L'ENFER ATTEND...
Interview de Barney menée par Christopher B.W.
et Jordi de los Reyes, parue dans le fanzine espagnol Hell Awaits de novembre / décembre
1998
Napalm Death est un classique dans le métal, c'est un groupe qui a tourné dans le monde entier pendant plusieurs mois d'affilée. Ils ont vendu plus d'un million d'exemplaires tous albums confondus et ils nous présentent maintenant un nouveau CD qui sera accompagné d'une nouvelle tournée.
Comment perçois-tu le fait de faire partie d'un groupe
de métal qui a vendu plus d'un million de disques ?
Et bien, je ne sais pas trop quoi dire... Je suppose qu'on a
vendu environ un peu plus de 100 000 exemplaires de chacun de nos disques. C'est
agréable, mais à dire vrai, nous n'avons jamais vu les bénéfices de ces ventes. C'est
quelque chose auquel nous ne pensons pas, de toute façon.
Et donc on ne vous a jamais incité à changer de style ?
On n'a pas eu de pression pour suivre un style plus
commercial. Ce serait le dernier truc que nous ferions. Dans le groupe, nous nous sommes
toujours préoccupés de notre style. On a eu beaucoup de problèmes financiers et de
management, mais on a continué comme avant.
Tu es parti du groupe juste après la tournée japonaise de Diatribes.
Cela a-t-il quelque chose à voir avec ta décision ?
La vérité, c'est qu'il y avait beaucoup de pression sur
cette tournée, et c'en est arrivé à un point où l'on ne s'entendait plus très bien.
Ma décision fut triste à prendre, mais elle était nécessaire à ce moment-là. C'est
le manque de communication et la tension qui ont provoqué ça. A ce moment-là, nous
n'étions pas d'accord sur la direction musicale que le groupe devait emprunter. C'est cet
aspect qui a compté le plus.
A ce qu'on voit, le groupe, du moins une bonne partie du
groupe, vit ensemble dans la même maison. A quel point cela affecte t-il la musique, les
projets, les personnalités ?
Et bien, je suis l'exception puisque je vis seul avec mon
frère. C'est bon pour l'expérimentation musicale car on est en contact plus fréquent
les uns avec les autres. De ce fait, on peut rester à la maison et tester des trucs.
Shane et Jesse ont leur propre projet, je crois que c'est avec le batteur de Cradle Of
Filth et L.G. Petrov d'Entombed. Je ne sais pas trop où ils en sont actuellement. En
fait, ça se passe relativement bien, même s'il y a quelques moments de tension.
Donc c'est la fille de Mitch, la première fan de Napalm ?
En fait, Mitchell est à part, il vit avec sa famille chez
les parents de sa copine. Je vois sa fille de temps en temps.
Dans votre prochaine tournée, vous serez accompagnés de
Cradle Of Filth et des norvégiens de Borknagar. Que t'inspire ce package et comment
allez-vous valoriser ce mélange des styles ?
Ca me semble bien, car Nick de Cradle Of Filth vient souvent
à Birmingham. Ils aiment les clubs où nous allons et c'est grâce à cela que nous
sommes en contact. Je connais Dani plus ou moins, nous avons fréquenté les mêmes
écoles. Je suis sûr que ça se passera bien et que cela nous aidera à
"rafraîchir" un peu l'image du groupe et son concept.
Cette année, c'est la troisième édition du Doctor Music
Festival (web : où ND a joué en 1998). Est-ce que ça te rappelle des anecdotes ?
Non, pas spécialement, mais le fait est que je connaissais
déjà ce festival comme je te le disais tout à l'heure. Je ne connais pas les autres
groupes, bien que je possède deux CD's qui me plaisent pas mal. Dans ce style, il y a
beaucoup de merdes que je n'aime pas du tout... Tu vois à quoi je pense ?
Lors de la troisième édition du Doctor Music Festival, vous
avez présenté quelques extraits de votre nouveau CD, comme par exemple "Next Of
Kin To Chaos". Le truc curieux, c'est que tu as annoncé cette chanson en
espagnol. Où as-tu appris à le parler ? Avec Jesse Pintado (ou Jesus Pintado, c'est
selon) ?
Ah, en fait je l'ai appris au collège il y a longtemps. Je
n'ai pas poursuivi mes études jusqu'à l'Université, mais j'ai envie d'en apprendre
plus. Il est certain que Jesse peut parler espagnol et ce, bien mieux que moi. Je ne
pourrai pas tenir une conversation sur l'évolution de l'économie, mais je me défends
(rires) !
