Shane Embury fait le guide
du CD n° 2 de
« NOISE FOR MUSIC’S SAKE »
"Rise Above" / "Missing Link" / "Mentally
Murdered"/ "Walls Of Confinement" / "Cause And Effect" / "No Mental Effort"
On a enregistré le mini album "Mentally Murdered" dans un studio qui
s’appelait le Slaughterhouse. C’est là qu’on a rencontré Colin Richardson pour
la première fois. C’était un endroit étrange du nom de Didford ou quelque chose
comme ça. On est allé là-bas car j’étais un gros fan des Cardiacs et leur second
album "On Land And In The Sea" avait été enregistré là-bas. On y est resté six
jours, on a rencontré Colin par hasard, c’est lui qui était ingénieur du son sur
les albums de Discharge et on les trouvait d’enfer. D’ailleurs, il a fait un
boulot d’enfer pour nous. Il a enregistré six pistes de guitare, ce qui est
assez inhabituel. Généralement, on en fait deux ou quatre, alors six pistes,
c’était dingue. C’était une occasion historique car, par la suite, Colin allait
enregistrer des albums de Carcass et d’autres albums de Napalm.
A cette époque, nous commencions à nous tourner un peu plus vers le death metal.
Il y a quelques solos et c’était quelque chose de nouveau pour nous. C’est
définitivement un des trucs les plus heavy qu’on ait jamais fait. De même, on
était accordé quatre tons en dessous. Je me souviens que Micky se plaignait car
il ne pouvait pas utiliser sa double pédale à cause de ça et il se foutait en
rogne, comme d’habitude. Le studio était attenant à un bar et je me
souviens qu’on était scotchés là-bas la plupart du temps avec Lee.
"Pride Assassin"
On a enregistré ça avec un mec qui s’appelait Danny Sprigg dans un petit studio
de Birmingham, les DEP studios qui appartiennent à UB40. C’était vraiment un
tout petit studio avec juste un 16 pistes et finalement c’est un des meilleurs
sons de guitare qu’on ait jamais eu. Ca a vraiment été très rapide. On ne savait
même pas si ça allait fonctionner ou pas, on y est juste allé et on a bourriné.
Ca te montre ce que tu peux réussir tout seul car avec le temps, tu vends de
plus en plus d’albums et ton label t’encourage à utiliser des producteurs
renommés, alors qu’on ne connaissait ce mec que depuis une dizaine d’heures.
Après toutes ces années, je suis plus enclin à faire les choses de cette
manière. C’est le premier enregistrement avec cinq membres. C’était juste après
"Harmony Corruption" et comme on avait reçu beaucoup de critiques à cause
de la production de cet album, c’est plus en phase avec les sons des premiers
Napalm mixé au style d’écriture de "Harmony…"
"Avalanche Master Song" (live)
Ca vient d’une anecdote dingue entre moi et Micky et, pour être honnête, ça a un
peu fait chier Jesse et Mitch ! On se disait : « Ca te brancherait de faire une
reprise de Godflesh ? » et Justin était venu nous voir lors de notre concert à
l’ICA alors on l’a fait. Ca a duré longtemps et je pense que le public
paniquait. C’est vraiment un domaine musical dans lequel je voulais me plonger
afin de l’explorer. Ca valait le coup rien que pour les tronches que tiraient
les gens dans le public. J’arrive toujours avec des trucs étranges et le reste
du groupe a tendance à me regarder comme si j’étais fou. Mais là, ça avait
fonctionné. A l’époque, je craquais vraiment pour Godflesh. A leurs débuts, leur
optique était plutôt grind. En fait, ils nous ont inspirés pour la chanson "Contemptuous"
sur l’album "Utopia Banished".
"One And The Same" / "Sick And Tired" /
"Malignant Trait" / "Killing With Kindness" /
"Means To An End" / "Insanity Excursion"
C’était une période étrange où le manager et le
label nous demandaient toujours des bonus. Putain, "Utopia Banished" contient déjà 15 chansons ! Par chance, à
ce moment-là, nous avions tellement de matériel dans cette veine death / grind
démentielle que nous y sommes allés direct et on a enregistré six ou sept
chansons de plus. J’ai du mal à me souvenir de ces morceaux tellement ça a été
vite torché. Les chansons ne sont pas mauvaises et plutôt rares car elles sont
sortit sur un CD 3 pouces en édition limitée avec "Utopia…" et je ne pense pas
qu’il y en ait beaucoup en circulation. "A Means To An End" et "Insanity
Excursion" sont sortit avec la nouvelle version de "The World Keeps Turning".
