MASTERS OF BRUTALITY 1
Commentaires inscrits sur les livrets CD +
cassette ; texte de Alain Lavanne (alors journaliste chez Hard Force)
NB : j'ai remis les groupes dans l'ordre alphabétique
ATHEIST (USA)
Encore une fois originaire de Floride, ce groupe
formé en 1985 est tout à fait singulier dans le domaine du death metal. La
complexité technique et le sens inné de la mélodie du death metal d’Atheist
permettent d’opposer un cinglant démenti à ceux qui affirment que le style fait
preuve de simplisme et de conformisme. "Piece Of Time", leur premier
album sorti en 1988, a révélé un death metal complexe et puissant, agrémenté de
textes originaux et étranges. Atheist a renouvelé son exploit et a même été
encore plus loin avec le passionnant "Unquestionable Presence", produit
par l’incontournable Scott Burns.
BENEDICTION (UK)
En 1988, la ville de Birmingham vit la naissance
d’un des touts premiers groupes de death metal anglais : Benediction. Leurs deux
démos et de nombreux concerts (dont certains en compagnie de Napalm Death et de
Cerebral Fix) leur permirent de trouver un deal et d’enregistrer un premier
album en septembre 1989. Sorti en avril 1990, "Subconcious Terror" permit
au groupe de se faire apprécier par un large public européen. La même année vit
la migration du vocaliste ‘Barney’ Greenway chez Napalm Death. Il fut remplacé
par le très performant Dave Ingram. On attend toujours la sortie d’un second LP.
CANNIBAL CORPSE
(USA)
Si rien ne peut vous ôter l’appétit, ni la
nourriture anglaise ni un capillaire non identifié émergeant de votre soupe, je
vous recommande de toute urgence Cannibal Corpse : régime amaigrissant garanti !
Né dans l’état de New York, ce quintette a délibérément choisi une imagerie et
des textes qui portent le concept de gore-metal à son paroxysme. A tel point que
la pochette de leur dernier album a été censurée dans certains pays européens.
Musicalement, leurs deux productions sorties à ce jour, "Eaten Back To Life"
et "Butchered At Birth", sont des modèles de death basique et
ultra-brutal, dont l’efficacité redoutable est mise en exergue par le sorcier du
son, j’ai nommé le stakhanoviste Scott Burns. Vous reprendrez bien un peu de
tripes ?
CARCASS (UK)
Formé par le guitariste Bill Steer, qui participa
aux mémorables débuts de Napalm Death, Carcass est sans conteste l’un des
groupes les plus choquants que cette planète ait jamais porté : paroles tout
droit sorties de manuels médicaux, pochettes faisant étalage de chairs en
putréfaction… Heureusement, la musique de Carcass est aussi performante que
l’ambiance générale est morbide. Les deux premiers méfaits, "Reek Of
Putrefaction" et "Symphonies Of Sickness", étaient deux coulées
brûlantes et dévastatrices de grind / death metal. Sorti fin 1991, "Necroticism
– Descanting The Insalubrious" propose une musique plus construite, plus
technique, voire plus mélodique, mais qui a su rester sauvage. L’autopsie peut
donc se poursuivre.
DEATH (USA)
Formé par le guitariste-chanteur Chuck Schuldiner,
ce groupe originaire de Floride fait figure de précurseur. Son premier album,
"Scream Bloody Gore", sorti en 1987, mettait d’emblée les choses au point :
vocaux écorchés et très graves, guitares-laminoirs, rythmique pesante,
inspiration digne des meilleurs série B de gore. Le deuxième album, "Leprosy",
est considéré par beaucoup comme le premier chef d’œuvre du death metal ; il est
certain que toute la génération des groupes de death a grandi au son des accords
brutaux de "Leprosy" et s’est inspiré de l’ambiance glauque qui régnait
sur cet album dantesque. "Spiritual Healing" affirma définitivement le
groupe sur la scène internationale, tout en faisant montre d’une progression
vers des horizons plus mélodiques et plus subtils. Après de douteuses rumeurs de
séparation, c’est un Chuck Schuldiner toujours vaillant qui proposa en 1991 un
quatrième album, "Human", qui poursuit dans la voie tracée par son
prédécesseur. En dépit d’incessants changements de line-up, Death est
incontestablement un des maîtres du genre.
DISMEMBER (Suède)
L’histoire de ce combo suédois est on ne peut plus
compliquée : Crée en 1988, Dismember a enregistré deux démos avant que son
leader ne saborde le groupe pour rejoindre les rangs de Carnage. Grâce à sa démo
"Infestation Of Evil", Carnage put sortir un album, "Dark
Recollections", enregistré au Sunlight studio de Stockolm et contenant à la
fois des compositions de Carnage et de Dismember. Après la défection du
guitariste Michael Amott parti chez Carcass, le groupe se rebaptisa Dismember.