Dis-moi, vous avez joué dans des endroits inhabituels comme
cet été à Tarragone et maintenant à Valence. L'Espagne ne serait pas votre deuxième
maison, par hasard ?
Et bien, c'est le cas (rires). Non, sans rire, c'est vrai.
C'est un des endroits où on se sent le mieux et où les gens nous ont toujours soutenu.
Théoriquement, le 14 octobre 1998, vous entamez une tournée
en tête d'affiche en Angleterre. Est-ce que cette fois, vous avez prévu de tourner aux
USA et au Japon ?
En fait, on commence la tournée anglaise le 9 avec The
Haunted (avec des ex-membres d'At The Gates), puis nous avons un jour de libre avant de
rejoindre Cradle Of Filth. Voici où en sont nos projets actuellement, même si ensuite
nous irons sûrement aux USA et puis, j'espère, au Japon.
Et comment préfères tu envisager ces voyages très longs ?
As-tu perdu ta phobie des longs voyages en avion ?
Oui... ou au moins, je me contrôle mieux maintenant. Cela
posait un problème pour les tournées car je détestais voyager en avion... J'ai essayé
une aide psychologique et ça fonctionne véritablement, ça a marché dés la deuxième
fois où j'ai essayé. Je pense que ça vient du fait que la personne qui m'aide est un
grand ami à moi.
Dans le passé, vous avez eu pas mal de problèmes avec ceux
qui suivent l'idéologie nazie, principalement pour les paroles de votre 45 tours "Nazi
Punks Fuck Off". Est-ce que vous avez eu d'autres problèmes dernièrement avec
ce type de personnes ?
Et bien la vérité est que de tout temps, certaines
minorités ont voulu imposer leurs visions des choses aux autres. Je suis actuellement
impliqué dans des organisations antifascistes, et je pense que je m'oppose autant
qu'avant à cette idéologie au travers de mes textes. Le truc bien en Espagne, c'est que
les gens semblent plus conscients de ce problème. J'ai beaucoup d'amis ici au Pays
Basque, et ils semblent être fortement organisés contre ça, ils sont très à gauche
politiquement.
Napalm Death s'est souvent fait remarquer pour avoir été un
groupe plutôt proche des jeunes groupes qui montent. Etait-ce votre idée de sortir un CD
comprenant un autre groupe de death metal qui aurait été le gagnant d'un concours
spécial ?
L'idée vient d'un directeur de presse allemand, et on a
pensé que ce serait une bonne idée. Ce CD est sorti et tous les goûts ont été pris en
compte, même si ça nous paraissait mauvais. Pour nous, l'autre formation était un
groupe de jeunes enthousiastes.
Qui furent les gagnants ?
Et bien en vérité, je ne m'en souviens pas. Nous avons
reçu des cassettes de tous les pays d'Europe et il y a eu une édition spéciale pour les
Etats-Unis. C'est sorti sur le CD "Breed To Breathe".
Si vous pouvez prétendre à quelque chose, vu votre
condition de groupe extrême, c'est bien d'avoir tourné de long en large dans le monde
entier. Quelle opinion vous a laissé la Russie ou le Brésil, par exemple ?
La première fois qu'on s'est rendu là-bas, pour la tournée
"Utopia Banished", les mecs ne savaient pas trop quoi faire. Les
autorités locales se comportaient d'une manière plutôt oppressive, et nous ne savions
pas non plus comment réagir. Le fait est que faire des concerts d'une telle importance
dans un tel lieu te demande d'observer un minimum d'autorité pour que le service de
sécurité se base là-dessus. Ca ne me plaisait pas qu'il y ait autant de contrôle car
ils voulaient nous dicter notre comportement, mais je me suis dit que c'était
nécessaire. Mais sinon, aller là-bas m'a bien plu et cela s'est bien passé. J'ai pris
ça comme un privilège, qu'autant de monde vienne nous voir, dans cette partie du monde,
et qu'ils nous saluent à la fin du concert.
Peux-tu nous expliquer ta collaboration avec Kill II This, et
nous présenter un peu ce groupe ?
Et bien, ils m'ont appelé pour que je les aide, mais pour
être sincère, je n'ai pas trop aimé leur nouveau matériel. Le premier album, qui
était assez death metal, était plutôt pas mal et m'avait bien plus. Ils m'ont appelé
pour me demander de venir en studio chanter sur leur album. J'ai leur CD mais ce n'est pas
trop le genre de musique que j'écoute, je trouve les plans groovy un peu indigestes. Ceci
dit, je pense que c'est un grand groupe, ils sont relativement originaux et inventifs.
