Voici la traduction du livret
intérieur de
"PUNISHMENT IN CAPITALS" :
Les commentaires ci-dessous sont l'oeuvre
de Malcolm Dome, journaliste anglais
Il travaille pour les magazines Total Rock
et Metal Hammer...
Introduction :
Voici assurément l’un des groupes
les plus importants que l’Angleterre ait balancé à la face d’un monde qui ne s’y
attendait pas. Il s'agit de Napalm Death, un quintet unique qui se tient à l’écart des
masses car il refuse de compromettre ses principes et de diluer ses instincts
musicaux, par nature féroces. Et le résultat de tout ceci, c’est une performance
live qui capture ce que Napalm Death a toujours été – et sera toujours.
« Nous sommes comme des poissons dans l’eau lorsque nous jouons en live » - Shane Embury, bassiste.
« Le rapport qu’on entretient avec le public nous met vraiment le feu. Plus on a
de retour, mieux c’est » - Barney Greenway, frontman.
Commentaires :
Ce concert a été enregistré à un
seul endroit : l’ULU à Londres. Il n’y a pas d’arnaque dans ce CD / DVD, pas de
traficotage ni quoi que ce soit. Le montage reproduit fidèlement ce que les fans
ont vu et entendu cette nuit-là. Le groupe n’avait pas droit à l’erreur car, à
la différence de tant d’autres qui enregistrent deux ou trois concerts, ils
n’ont fait qu’une seule prise. Et le résultat affiche toute l’énergie,
l’intensité, le cœur et l’âme qui ont rendu Napalm Death si célèbre et
massivement important chez tous les amateurs de musique agressive, pertinente et
parfaitement huilée.
On a parfois tendance à réduire Napalm Death à du bruit. On leur a donné le
surnom de géniteurs du Grindcore mais ils ont toujours représenté beaucoup plus
de choses que les étiquettes commodes que des médias fainéants leur apposaient.
Des éléments punks, metal et hardcore rivalisent en permanence dans cette
mixture de sons qui font de ce groupe une force si vitale.
Par ailleurs, ils se sentent
concernés par des problèmes sociaux et politiques significatifs. Ils
n’abandonneront jamais leur soutien à certaines causes par opportunisme
commercial. C’est pour cette raison que le gig à l’ULU était un concert de
charité en faveur du S.H.A.C., une campagne de sensibilisation pour stopper la
cruauté animale à Huntingdon, un laboratoire de recherches biologiques anglais.
Pour ceux qui ne sont pas au courant, cet infâme labo a mené certains des tests
les plus controversés dans le but de créer des produits ménagers insignifiants
et rendre leur utilisation domestique moins dangereuse – malgré des preuves
avérées selon lesquelles ces tests n’avaient plus de raison d’être. Cet endroit
est une insulte à la décence et aurait du être fermé il y a déjà longtemps.
« Je suis si content que nous ayons la chance de récolter une bonne somme
d’argent pour cette organisation car cette cause me tient très à cœur » souligne Barney.
Mais bien évidemment, même si cette cause valait le coup qu’on la soutienne,
c’est la performance qu’ils ont accompli qui rend cette soirée mémorable. Nous
savons depuis longtemps que la combinaison Mitch Harris / Jesse Pintado est un
des plus formidables de la planète mais, ce soir-là en particulier, ils ont
surpassé leur considérable réputation – leur jeu empli d’agression pure et de
feu sacré en était renversant.
Il y a peu de guitaristes qui pourraient se targuer d’égaler ce que eux ont
réussi à construire avec autant de dévouement et, en plus, chacune de leurs
notes sonne avec une spontanéité violente. Vraiment exceptionnel. Shane Embury
semble avoir toujours été dans Napalm Death, ce qui n’est pas très loin de la
vérité. Il possède un style musical bourru et qui ne s’embarrasse pas de
détails. Il irradie de sombres horizons et remplit sa mission qui consiste à
imposer un grondement. Fonçant tel un éclair dans le brouillard, Embury a
verrouillé le son cette nuit-là, l’ancrant si profondément dans le sol que la
zone entière a résonné de vibrations désagréables. Le batteur, Danny Herrera,
balançait des sonorités à la fois réactives et interactives. Hyper rapide si
nécessaire, sa coordination était suffisamment souple et forte pour maintenir
cette marque de fabrique, ces impulsions exemptes de toute défaillance et pour
lesquelles on peut faire confiance à Napalm.
Le frontman, Barney Greenway, est unique. Tel un gamin hyperactif et
infatigable, il arpentait la scène, se tenant rarement au même endroit. Montrant
furtivement les tatouages qu’il a sur les jambes et qui sont facilement
reconnaissables (l’un est l’emblème du club de football Aston Villa et l’autre
est celtique), Greenway hurlait les paroles plus qu’il ne les prononçait et ça
contrastait avec la bonhomie et l’affabilité qu’il dispense en backstage. Ca, ce
sont les éléments. Mais, comme avec tous les grands groupes, le résultat est
supérieur à la simple somme des éléments. Napalm Death est un groupe – cinq
individus qui perdent la notion d’individualisme au profit d’une cause commune
lorsqu’ils sont ensemble sur scène.
