HARMONY CORRUPTION


Phil Pestilence / HARD ROCK MAG / Octobre 1990

Napalmivores, soyez maudits ! Le renfort d'une paire de guitaristes de formation thrashcore américaine, la décision d'arrêter le merdier sonique pour en venir à des considérations mélodiquement plus structurées et le remplacement d'un abominable yéti beuglant par un ex-petit chanteur à la croix de bois, c'est plus qu'il n'en faut pour transformer une horde d'adolescents qui militent pour le droit de se torcher tout seul (comme des grands) en véritable phénomène de l'extrême death metal. J'en connais des p'tits vicieux qui, vexés de cette trahison, vont s'empresser d'écrire à Dechavanne pour lui demander d'organiser un débat sur la place que doivent tenir le bruit, la merde et la vulgarité dans l'éducation moderne. Et oui, la loi dans l'underground, c'est d'arrêter de supporter les groupes qui deviennent supportables. Malheur, Napalm va commencer à vendre des disques, fuyez donc amis des grosses productions à 35 dollars ! De "Unfit earth" et son riff morbide qui piétine joyeusement les plates-bandes d'Obituary au single "Suffer the children" qui exhume la légende de Terrorizer, Napalm Death se hisse avec ce troisième album aux sommets du death metal, moins loin de Morbid Angel qu'on aurait pu le penser. Harmony Corruption, ou comment l'ultime devient unique...


Fred Burlet / METAL HAMMER / Novembre 1990

Dix-sept titres, on ne pouvait décemment en attendre moins du dernier Napalm Death, l'album cette fois-ci (web : cette journaliste compte aussi les 6 titres de Mentally Murdered, inclus sur la version européenne du CD). Et n'espérez pas non plus que cette bande de tarés typiquement anglais ait cessé de pousser la pauvre mémé dans les orties... Pire que jamais, avec un son de grosse caisse et de basse frisant le non-sens (cf : le solo du troisième morceau, "Inner Incineration", il n'y a qu'eux pour oser), la mort au napalm frappe toujours plus fort ! La mélodie du chant n'est pas sans rappeler le bruit délicat du régurgitement collectif d'un bataillon de légionnaires qui auraient quelque peu abusé de boissons fortes, la double grosse caisse est décidément insupportable, mais il faut reconnaître que le résultat final est ultime. On trouve même de ci de là quelques arrangements "maison" (si, si !), effets caverneux sur la voix, bruitages du début... Le concept évolue donc, il ne faut pas croire, et ils arriveront petit à petit à nous amener toujours plus loin dans l'inécoutable et l'inexplorable, si on les laisse faire. Bien sûr, il faut avoir le courage de s'y atteler, mais quand c'est parti, on enchaîne les deux faces en se demandant, médusés, comment c'est possible... De là à distinguer en quelques secondes quel est le titre qui est en train de passer, n'exagérons rien, mais nous poursuivrons néanmoins avec un intérêt non dissimulé et amusé les tribulations anti-musicales ultérieures du groupe : jusqu'où iront-ils ? Là demeure la question...


François Sinibaldi / HARD FORCE / Novembre - Décembre 1990

Considérés longtemps comme les maîtres du minimalisme absolu, les Napalm Death sont de retour, étonnamment métamorphosés. Certes, les innombrables prétendants au trône du grind se sont bousculés derrière eux, et ont maintes fois tenté de dépasser les limites instaurées par ces anglais de Birmingham. Mais ces derniers se sont tournés vers de nouveaux horizons, laissant dans leur sillage les jeunes loups se dévorer entre eux. La mutation génétique au napalm a donné naissance à deux guitaristes américains terriblement laids, renforçant ainsi la haine que Napalm Death avait pour la beauté musicale. Cette nouvelle création du cauchemar est bien différente, comparée à "From Enslavement To Obliteration". L'intensité ultra-violente du groupe se résume cette fois en une dizaine de titres seulement. Beaucoup plus lourds qu'auparavant, les Napalm Death ont tout de même su garder ce son qui leur est propre. La force de ce retour se trouve dans la production. Le relief, la profondeur, donnent à la musique une efficacité et une puissance gigantesques. Comment rester de marbre face à ce son irrationnel, conjugué à la furia hardcore du pied au plancher ?