Leur prédits-tu un futur prometteur ?
Et bien, ils devaient tourner avec nous au Royaume-Uni mais
je ne sais pas comment est la situation. On ne sait jamais avec certitude ce qui peut se
passer.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à renouveler
votre contrat avec Earache pour ce nouvel album, "Words From The Exit Wound"
, car vos relations avec eux ne semblaient pas spécialement bonnes l'an dernier ?
Parce que nous n'avions plus une thune (rires). On était
plutôt déprimés par les conditions qu'ils nous offraient, mais on devait enregistrer
quelque chose pour toucher un minimum de fric. Pour être honnête, certains membres du
groupe n'ont pas un centime en poche. On est en pourparler avec d'autres maisons de
disques mais celles-ci ne nous offrent pas d'aussi bons contrats, il y a plus de
contraintes et ça craint pour la promotion et les tournées. On a signé une nouvelle
fois avec Earache, on leur a fait confiance dans le but d'établir une nouvelle relation
avec eux, plus fructueuse. Ce qui se passe, c'est que Earache commence à aborder des
sujets qui ne nous sont d'aucune utilité et qui étaient incompréhensibles jusqu'il y a
peu.
Tu pense que ça a quelque chose à voir avec leur nouvelle
direction artistique ?
Je pense qu'à l'heure actuelle, il y a une saturation de
groupes non extrêmes dans ce style, ce qui ne me plaît pas beaucoup, et je me fous pas
mal de voir leurs chiffres de vente en ce moment.
Ce dernier CD, "Words From The Exit Wound",
paraît revenir aux racines de Napalm Death, du moins cela rappelle vaguement des albums
comme "Harmony Corruption" ou "Utopia Banished".
Cette variation légère de style a t-elle été naturelle ou préméditée ?
C'était totalement naturel, bien entendu. Personnellement,
notre album antérieur, "Inside The Torn Apart", me plaisait beaucoup,
car nous avions essayé d'y mélanger toutes nos influences. Dans ce nouveau disque, on a
fait plus ou moins la même chose, mais d'une façon inconsciente, on a préféré garder
plus d'agressivité. Rechercher l'agressivité fut plutôt prémédité, mais tout le
reste s'est fait naturellement. Dans le groupe, on fait ce que l'on veut sans céder à la
pression des médias ou de la maison de disques. Pourquoi devrions-nous suivre les modes ?
Pendant ton absence de Napalm Death et avant que tu ne
réintègres le groupe, tu as chanté avec Extreme Noise Terror et avec Nothing But
Contempt. Quelle est ta relation actuelle avec ces groupes ?
Avec E.N.T., il n'y a rien. Il n'y a pas eu d'engueulades ni
quoi que ce soit, le truc, c'est qu'on a décidé d'en rester là. Phil, qui m'a
temporairement remplacé au sein de Napalm, est revenu avec eux. Avec Nothing But
Contempt, les choses ont stagné car Napalm Death me prend tout mon temps.
On sait que Jesse Pintado (guitare) a essayé de remonter
Terrorizer, mais sans David Vincent. Que peux-tu nous raconter à ce sujet ?
En fait, il a essayé de remonter ce groupe plusieurs fois,
mais à cause des refus des deux formations et surtout du fric que brasse Morbid Angel, il
n'a pas réussi à le faire, en partie parce que Jesse n'aimait pas trop cet aspect du
truc. Il n'avait aucun moyen de financement externe, et les problèmes de distance qui
auraient pu surgir étaient assez forts. C'est dommage.
Est-ce que vous avez tourné un clip pour une de vos
nouvelles chansons, ou est-ce que vous prévoyez de le faire ?
Earache nous a demandé de choisir entre une vidéo et une
tournée avec Cradle Of Filth, et nous avons choisi la tournée parce que c'est ce qui
nous convenait et qu'on préférait ça. Donc pour l'instant, il n'y a rien, mais on fera
peut être quelque chose à ce niveau.
Tu es réputé pour être un véritable supporter de
football, et plus particulièrement du club Aston Villa F.C. Quelle est l'équipe
espagnole qui te passionne le plus ?
Sans hésiter un seul instant, l'Athlétique de Bilbao. Il y
a une grande amitié entre ce club et le mien, Aston Villa. J'aime ce club depuis des
années, même si je suis profondément attaché au Pays Basque et à ses habitants.