« Quand on joue en live, il y a
quelque chose qui se produit et qui nous met vraiment le feu »
dit Barney. « Et
des concerts comme ceux à l’ULU sont parfaits. Il n’y a pas de barrière entre
nous et la foule. On adore cette situation car les fans deviennent une partie
intégrante du show. Il n’y a pas de « nous » et « eux », c’est tout le monde
ensemble ». « Bien entendu, ça nous arrive régulièrement de donner de gros
concerts » explique Embury.
« Et partout où on nous a demandé de jouer, on s’est
toujours donné à 100 %. Mais c’est dans le genre de salles, où le public est
très proche de nous, que nous nous éclatons vraiment. Et à l’ULU, les fans
étaient dingues ».
Néanmoins, le groupe a subi un est sévère à l’ULU : sa résistance à la douleur.
« D’habitude, nous jouons dans les 70 minutes » explique Barney.
« Mais là, nous
avons joué 90 minutes. Ce laps de temps supplémentaire n’a l’air de rien comme
ça mais c’est un vrai test sur notre forme physique. Heureusement, nous sommes
tous plutôt en forme donc on s’en est bien tiré mais ce n’est pas quelque chose
qu’on pourrait se permettre de faire tous les jours ! ». Et si vous pensez que
donner un concert d’une heure et demi est accessible à n’importe quel groupe,
gardez bien à l’esprit que Napalm Death opère à une cadence et une furie si
élevées que c’est l’équivalent d’un set de trois heures, voire plus, pour pas
mal d’autres groupes. Et beaucoup de groupes bien plus jeunes, censés être plus
intenses et plus extrêmes, ont du mal à maintenir leur élan pendant 50 minutes !
« Quel est notre secret ? Je ne pense pas que nous en ayons un » révèle Shane.
« On se stabilise à un rythme donné, on groove un peu et on envoie le bois. Je
suppose que nous sommes tellement imprégnés par ce que nous faisons que plus
rien d’autre ne compte – du moins c’est le cas pour moi. Même le fait d’avoir
des caméras tout autour ne m’a pas dérangé. Je pensais que ça allait poser
problème mais, une fois dedans, je n’y ai même pas fait attention ! ». Bien
entendu, il y a toujours le risque qu'un concert filmé paraisse quelque peu
artificiel et boiteux lorsqu'on le regarde à distance. Quelque part, on se dit
« Il aurait mieux valu y être ». Mais soyez rassurés, ce n'est pas le cas ici.
Pourquoi autant de confiance ? Parce que Napalm Death n’aurait jamais autorisé
la sortie de ce disque s’il n’avait pas répondu à de très hauts standards de
qualité. Et c’est un point que tous les fans apprécieront.
Le show à l’ULU a donné lieu à d’autres événements importants qu’il est bon de
mentionner. Le premier est un non-événement comme l’explique Barney :
« On se
fait régulièrement insulter en concert. Rien de bien grave mais c’est
suffisamment chiant pour qu’on le remarque. C’est le risque lorsqu’on se jette
dans tous les sens sur scène. On y va à fond et on prend le risque de récolter
de se faire jeter. Mais cette nuit-là, ça s’est bien passé. Aucun d’entre nous
n’a eu à se plaindre, ce qui est très rare ». Le second est l’absence de
cheveux, ou plus exactement l’absence des cheveux de Barney !
« Ouais, c’est le premier concert
que je fais depuis que je me suis coupé les cheveux »
dit-il en gesticulant. « Mais pour moi, ça ne fait
aucune différence ». « Il m’a fallu un petit moment pour m’y faire »
admet Shane. « On est tellement habitués à le voir headbanger
en agitant ses cheveux dans tous les sens mais il a pris cette décision et c’est
honnête de sa part. Vais-je faire la même chose ? Pas tout de suite ».
Dans les années à venir, ce CD/DVD constituera indubitablement un excellent
témoignage de la puissance, de la passion et de la furie de Napalm Death. Si
vous avez assisté au concert de cette nuit-là alors c’est l’occasion de revivre
ce moment et de headbanger à nouveau sur "Lucid Fairytale", "Next On
The List", "Suffer The Children" ou de former un moshpit pour
"Can’t Play, Won’t Pay", "From Enslavement To Obliteration" et "Narcoleptic".
Si vous n’avez pas assisté à cet événement londonien alors vous avez enfin la
chance de rattraper votre retard. Je ne penses pas que vous serez déçus par ce
que vous verrez / entendrez. Napalm Death est devenu aux yeux de beaucoup de
gens une sorte d’institution. Mais alors que pour plein d’autres groupes qui
reçoivent un tel honneur, c’est un signe de stagnation et de relâchement, cette
bande de mecs trouverait ces clameurs insultantes et déplacées. Sur disque, cela
fait longtemps que Napalm Death fixe les standards que d’autres tentent
vainement d’émuler mais c’est sur scène qu’ils ont le dernier mot. Ceci est leur
sang, et la performance que vous êtes sur le point d’entendre / de visionner
souligne parfaitement la signification de l’expression « jouer sur scène » pour
eux et pour leurs fans.
« Comment résumerais-je ceci ? C’est Napalm Death ! » conclut Shane.
Pourvu que ça dure...