Après de multiples changements de personnel, Dismember participa à la
compilation "Death is just the Beginning" et sortit en mai 1991 son
premier album intitulé "Like An Ever Flowing Stream".
ENTOMBED (Suède)
Né dans la banlieue de Stockolm des cendres de
Nihilist, Entombed et son premier LP, "Left Hand Path", furent
incontestablement parmi les meilleures surprises de l’année 1990. Reprenant à
son compte les structures et la brutalité inhérentes au classicisme death metal,
Entombed y intègre de façon intelligente et personnelle une lourdeur et un
esprit mélodique originaux, au même titre que le son incroyablement saturé des
guitares. Après un changement de chanteur et un maxi, "Crawl", le
quintette a confirmé tous les espoirs placés en lui avec son second album,
"Clandestine", sorti fin 1991. Entombed est assurément le groupe qui monte.
GRAVE (Suède)
Ce quatuor suédois est un cas réellement
pathologique ! Rarement death metal aura été plus extrémiste, plus massif et
plus agressif. Avec à son actif trois démos, un 45 tours, une participation
remarquée à la compilation "In The Eyes Of Death" et surtout un premier
album, le monstrueux "Into The Grave", Grave est déjà sur la bonne voie
pour concurrencer Obituary et Cannibal Corpse sur le terrain à haut risque de l’ultra-brutalité.
Au-delà de Grave, il n’y a plus rien, sinon le chaos.
LOUDBLAST
(France)
Incontestablement, le quatuor de Lille est le
numéro 1 du death metal en France. Le split LP "Licensed To Thrash" (en
compagnie d’Aggressor) les a révélé. Ils ont exploité leur notoriété naissante
en tournant abondamment avec des groupes internationaux (Napalm Death, Holy
Moses, Sodom…) et en sortant un premier album de bonne facture, "Sensorial
Treatment". Mais ce fut leur second album, "Disincarnate", produit
par Scott Burns au Morrisound studio) qui les fit exploser en France et qui leur
permis de se faire un nom à l’étranger. Désirant s’éloigner des clichés du
genre, Loudblast pratique un death metal lourd et propose des textes
intéressants.
MASSACRE (USA)
Voilà un groupe qui a bien failli ne jamais sortir
de son anonymat floridien. Formé au beau milieu des années 80, Massacre vit
trois de ses membres fondateurs – Rick Rozz (guitare), Terry Butler (basse) et
Bill Andrews (batterie) – rejoindre Chuck Schuldiner au sein du légendaire Death.
De cette collaboration naquit le non moins fameux "Leprosy". Après quoi,
Rick retourna ressusciter Massacre tandis que ses deux amis restaient dans Death
pour enregistrer "Spiritual Healing". Le trio initial se réunit
finalement en 1991 et s’adjoint les services du chanteur Kam Lee. Le fruit tant
attendu de cette collaboration se nomme "From Beyond" et s’avère tout à
fait excellent. Comme quoi il y a tout de même une justice en ce bas monde.
MASTER (USA)
Master est l’un des précurseurs du death metal.
Formé en 1983, dissout puis reformé quelques mois plus tard, Master enregistra
une démo six titres qui fit grand bruit. Après quoi, le groupe splitta à
nouveau. Devant la demande incessante des fans, Master se reforma en 1989 et
réenregistra puis remixa ses vieux classiques qui sortirent dans un album
intitulé "Master". Après plusieurs péripéties et une tournée mémorable en
compagnie de Pungent Stench et Abomination, le groupe mit à profit le printemps
1991 pour enregistrer son second LP au Morrisound studio de Tampa. Intitulé
"On The 7th Day, God Created Master", cet album est sorti en janvier 1992.
MORBID ANGEL
(USA)
Le quatuor diabolique de Morbid Angel est
assurément l’un des groupes de death metal les plus vénérés à l’heure actuelle,
tant pas les musiciens que par les fans. Dés le milieu des années 80, le groupe
d’inspiration satanique et ésotérique inonde l’underground de démos posant les
bases d’un death metal très violent, très rapide, mais surtout très musical.
Après un premier album avorté ("Abominations Of Desolation"), Morbid
Angel sortit le cultissime "Altars Of Madness" (un classique du genre),
bientôt suivi de "Blessed Are The Sick", d’inspiration plus heavy. En
attendant leur troisième véritable album, "Abominations Of Desolation"
est enfin édité !
MORGOTH
(Allemagne)
Outre-Rhin, Morgoth est assurément l’un des groupes
de death metal les plus prometteurs : à la fois brutale et terriblement heavy,
leur musique n’en reste pas moins intelligente et bien construite. Le groupe
s’est fait connaître en sortant successivement deux mini-lps, "Ressurrection
Absurd" et "The Eternal Fall". Produit par Randy Burns (Kreator,
Croner), leur véritable premier album, "Cursed", leur a permis de se
faire une réputation redoutable en Europe et aux Etats-Unis.
