TOUTES LES VERITES SONT BONNES A DIRE
PART 3

Interview de Mitch Harris menée par moi-même le 13 décembre 1998 - totalement inédite. L'interview était tellement longue qu'elle a été divisée en plusieurs pages. Cette page concerne la raison d'être des projets parallèles de Mitch. Vous comprendrez mieux pourquoi il se lance dans des trucs plus softs qu'avant...


Comment perçois-tu tes divers projets parallèles ?
Je suis vraiment content d'être dans Napalm parce que j'ai ce truc avec Meathook Seed, parce que c'est ce style que je veux jouer tout le temps. Plus tard, ce sera sûrement différent. J'ai besoin de me sentir libre en tant que musicien et c'est dur de faire partie de Napalm tout en se sentant libre car tu ne peux l'être que lorsque tu ajoutes de nouveaux éléments à ton groupe. Je suis un fan absolu de ND et je ne veux pas que le groupe change du tout au tout. Alors, parce que j'aime une musique différente, il faudrait que je change le nom et la musique du groupe alors que tant de gens attendent quelque chose de précis ? Je ne peux pas être égoïste à ce point mais cela ne me satisfait pas en tant que musicien. Je dois être égoïste pour être content, c'est la raison pour laquelle j'ai d'autres groupes où je peux faire des trucs plus mélodiques avec des styles vocaux différents, des claviers et des plans technos, peu importe l'idée qui me passe par la tête. C'est une question d'opportunité. Et dans Napalm, j'ai le désir de jouer sacrément plus extrême, plus agressif, plus intense. Parce que chaque groupe est différent pour moi. J'en ai trois : Napalm est le plus dingue, puis de l'autre côté il y a cet autre groupe, Little Giant Drug qui est très mélodique, mélo acoustique et enfin Meathook Seed qui est entre les deux, en empruntant des aspects à chacun de ses groupes. LGD est dans un style complètement différent de Napalm, vocalement et musicalement. Je pense que c'est le pire cauchemar du fan de Napalm Death. Vraiment. Mais, au moins, tu es ouvert d'esprit et tu te dis que c'est bien d'essayer quelque chose de différent. Les musiciens, les artistes, devraient être libres de faire ce que bon leur semble. Ce n'est pas Napalm Death donc il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Mais pour beaucoup de personnes, cela va vraiment être difficile à digérer. C'est très dur à décrire : cela reste heavy et très émotionnel mais si je devais me retrouver en face du public de Napalm Death et jouer ce style, je pense que je me sentirais apeuré (rires). LGD est acoustique et certaines chansons sonnent pop mais heavy. Il fallait qu'il y ait un groupe de pop qui aurait été influencé par les trucs heavy étant jeune. Je ne le vois pas, et donc je le monte (rires). Mais les vocaux sont carrément bons, très uniques. Il n'y a pas de cris, pas d'agression, c'est plus comme ça (il entonne une mélodie mielleuse).

