fait que ce groupe est un passage rituel pour ceux qui veulent aller plus loin dans l'extrême (Lee Dorrian / Cathedral ; Justin Broadrick / Godflesh ; Mick Harris / Scorn ; Shane Embury / Blood From The Soul...)Après un excellent "Fear, emptiness, despair", les derniers grands du grindcore métal reviennent avec un nouvel album qu'on aurait eu du mal à imaginer aussi efficace et... si varié. Et oui, réveillez-vous ! Ce groupe en fait plus de death metal, même si les vocaux de Barney sont toujours aussi gutturaux et les guitares toujours aussi grasses. Napalm Death fait du métal, mais avec un esprit 90's proche de Entombed, Fear Factory ou Meshuggah, qui mélange ambiance, technologie et brutalité totale. Sur "Diatribes", une énorme place est accordée à la mélodie sombre, aux breaks école Voïvod ("My Own Worst Enemy", "Placate, Sedate, Eradicate"...) tout en restant dans la puissance pure, parce que chez Napalm, on aime toujours les gros pains dans la tronche. Ne vous attendez pas à un remake de la révolution espagnole, mais ne soyez pas surpris de tomber en pleine guérilla sonore, parce que ce disque est plein de pièges à échardes.


Site Internet inconnu...

Napalm Death est connu pour sa musique death/grind au cachet si particulier, et est salué par certains, dont moi-même, comme les inventeurs du grind metal. Les groupes séparatistes de Napalm incluent Cathedral et Carcass, deux des plus influentes formations britanniques, respectivement dans le doom et dans le grind. Le nouvel album a été précédé de la sortie d'un mini LP 7 titres, Greed Killing, qui comporte deux chansons tirées du nouveau disque, quatre autres nouvelles chansons, et un morceau live, "Plague Rages", tiré de leur précédent effort, Fear, Emptiness, Despair. En bref, Napalm Death est passé d'une forme de death extrême presque inaudible (sur Scum) à un groupe extrême lisse et hautement raffiné, mais pas du tout commercial, durant les quinze années qui ont suivi sa formation en 1980 (?). Cet album est une progression supplémentaire dans la bonne direction pour le groupe de Birmingham, en combinant leur marque habituelle de grind unique joué à la vitesse de la lumière sur leur dernier album (qui, accidentellement, sonnait étrangement comme une poubelle en fer dégringolant d'une colline avec une brique à l'intérieur... sans pour autant réussir à sonner comme de la merde) avec toujours autant de plans de ce genre, mais qui swinguent d'une façon mortelle. Ils ont réussi à rendre leur musique plus accessible, sans compromettre aucun des riffs speedés et des passages à la double grosse caisse. Le premier morceau, "Greed Killing", est un peu léger et peut provoquer un bref instant de consternation chez l'auditeur qui imagine pendant un horrible moment que le groupe s'est un peu déridé, mais il se rassurera en entendant le reste de l'album. "Greed..." est simplement une bonne chanson rapide, qui se trouve être un peu plus subtile que les attaques matraquantes de riffs épais et de batterie à vous donner la migraine de la suite de l'album. Les autres moments forts de ce disque sont : "Cursed To Crawl", "Cold Forgiveness", "Placate, Sedate, Eradicate" et, comme bouquet final, "Corrosive Elements".

Note : 4,5/6
Résumé en un mot : Hautement Corrosif (oups... ça en fait deux !)


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