Hervé Picart / BEST / Mars 1991

Voilà un groupe et un disque exemplaires qui présentent l'avantage de condenser tout ce que le thrash et le death métal peuvent avoir de lamentable lorsqu'ils sont joués sans imagination ni talent - ce qui arrive souvent. Tous les plans sont ici repiqués, la production est nuisible à souhait - mais c'est voulu. Il s'agit, en fait, d'un album idéal si vous avez un voisin à éliminer, une belle-mère à achever ou besoin d'un faux prétexte pour changer votre chaîne. Dans le genre délibérément mauvais et fier de l'être, Napalm Death est un sommet. Plus crade, tu ressuscites.

WEB : Sachez que ce mec encensait Cinderella et Lynch Mob dans le même magazine ; vous comprendrez peut être un peu mieux sa prise de position si tranchée. En tout cas, Hervé, bravo. C'est grâce à des types comme toi que la France a mis un bon paquet de temps à s'ouvrir à ce style musical, alors que la Belgique, la Hollande ou encore l'Allemagne étaient déjà dans le coup depuis longtemps. Et elles sont où, maintenant, tes putains d'idoles des années 80 ?


KS / site internet CD NOW

Sous une forme ou sous une autre, Napalm Death a propagé ses accents métalcore industriel depuis près d'une décennie, avec des membres variés partis dans des groupes aussi divers que Head Of David, Carcass, Godflesh et Cathedral, et de nouveaux membres en provenance de Terrorizer, Righteous Pigs et Benediction. Un changement de style est inévitable avec une formation aussi instable, et après leurs deux premiers disques (Scum et From Enslavement to obliteration) et une grande quantité de minis albums, le groupe avait amené son style initial à une conclusion logique. Optant pour des guitares plus heavy (grâce à Jesse Pintado et Mitch Harris) et des vocaux gutturaux à la sauce death par Mark 'Barney-boy' Greenway, Napalm a perdu de tout cœur ses inhibitions hardcore et a plongé la tête la première dans un plasma métal égalant leurs anciennes excursions dans l'extrémisme et le contenu social. Napalm a apporté un changement drastique à son style et il va sans dire qu'ils perdront certains de leurs fans les plus durs, pourtant je sens personnellement que quelque part, le groupe s'est fait casser sans raison par les fans comme par la presse. Si vous êtes fan de ce qu'ils ont fait dans le passé, je vous implore d'écouter OBJECTIVEMENT. Si c'est votre première cuvée de Napalm, préparez vous à un sérieux broyage de crâne. Les morceaux harmonieusement abusifs incluent "Inner incineration", "Unfit earth", "Suffer the children" et "Hiding behind".


??? / site internet CD NOW

Si, comme de nombreux types ces temps-ci, vous vous êtes aperçus que le grindcore était vraiment votre tasse de thé, alors vous admettrez immédiatement que ce disque est estampillé avec tous les clichés du genre - des guitares vrombissantes et suintantes ; une batterie rampante et lentement torturante ; des vocaux denses et gutturaux ; le volume atteignant le seuil de la douleur ; et il y a même un remerciement à Kevin Sharp dans la liste des crédits. C'est la marque de fabrique d'Earache Records, le foyer d'une école de musique que certains considèrent comme un des fléaux sonores les plus insidieusement mauvaix à être récemment apparu. Alors que les membres de Godflesh pourraient être considérés comme les plus putrides et les plus affreux défenseurs d'une direction broyante, il y a un élément réel d'horreur humaine chez Napalm Death - pas de boîte à rythmes fantomatique débitant des tempos proches des machines mais, à la place, des battements terrestres mais réellement ensanglantés se dégagent de la formidable attaque d'artillerie de la batterie. Du début à la fin, les repères qui conduisent à la musique de Napalm se dressent d'une manière inquiétante comme des os brisés ou des graveurs de tombes sur le bord de la route : les grognements de gorge de Tom G. Warrior de Celtic Frost, les riffs intenses et post-Slayer de leurs compagnons d'Earache, Carcass et même les tempos en départ arrêté épileptiques et apocalyptiques de John Zorn. Pulvérisez vous avec ces délires nécromanciens : "Vision conquest", "Mind snare", "Inner incineration", "If the truth be known" ou "Unfit earth".


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