NAPALM DEATH (UK)
Révélés comme les rois du grindcore, ces fossoyeurs
sonores originaires de Birmingham ont défrayé la chronique avec leurs deux
premiers albums, "Scum" et "From Enslavement To Obliteration",
monuments érigés à la vitesse et à la violence. Le troisième album du groupe,
"Harmony Corruption", était un crossover savoureux entre le grindcore
initial et un death metal sans concession. A force de tournées incessantes et de
concerts virulents, en dépit de la valse continue des musiciens, Napalm Death
est désormais une valeur sûre en Europe, aux Etats Unis et même au Japon ! 1992
verra la parution d'une compilation d'inédits, "Death By Manipulation", et la
sortie du quatrième album.
NO RETURN
(France)
La relève du death metal vient peut être de
France : surprenant, non ? En tout cas, No Return a une conception bien
particulière du genre : de la brutalité certes mais il ne faut pas en oublier la
mélodie et la maîtrise technique. Formé dans la région parisienne en 1984, le
groupe ne se baptisa No Return qu’en 1989. Leur tout premier opus, "Psychological
Torment", sorti en 1990, a été produit par Marky Marquis de Coroner et a
rencontré un succès de bon augure, surtout en France et en Allemagne. Le second,
"Contamination Rises" a été enregistré sous la houlette de Tom Morris au
Morrisound studio de Tampa, Floride, et est sorti début 1992. Une production
géante au service d’un death metal surpuissant et intelligent qui se démarque de
l’ensemble de la production.
OBITUARY (USA)
Décidément la Floride est un vrai vivier de fous
furieux. Obituary est un des groupes de death metal les plus extrémistes :
vocaux inarticulés et gutturaux (pas de paroles, juste des vocalises !), guitare
formant un mur sonore et rythmique de plomb. Sans compter une imagerie gore très
poussée. Deux albums à leur actif : "Slowly We Rot" et "Cause Of Death".
Leurs performances scéniques particulièrement remuantes et leurs exactions
vinyliques leur ont valu une vaste reconnaissance mondiale. La chanson sur cette
compile est un rough mix tiré du prochain album, "The End Complete".
PESTILENCE
(Pays-Bas)
Les Pays Bas sont un pays d’apparence très calme.
Trop calme au goût de Pestilence qui fit connaître haut et fort ses velléités
métalliques en 1988, avec l’album "Malleus Maleficarum". Mais la
reconnaissance ne vint qu’en 1989 avec la sortie du remarquable "Consuming
Impulse". Gorgé de death metal bien saignant et gore à souhait, cet album se
démarquait de la concurrence par son sens de la mélodie. Après quelques galères
de personnel, Pestilence nous revint meilleur que jamais, soudé autour du
guitariste-chanteur Patrick Mameli. Leur dernière œuvre, "Testimony Of The
Ancients", fournit la preuve que le detah metal peut évoluer intelligemment
en incluant quelques éléments de jazz et de classique.
PUNGENT STENCH (Autriche)
Mais oui, l’Autriche aussi est un vivier de groupes
pratiquant notre genre musical préféré. Au départ, en 1988, Pungent Stench
n’était qu’un projet. Le trio enregistra deux démos l’année de sa formation et
tourna de façon intensive en Europe, notamment en compagnie d’Extreme Noise
Terror, The Accüsed et Prong. En 1989, le groupe sortit un split LP avec
Disharmonic Orchestra, ainsi qu’un maxi, "Extreme Deformity". En avril
1990 sortit enfin le premier album, "For God Your Soul… For Me Your Flesh",
suivi de près par un split single avec Benediction. La fin de l’année 1990 les
vit tourner en compagnie de Master et Abomination.
UNLEASHED (Suède)
Né de la scission du groupe culte Nihilist (l’autre
moitié du gang ayant formé Entombed), Unleashed s’est retrouvé catapulté sur le
devant de la scène death metal européenne avec son superbe premier album, "Where
No Life Dwells". Sans négliger les accélérations brutales et les vocaux
d’outre-tombe, le groupe suédois n’en privilégie pas moins les passages très
lourds et des mélodies étranges, qui nous font penser à du Black Sabbath
radioactif.
VADER (Pologne)
La contagion death metal gagne le monde entier à
vitesse grand V et il semble qu’aucun pays ne soit épargné. Ainsi, de Pologne
nous arrive Vader. Encore peu connu, ce combo ne devrait pas rester longtemps
dans l’anonymat, notamment grâce à cette compilation. En dépit de l’absence
endémique de structures réelles et professionnelles pour le rock, les musiciens
de Vader font preuve d’une opiniâtreté qui devrait servir d’exemple dans nos
contrées. Avec un matériel qu’ils ont bricolé eux-mêmes, ils ont conçu un
répertoire 100 % death metal, professionnel et crédible. Qui a dit que la menace
ne venait plus de l’est ?