Là aussi, on s’est dit que dans la mesure où on sortait un single, on pourrait
carrément la réenregistrer. C’est ce que j’aimais dans les singles de Venom, il
y avait des inédits mais aussi des chansons issues des albums qu’ils avaient
réenregistré. Si vous écoutez la seconde version, vous entendrez une intro
bizarre avec un étrange son de sirène. J’étais vraiment fan de Skinny Puppy à
cette époque et, pour je ne sais quelle raison, je m’étais mis dans la tête que
nous devrions mettre une sirène quelque part, alors ils m’ont mis au micro ! En
fait, c’est moi qui fais cet étrange son de klaxon. Il se peut que ça en
traumatise plus d’un s’ils la réécoutent car ce n’est que moi qui fait le crétin
et sort ce putain de bruit bizarre.
"Truth Drug" / "Living In Denial"
Ces morceaux ne figuraient que sur l’édition
limitée de "Fear, Emptiness,
Despair". A l’époque, on pensait qu’ils n’étaient pas assez bons pour être sur
l’album mais on a toujours enregistré des bonus au cas où. Tout ce qu’on a
composé est sorti sous un format ou sous un autre mais il y a des morceaux
vraiment rares. Plein de gens sont devenus fans de Napalm récemment alors ce
genre de trucs devrait leur apporter un éclairage différent.
"Food Chains" / "Upwards And Uninterested" (demo) /
"I Abstain" (demo)
Ceci a vu le jour car nous avions rencontrés Coalesce aux Etats Unis et c’était
des mecs très sympas. Nous avions parlé à Mitch Dickinson qui bossait pour
Earache à cette époque sur la possibilité de faire un split single. Coalesce
était vraiment partant. En fait, "Food Chains" est un morceau issu des
sessions de "Diatribes", il nous restait quatre ou cinq chansons de côté.
On a également mis sur ce single la version démo de "Upwards And Uninterested" qui
provient des sessions de "Nazi Punks". C’est une version complètement
différente de celle qui figure sur "Utopia…" et les guitares sont bien plus heavy. Même chose pour la démo de
"I Abstain". On a enregistré "Nazi Punks Fuck Off" pour l’album hommage aux Dead Kennedys et on a pensé que ce serait
bien d’en profiter pour enregistrer quelques morceaux de plus.
"Politics Of Common Sense"
On avait fait une tournée avec At The Gates, d’abord en Europe puis aux States
et on a sorti un CD spécial avec quelques morceaux de chaque groupe. Ce titre
est issu des sessions de "Diatribes". Apparemment, il n’y avait qu’un
millier de copies en circulation alors si vous ne nous avez pas vus sur cette
tournée, vous avez raté votre chance ! "Politics Of Common Sense" est un morceau de
Jesse qui commence avec un riff grind sur un mid tempo et se transforme vite en
un truc dingue dans le style de Discharge. C’est Jesse au meilleur de sa forme,
c’est assez sauvage. Il y a toujours des gens aux States qui nous demande de la
jouer mais pour être honnête, ils n’ont aucune chance que ça arrive.
"Internal Animosity"
Ceci vient d’une compilation intitulée "Internal Animosity" et c’était la
première sortie d’un label dirigé par un mec qui s’appelait Kevin Martin et qui
faisait partie de God et de Techno Animal. On y trouvait aussi Coil et Terminal
Cheesecake. C’est une compile assez étrange. En ce temps là, Napalm était plus
perçu comme un groupe de noise indépendant que comme un groupe de hardcore death
metal car nous recevions beaucoup d’attention de la part du magazine New Musical
Express et ce genre de médias. Ce morceau ne comporte que moi, Micky et Lee.
Bill ne voulait pas jouer de guitare car il n’a jamais trop aimé les Swans et
c’était très influencé par ça. Du coup, je me suis dit « allez, tant pis, j’y
vais » et c’est moi qui joue de la guitare. C’était l’occasion d’essayer de
coller mes doigts au bon endroit et de voir ce que ça donnerait. Visiblement, ça
a ajouté une nouvelle dimension ! Swans a toujours été un groupe très bizarre.
J’adore l’album "Cop", les paroles sont démentes.
"Scum" / "Life ?" / "Retreat To Nowhere"
Le label Manic Ears avait édité un split LP
intitulé "Earslaughter" avec Extreme Noise Terror et Chaos UK. Ils voulaient sortir une compilation avec
environ 25 groupes, dont certains étaient américains, et ils nous ont demandé
d’enregistrer quelques chansons. C’est un album qui est désormais très dur à
trouver. C’est la seule version avec Lee aux vocaux, puisque la version
originale était évidemment avec Nik Bullen, donc quelque part c’est un peu un
inédit. C’est toujours sympa de faire des split LP et de participer à des
compilations parce que c’est plus amusant qu’autre chose. Les albums, c’est
sympa mais c’est plus ordinaire.
