MON DEUXIEME CONCERT DE NAPALM DEATH

Date :  Samedi 14 Mai 1994

Lieu : Limoges (Site de Saint Pardoux)

Tournée : en promotion de "Fear, Emptiness, Despair"

Ma deuxième rencontre avec Napalm s'est faite dans le cadre du festival Megafolies. A cette époque, j'étais objecteur de conscience en Savoie (I abstain !) et j'étais loin de toute civilisation. Ceci est   d'ailleurs mon unique concert en un an et demi. J'aurai voulu en faire davantage mais mon boss ne m'accordait jamais les permissions au bon moment (c'est comme ça que j'ai raté Carcass). J'ai énormément insisté auprès de ce bâtard pour qu'il me laisse partir quelques jours car je ne concevais pas de rater Napalm. Il a finalement cédé et j'ai pu y aller !

J'ai fait un crochet par Montpellier pour voir mon pote Gastou et je me suis ensuite rendu à Toulouse pour rendre visite à d'autres copains et me préparer à rejoindre Limoges. En effet, le voyage en car était organisé par un disquaire toulousain du nom de Phonodisc. Nous partions très tôt le samedi matin. Je me suis pointé là-bas et j'ai rencontré des connaissances de Carcassonne, mon bled d'origine, ce qui fait que je n'ai pas eu le temps de m'emmerder pendant le trajet. En plus, quiconque a déjà fait un voyage organisé pour un concert de Hard sait que l'ambiance y est très festive : on boit, on déconne, on écoute de la zique. Bref, c'est le pied !

Nous sommes arrivés sur le site un peu avant midi. Beaucoup de monde s'amoncelait à l'entrée des portes et nous avons du attendre un petit moment avant de recevoir nos tickets. Puis nous sommes rentrés dans l'enceinte du festival et nous nous sommes dirigés vers la scène. L'endroit choisi par les organisateurs était magnifique, c'était une grande clairière au milieu des bois et à côté d'un lac. De nombreux stands étaient ouverts : on trouvait des distros, du merchandising et je crois même qu'il y avait un stand de piercing et de tatouage. Il y avait aussi un unique stand de restauration mais je n'y ai pas mis les pieds car il fallait faire la queue pendant presqu'une heure. Tant pis, pas de bouffe !

J'ai traîné du côté de la scène pour voir ce que donnait Hoax. Ils m'ont laissé une bonne impression, sans plus. Puis ce fut au tour de Loudblast qui a asséné un set splendide, encouragé par un public fervent qui avait été entousiasmé par leur récent EP, "Cross The Threshold". Une très bonne prestation qui prouvait qu'un groupe français pouvait rallier de nombreux fans à sa cause.

Ca a été ensuite le tour des Spudmonsters et ils m'ont vraiment mis une grosse claque !! Je suis assez sensible au fait que les musiciens bougent sur scène et les hardcoreux de Cleveland ne sont pas avares de ce côté-là, c'est le moins qu'on puisse dire. Ils sautaient dans tous les sens, le chanteur en tête, et affichaient une cohésion remarquable. J'ai découvert leur musique ce jour-là et  ils m'ont vraiment mis sur le cul. Je me souviens même être allé féliciter le chanteur et lui dire que j'allais acheter leur album, "Stop The Madness" (ce que j'ai fait).

Coroner est ensuite monté sur les planches et je ne pouvais pas rater ça tant ce groupe allemand me plaisait. De plus, des rumeurs persistantes disaient qu'ils allaient splitter incessamment (ce qui s'avéra finalement vrai) et cela donnait une tout autre tournure à leur apparition dans ce festival.   Je les avais déjà vus à Toulouse en 1992 et ils se sont révélés aussi bons qu'avant, si ce n'est plus. Ils ont joué pas mal de titres de "Grin", leur dernier album, ainsi que quelques classiques bienvenus. La forte luminosité de cette après-midi ne convenait pas trop aux ambiances du nouvel album mais je n'en avais rien à foutre, je dévorais des yeux ce combo mythique et exhortait la foule à les acclamer. Ils sont partis trop rapidement et je me résignais à les voir pour la dernière fois de ma vie (en fait, un excellent Best Of sortira l'année d'après et j'aurai la chance de les voir au Bikini en janvier 96 lors de leur tournée d'adieux).

Puis je me suis éloigné de la scène un moment pour me balader sur l'aire du festival. Waltari allait attaquer son set mais je ne connaissais pas leur musique et je voulais me reposer un peu avant que les chose sérieuses ne commencent. J'ai été voir un stand de saut à l'élastique (une grue avait été installée au bord du lac) et c'est là que j'ai rencontré Mitch et jesse de Napalm qui se baladaient. Nous avons discuté un petit moment, pris quelques photos et nous sommes séparés. J'étais content d'avoir pu les voir mais je déplorais le fait que ça se soit passé trop rapidement. Et puis Waltari a plié bagage et Entombed a pris la relève. J'adore ce groupe donc inutile de vous dire que j'étais dans les premiers rangs à chanter et à pogoter ! Ils nous ont bien cartonné la tête et les morceaux de leur nouvel album, "Wolverine Blues", ont passé avec succès l'épreuve du feu. J'ai surtout été impressionné par Nicke, le batteur : il jouait sur une batterie simpliste constituée de 4 toms, ce qui aurait pu être insuffisant pour un groupe de la puissance d'Entombed ; mais il assurait comme une bête, son jeu était super technique et ultra-patator. Succès ! (NB : Shane traînait sur scène avec une caméra vidéo portable et immortalisait ce moment).

