INSIDE THE TORN APART
Louis Bourgade / HARD'N'HEAVY / Juin 1997
L'affaire avait été à peine ébruitée. Barney, chanteur certes charismatique mais personnage instable, avait bien failli être à l'origine du split de Napalm Death. Son départ inopiné avait obligé les membres du groupe à envisager son remplacement et son retour, tout aussi fortuit, les avait par la suite conduits à enregistrer leur album dans des conditions héroïques. Reconnaissant qu'ils ne pouvaient se passer de lui, les Britanniques l'invitèrent donc à réintégrer la formation au plus tôt, préférant sans doute subir ses sautes d'humeur plutôt que d'hypothéquer la suite de leur carrière. Quoi qu'il en soit, Into The Torn Apart a finalement vu le jour et il faut saluer le sang froid de ses créateurs qui ont su composer une uvre fort intéressante en dépit des difficultés. Ce disque, enregistré en un temps très court, aurait pu présenter tous les signes de la précipitation, voire du désarroi. Au contraire, il reflète l'assurance de musiciens qui, unis dans l'épreuve, ont composé des titres énergétiques et caractéristiques d'un style moderne qu'ils élaborent depuis la sortie de Fear, Emptiness, Despair. Leur nouvelle production est cependant moins audacieuse que Diatribes et traduit leur volonté de se concentrer davantage sur des rythmiques plus traditionnelles. "Breed to breathe", "Reflect the conflict" ou "Down in the zero", accommodés aux exigences du marché actuel, sont aujourd'hui un peu moins perméables à l'industriel et réactualisent des rythmiques strictement 'death', abondantes notamment sur Utopia Banished. Un juste milieu imposé probablement par les circonstances !
NB : titre annoncé : "Into the torn apart"
Classement : 4 étoiles sur 5
Nicolas Radiguet / HARD ROCK MAG / 1997
Napalm Death pousuit sur la lancée de Diatribes mais, cette, on peut parler de mutation radicale. Fini le grindcore et les morceaux ultra-bourrins, Napalm Death a décidé de jouer la carte de la finesse. On a droit à une musique beaucoup plus groovy qui fait la part belle aux riffs carnassiers, mais noblement ciselés, démontrant une recherche harmonique poussée, si bien que le chant de Barney (finalement de retour) peut parfois paraître déplacé. Alors, les fans suivront-ils ?
Merci à David Frigge pour m'avoir envoyé cette chronique !
CRITIQUES CHAOTIQUES
Chronique de presse officielle d'Earache Records (sur le territoire US) / Internet
Ils ont commencé comme groupe de grindcore bourré de
colère qui pondait des chansons de cinq secondes de long et qui manifestait une attitude
héritée du punk et des points de vue politiques excessivement flagrants. C'est ce
souffle d'énergie furieuse incomparable qui a apporté la consécration à Napalm Death
en en faisant un des groupes les plus influents des scènes grindcore et death metal. Des
imitateurs sont apparus et ont été balayés car personne ne pouvait égaler la
sincérité de la puissance musicale et l'essence de la brutalité faite maison qui a
aidé Napalm Death à vendre plus d'un millions d'albums dans le monde. A chaque album, ce
groupe a grandi musicalement, affinant leur style et jouant avec de nouvelles approches
musicales.
Le 3 juin, Napalm Death va lâcher sa nouvelle définition de l'intensité musicale sur un
public qui ne se doute pas de la menace. Elle prend la forme d'un album répondant au nom
d'Inside The Torn Apart, avec le fameux Barney Greenway qui est venu reprendre
ses fonctions vocales au sein du groupe après une brève séparation due à des
difficultés de communication.
La production de cet enregistrement exhibe toutes les caractéristiques principales de
Napalm dont les fans se sont rassasiés depuis la dernière décennie - des grognements
vocaux nerveux, des structures de chanson uniques et des rythmes aux textures multiples.
Ces riffs épais et prenants qui vous transpercent la chair et la poussée convulsive de
la saveur du grind propulsé qui laisse l'auditeur trempé de sueur à la fin de chaque
morceau. La légendaire sonorité brutale de Napalm prévaut toujours mais ce groupe n'a
pas hésité à prendre des risques pour faire évoluer sa musique encore plus.
En entrelaçant les influences des diverses scènes musicales qui l'entourent, Napalm a
aspergé son son rugueux de malveillance avec des refrains mélodiques, des petits sons
tripants et des sujets lyriques plus structurés. Inside The Torn Apart fait
jaillir un nouveau chapitre dans l'histoire de Napalm Death. C'est incontestablement leur
effort le plus mature à ce jour. Allez voir la férocité qu'ils déploient en concert
lors de la tournée américaine de cet été.
Joe Headcrash / site Internet Alternative Connections
Napalm Death a entamé une décomposition puis une
restructuration de son style avec "Fear, Emptiness, Despair" sorti en
1994, et depuis ils ont lentement gagné une certaine clarté musicale sans pour autant
abandonner (complètement) leurs racines grindcore. Il y a toujours des gens qui
aimeraient que le groupe fasse un "Utopia Banished part 8" mais quel en
serait l'intérêt ? Les vieux éléments de base sont toujours présents dans leur
musique. "Inside The Torn Apart" reprend les choses là où le dernier
LP, "Diatribes", les avait laissées. Les fondations sont toujours
composées d'une épaisse distorsion et de bruits stridents mais les chansons prennent des
tournants plus prononcés et on note un effort au niveau des tempos pour qu'ils soient
plus contrastés les uns par rapport aux autres plutôt qu'enchaînés sans but. "Breed
To Breathe", le morceau d'ouverture, me fait penser à Helmet avec ses
manuvres de riffs bizarres en contretemps et cette sensation se poursuit sur les
morceaux suivants. Des accords punks et des tempos grind occasionnels sont présents ici
et là. "Reflect The Conflict" arrive en force au milieu de la
playlist, c'est une des plus heavy du disque. "The Lifeless Alarm", le
morceau final, est étonnamment parfumé d'airs monotones typiques des Swans. Globalement,
la musicalité et la production sont stellaires sur cet LP (spécialement en ce qui
concerne la batterie) mais il y a un point faible : les vocaux. Bien que les aboiements
inintelligibles de Barney soient sujets à quelques variations, ce n'et pas suffisant.
Maintenant que Napalm Death a évolué musicalement, il est temps qu'il réalise que des
vocaux unidimensionnels ne se justifient plus par rapport aux progrès instrumentaux
accomplis.