Mais dois-je comprendre que tu n'es pas complètement satisfait avec Napalm ?
Et bien, tu vois, je ne peux pas dire ça car je suis très satisfait avec Napalm. Mais en tant qu'auditeur de musique, j'ai écouté des styles différents au cours des dix dernières années. J'aime beaucoup de choses diverses et faire cela à Napalm n'est pas juste, comme je le disais. Si je sens que ma vie entière est dédiée uniquement à une seule chose et qu'on ne peut jouer que ça, je me sentirais comme dans un boulot routinier ou dans une sorte de contrôle. Tu aimerais faire quelque chose de supplémentaire par rapport à ce tu peux te permettre de faire. Parce qu'il y a beaucoup de barrières avec Napalm Death, avec le nom Napalm Death. Tu ne peux que surenchérir, tu vois ce que je veux dire ? Tu dois évoluer lentement. Dans cinq ans, on fera un disque qui sera peut être complètement différent. Cela met du temps avant de prendre un sens pour tout le monde alors que c'est un changement naturel et justifié, ce n'est pas une cassure. Moi, en tant que musicien, je peux le faire tout de suite. Mais tu ne sais pas trop si tu dois le faire, tout ceci est source de confusion. Remettre autant la musique en question n'est pas justifié, tu vois. Donc je pense que si j'étais seulement dans un groupe mélodique ou seulement dans Meathook Seed, je ne serai pas complètement satisfait en tant que musicien parce que j'aurais mon espace de liberté et je pourrais jouer ce que je veux mais je serai dégoûté de voir Napalm Death jouer et de rater ça. On n'a pas cette rage dans Meathook Seed, tu vois, ce n'est ni rapide ni agressif comme peut l'être ND. C'est accrocheur, mélodique, ça a de bons tempos mais ce n'est pas... (il frappe du poing) le feeling Napalm. Et parce que j'ai ces autres groupes, j'ai toujours le désir de continuer. Il n'est pas bon de n'avoir qu'un truc mélodique ou de n'avoir que Napalm. Il n'y a pas de lien. Ca doit être varié car je n'ai pas envie de jouer uniquement de jolis trucs. Parfois, je veux des trucs dingues et agressifs, mais qui restent mélodiques au niveau vocal. Je me sens plus à l'aise avec les trucs dingues lorsque je suis sur scène. Mais j'aime les trucs mélodiques comme les Cocteau Twins, les Doors et Pink Floyd, Smashing Pumpkins, Björk, Aphex Twins, Skinny Puppy, Lords Of Acid, Quicksand, Helmet... bien sûr j'adore toujours autant Kreator, Destruction, Sodom, DRI, Exodus, SOD ou tous ces vieux groupes mais j'ai commencé à écouter d'autres formes de musique en 1989. En fait, j'ai commencé à écouter de la zique en 1977 avec Kiss, les Beatles ou Blondie ainsi que les trucs à la radio et puis AC-DC, Sabbath, Ozzy, Judas Priest, Scorpions... Tout jusqu'à Metallica, Venom et Slayer. Donc cela m'a prit dix ans pour apprendre à jouer ce style et puis je me suis dit que c'était devenu tellement dingue aux alentours de 1988 - 1989 que j'étais en quelque sorte satisfait de pouvoir écouter une musique différente, des trucs comme Led Zeppelin et Jane's Addiction... Avant, j'étais un peu dédaigneux de tout ce qui n'était pas métal mais désormais, j'ai besoin d'écouter une musique différente pour faire évoluer mon style. Lorsque je suis parvenu à jouer des trucs vraiment bourrins, j'ai pris le temps de me poser et d'écouter des plans chargés d'émotion et d'agression, sans que cette agression soit hurlée, plutôt comme des rythmes tribaux. Jesse était également fan de Jane's Addiction et Shane aussi. Mais c'était le seul au sein de Napalm avant que nous n'arrivions, Mick détestait ça. En répète, on faisait des plans à la Jane's sans lui dire ! Mais ensuite il est parti et a été remplacé par Danny qui aime lui aussi ce groupe. C'est marrant car dans Napalm, il y a trois compositeurs qui sont de gros fans de Jane's Addiction. Et cela a changé l'approche entière, notre style, nos tempos de batterie. Ce sont plein de petits détails comme ça qui expliquent l'évolution au sein du groupe. Dans dix ans, on découvrira de nouvelles choses à cause de ces nouveaux combos, mais est-ce que ces influences sont justes pour Napalm, je ne sais pas. Nous avons essayé de faire en sorte que ça marche mais... actuellement, nous avons ce disque, "Words from the exit wound" (Les mots venant de la blessure de sortie) qui était un peu comme un coup de poker. On ne savait pas trop ce qu'on allait faire et on a tenté ça au hasard ; en fait cela semble plaire à plus de monde. Ca te laisse perplexe. On a essayé si durement de rendre la musique nouvelle et fraîche que c'en était peut être trop, tu vois ce que je veux dire ? Ceci est venu naturellement et facilement, ça semble bon et les gens sont plus emballés. Peut être qu'il vaut mieux ne pas trop penser à toutes ces questions.


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