Le jour commençait à décliner lorsque Treponem Pal a investi les planches. Je connaissais ce combo français uniquement de réputation et j'ai pu découvrir leur musique ce jour-là. Je ne suis pas gros fan de métal industriel, du moins je ne l'étais pas à cette époque, mais leur prestation était impeccable et elle m'a emballé : une mise en place parfaite, des lights qui s'adaptaient parfaitement aux ambiances de leurs morceaux, des musiciens convaincants... et deux superbes danseuses, fort peu vêtues. Tout cela concourrait à faire des titres de leur dernier album, "Excess & Overdrive", des moments forts. Ils ont quitté la scène sous les ovations du public, les miennes y compris. D'ailleurs, j'ai acheté leur album peu de temps après.

La nuit était noire lorsque Napalm Death est monté sur scène. Il faut vous dire que je ne connaissais pas encore "Fear, Emptiness, Despair" (l'album était sorti à peine 2/3 jours et n'était pas encore disponible chez tous les disquaires). On parlait d'une grosse évolution et je désirais voir ce qu'allaient donner leurs nouvelles compos. J'avoue très sincèrement avoir été désarçonné, comme beaucoup d'autres fans, par leur nouvelle direction : ralentissement général des tempos, paroles narratives... ça faisait un gros décalage par rapport aux vieux titres. Le set s'articulait selon la répartition suivante : 1/3 de nouvelles chansons et 2/3 d'anciennes, et donc permettait d'avoir suffisamment de repères pour pouvoir se défouler correctement. Pourtant, la sauce n'a pas pris et le public (moi y compris) est resté relativement apathique. Je me souviens même que Mitch a pris le micro à un moment donné pour interpeller la foule : "Vous dormez ou quoi ?" et Barney a ajouté "Il a raison". Mais il faut remettre les choses dans leur contexte : outre cette grosse évolution dans le camp de Napalm, la fatigue se faisait sentir dans les rangs du public. Ca faisait dix heures que des groupes défilaient sur scène, nous pataugions dans la boue comme des porcs, affamés, épuisés et peut être un peu trop enfumés.  Bref, mon impression fut mitigée. Pourtant, les mecs de ND ont tout donné et il faut reconnaître que leur prestation était sans faille. D'ailleurs, ils reçurent de très bonnes chroniques dans la presse.

Dire que j'étais resté sagement à regarder Napalm est faux. Je me suis quand même bougé un bon coup et j'étais bien crevé après leur set. Il commençait à pleuvoir et la fosse ressemblait à un champs de bataille, on s'enfonçait dans la boue jusqu'au genoux. Je me foutais un peu de Burning Heads et je suis allé faire un tour vers le bus pour voir si je pouvais monter dedans. Le chauffeur n'était pas là ; j'ai croisé mes connaissances de Carcassonne et nous sommes restés un petit moment autour d'un feu mais il pleuvait dru et je commençais à avoir froid. Je suis retourné voir Burning Heads et je me suis aperçu que plein de monde avait quitté l'aire. Ca sentait la fin... Je me suis vite barré et j'ai ensuite pu rejoindre le bus. Je n'ai donc vu ni Murphy's Law ni G.B.H. Ces groupes ne m'intéressaient pas trop de toute façon et j'avais eu ma dose !

Nous sommes rentrés dans la nuit et au petit matin, j'étais à nouveau à Toulouse. Je suis repassé par Montpellier avant de revenir en Savoie afin de revoir mon pote Gastou et le faire baver un peu. En fait, c'est lui qui m'a fait baver ! Il avait réussi à choper l'album entre temps et le connaissais déjà pas mal (à cette époque, nous étions en 'compétition' pour savoir qui de nous deux avait le mieux cerné les disques de tous les grands groupes en vogue, de Pantera à Cannibal... en passant bien sûr par ND). Je me souviendrais toujours de la première fois où il m'a fait écouter "Fear, Emptiness, Despair". Bien sûr, il m'a fait la surprise et il m'a fallu quelques secondes avant de reconnaître le groupe ! Je pensais même qu'il me faisait écouter une démo, vu le son bizarre que sa chaîne crachait ! J'ai vite enregistré l'album et je suis reparti aussi sec en Savoie par le train.

Bref, cette date est un excellent souvenir (à défaut d'être le meilleur). J'étais content d'assister à un gros événement car je n'avais fait que des concerts de petite taille auparavant. Je regrette néanmoins de ne pas avoir pu parler longuement avec les mecs de Napalm et je me sens coupable de ne pas avoir donné toute mon énergie ce jour-là. J'aurais aimé voir le groupe dans de meilleures conditions : ils passaient au Bikini une semaine après (le jour de l'anniv de Gastou : joyeux anniversaire mon pote ! !). En plus, je n'allais pas les revoir avant longtemps...


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