NAPALM DEATH

Interview de Mitch menée par Chris Ayers courant 1996.

Maintenant que ma sélection des meilleurs disques de 95 est partie sous presse, 96 a déjà enfanté mon album préféré (jusqu'à présent) pour la prochaine fois : Diatribes, le successeur anxieusement attendu de Fear, Emptiness, Despair paru en 1994, enregistré par les seigneurs régnant au royaume du Grindcore, Napalm Death. Précédé par le mini album Greed Killing comprenant deux morceaux de l'album, quatre morceaux inédits, et une version en concert du classique 'Plague Rages'), Diatribes est indéniablement l'apogée de leur longue carrière sur la bien-aimée scène britannique. L'étendue de l'album renferme quelques découvertes diverses pour le groupe : des ralentissements doom metal ('Cold Forgiveness'), des vers proches du rap ('Cursed to Crawl'), des cris de fond à la Brutal Truth ('Placate, Sedate, Eradicate') et un rock tordu inoubliable ('Greed Killing'), sans jamais oublier leur marque de fabrique grind gutturale enveloppée dans une tornade de furie aveugle.


Avec excitation, j'avais réservé mon interview longtemps à l'avance, et donc quand le guitariste Mitch Harris m'appela des bureaux d'Earache à New York, j'étais prêt à discuter de la variété stylistique actuelle du groupe. Comme je le pensais, du fait que certains membres se sont engagés dans des projets parallèles (Mitch dans Meathook Seed ; le bassiste Shane Embury dans Blood From The Soul et dans le nouveau Malformed Earthborn ; le vocaliste Barney Greenway écrivant pour le très estimé Metal Maniacs), il leur est relativement facile de rester concentrés sur du matériel de qualité pour Napalm Death.
"Les projets parallèles nous aident à extraire des idées de nos systèmes ; si nous ne les faisions pas, nous serions toujours collées à Napalm sans savoir quelle direction prendre" élabore Mitch. "En essayant ces idées, nous nous heurtons à des choses différentes. Plus nous expérimentons, plus nous savons ce qui marchera avec Napalm et ce qui ne marchera pas. Il suffit juste de savoir où tracer la ligne - c'est la raison pour laquelle il y a eu deux disques de Napalm d'un coup sans aucun projet ; et donc lorsque nous savons où nous allons dans Napalm, nous savons également quelle voie emprunter avec nos projets parallèles, qui sont assez éloignés de ND à la base. Napalm est basé sur les guitares et les autres trucs deviennent de plus en plus barrés. Cela n'a pas sa place dans Napalm... pour le moment".

Depuis qu'ils ont inventé eux-mêmes le terme Grindcore au milieu des années 80, Napalm Death n'a pas seulement changé la manière dont les groupes appréhendent le genre mais a aussi joué le rôle d'agent régulateur de la scène anglaise. Harris reste humble tout en étant fier.
"Dés que Napalm est devenu plus influencé métal, vers 1988, les gens de la scène hardcore des tout, vraiment tout débuts, ont totalement disparus, et un public complètement nouveau est apparu. Et puis tout ce truc death metal est arrivé partout : Napalm, Carcass, Bolt Thrower, des trucs comme ça. Au bout du compte, tout le monde a été signé et tout le monde était influencé par les mêmes groupes, et le mouvement s'est tué lui-même, mais dans un sens c'est devenu plus fort, avec Pantera, Machine Head, Fear Factory, Sepultura. Voilà ce qu'est devenue la scène, et Napalm a toujours suivi son propre chemin. Nous regardons en direction de l'an 2000 et nous amenons de nouveaux éléments dans le groupe, des nouveaux extrêmes pour poser un challenge à la norme".

Un des nouveaux extrêmes de 1994 fut Embedded, le disque de Meathook Seed, un des meilleurs albums d'experi-métal industriel jamais sorti. Ce disque vit Mitch travailler avec Trevor Peres et Donald Tardy d'Obituary, qu'il rencontra sur la désormais légendaire tournée 'Campagne pour la destruction musicale'.
"Shane avait beaucoup d'implication, également" expliqua t-il. Il était prévu qu'Embury joue avec le groupe en concert pour promouvoir l'album mais au bout du compte, cela ne s'est pas fait à cause de conflits au niveau du planning. Cette année pourrait être bénie avec un deuxième album de Meathook Seed, qui est actuellement sur le point d'être achevé et "qui s'écarte de tout le truc métal ", expose Mitch. " Si t'écoutes 'Sea of tranquility', si tu peux imaginer de la guitare mixé avec ce truc mais avec des tempos et des samples différents... ça va être de l'acide complètement barré, basique - mais en même temps très intense".

Plusieurs nouvelles chansons "Greed killing", "Glimpse into genocide", "Placate, sedate, eradicate" et "All links severed" comportent des cris en backing vocals faisant penser à Kevin Sharp de Brutal Truth. Un ami m'informa que c'était Mitch qui assurait les cœurs, mais comme Mitch le rectifia lui-même :
"En fait c'était Barney ! Je les ferais en concert, mais en fait les cris de Barney rendaient mieux. J'étais un peu impatient de faire certains vocaux sur le nouveau Napalm, mais Barney a fait ses cris et ils sonnaient cools, donc j'ai dit 'Merde' (rires) ! Je pense que Barney a fait du très bon travail aux vocaux".

Bien que la sortie successive du EP et du CD soit censée être une réintroduction, si l'on peut dire, le groupe a fait précéder ça de l'inclusion de "Twist the knife (slowly)" (de Fear, Emptiness, Despair) sur la bande originale du film Mortal Kombat, qui est disque de platine. Ouais, plus d'un million de personnes ont acheté un disque avec un extrait de Napalm dessus ! L'implication initiale était due au fait que Napalm était antérieurement sur Columbia, comme Mitch le décrit.
"Ils étaient censés sortir cette bande originale. J'ai toujours pensé que ce serait cool de voir Napalm apparaître sur une musique de film, mais je ne l'avais jamais trop attendu car, tu sais, quand tu bâtis des espoirs..."

Néanmoins, la chanson a bien marché et fut fortement éditée pour le film. "Je suppose qu'ils voulaient l'utiliser car le titre convient bien au thème de Mortal Kombat. Peu importe, mec, c'était cool, putain ! Au final, ce n'est même pas nous qui avons pris la décision, mais il est cool de penser qu'il pourrait y avoir un public plus jeune qui achète et qui se tourne en fait vers un type de musique plus heavy, Fear Factory et ce genre de trucs technos".


Retour