"Deceiver" (with Swanky’s intro)
Cette version est étrange car il y a Mitch Dickinson à la guitare. Avant que je
ne rejoigne Napalm, nous étions tous les deux dans Unseen Terror. Bref, nous
avions deux concerts prévus en Belgique mais Bill avait des examens scolaires et
il s’est fait remplacer par Mitch. Il y a peu de gens qui connaissaient ce
détail. A part ça, on a fait plein de versions différentes de "Deceiver". La
plus connue contient l’intro d’une chanson de Repulsion qui s’appelle "The
Stench Of Burning Death" mais on l’a aussi joué avec une intro de Siege, une de
Massacre et lors de ce concert, on a utilisé une intro d’un groupe japonais
nommé The Swankys. Ils ressemblaient à Chaos UK – si ça vous dit quelque chose –
mais avec le pire son de guitare que je n’ai jamais entendu ! On n’arrivait même
pas à entendre leurs riffs, il fallait les deviner à partir des lignes de basse.
J’ai trouvé que cet enregistrement était drôle. On ne peut pas dire que le son
soit terrible mais ça me fait pouffer de rire. Il est possible que le concert
entier soit édité en CD un de ces quatre car Phil de Extreme Noise Terror était
sur un des côtés de la scène, complètement bourré au cidre, et il lâchait des
blagues entre tous les morceaux.
"Remain Nameless" / "Twist The Knife (slowly)"
Le mixage de "Fear, Emptiness, Despair" qu’on
a retenu était le second. La maison de disque a jugé que le mixage initial était
inapproprié et nous n’étions pas vraiment aux anges non plus. Ca ne s’est pas
passé comme nous l’espérions et ce premier mixage avait des petits samplers
étranges que nous avions traficoté. On avait un Octopad et on s’est mis à
extraire plein de sons étranges à la Skinny Puppy et à en coller partout. Ces
versions sont très différentes de celles de l’album et elles intéresseront tous
les collectionneurs de Napalm Death.
"The Traitor"
Ca vient d’un concert que Napalm Death a fait
avec un groupe de Stourbridge qui s’appelait Sacrilege. En fait, cette chanson a
été découpée en plusieurs parties qui ont été utilisées pour la face B de "Scum",
notamment le riff lent de "Success ?". C’est le line up de la face A
de "Scum"
sauf que Jim Whiteley joue de la basse. Il y a beaucoup de double pédale sur
cette chanson alors que c’est un aspect qu’on ne retrouve pas du tout sur "Scum".
Je trouve que c’est plus en phase avec la face A de cet album. La face B était
tellement mortelle qu’elle a perdu beaucoup de cette touche ‘Celtic Frostienne’
qui caractérise la première face. Cette chanson perpétue la tradition car elle
possède les riffs typiques de Justin mélangés aux cris aigus dans le style de
Tom G. Warrior. La qualité n’est pas stupéfiante, loin s’en faut, mais on arrive
à deviner ce qui se passe. En fait, c’est moi qui ait enregistré cette chanson :
j’étais assis au fond du pub The Mermaid avec un vieux magnétophone tendu en
l’air. C’est intéressant car on sent bien le feeling de la face A de "Scum". Micky voulait jouer tellement vite qu’il a écrit les morceaux de la deuxième
face avec Bill et ils n’ont pas du tout le même feeling. Ce qui m’attirait à
l’époque dans Napalm, c’était ce mélange hybride de hardcore dément et de metal
à la Celtic Frost. Ca aurait été intéressant de voir ce qu’aurait pu donner la
face B de "Scum" si Justin était resté dans le groupe.
"Abattoir"
Quand j’ai vu Napalm Death pour la première
fois en concert, cette chanson était leur hymne le plus connu. Tous les punks
voulaient l’entendre. Avant que Micky n’intègre le groupe, la direction musicale
était beaucoup plus dans un style anarcho-punk à la Disorder. Et quand ils ont
commencé à sacrément accélérer, c’était le seul témoignage qui subsistait de
cette période. Nik est aux vocaux. C’est une bonne petite rafale du passé. Ca
vient d’une cassette enregistrée que je me suis procuré il y a très longtemps.
Si je ne me trompe pas, c’était la première fois que je voyais le groupe live.
Un événement historique en quelque sorte !