SIMILI PRODUCTION ?

Interview de Barney menée par Louis Bourgade, parue dans le Metal Hammer sorti en mai 1992.

Alors que le petit monde du death metal retient son souffle à l'annonce du prochain album de Napalm Death, le groupe anglais ne paraît pas outre mesure impressionné par les spéculations. Réconfortés par les ventes impressionnantes d'Harmony Corruption, nos cinq britanniques peuvent sereinement entrevoir l'avenir. A quoi ressemble donc le Napalm1992 ?

Présents de façon inattendue aux récents Etats Généraux du Rock à Montpellier, Mark Greenway et son orchestre trompaient l'ennui et la faim dans leur chambre d'hôtel. Jusqu'à ce qu'un journaliste inquisiteur vienne les interrompre...


Est-il logique qu'un groupe aussi populaire et respectable que Napalm Death consente à donner un unique concert dans le sud de la France ?
Barney : (rires) Je vois où tu veux en venir ! Non, nous n'en sommes pas au point de refuser des concerts sous prétexte que nous vendons des milliers d'albums. Je me rappelle que nous avons déjà joué au Mans et j'en garde un très bon souvenir. Nous ne faisons pas partie de ces musiciens qui n'acceptent de jouer que dans des grandes salles !

Dans ce cas, Napalm Death fait-il sien un certain esprit underground d'où découle une attitude particulière ?
Oui, je crois bien... Je me suis toujours comporté comme un fan de death metal et un jour, j'ai eu la chance de passer de l'autre côté de la barrière. Napalm Death est issu de l'underground le plus obscur et à l'époque où notre musique était beaucoup plus axée sur le grindcore, nous étions suivis de près par tout une foule de fans qui n'écoutaient que ce type de musique. Nous n'aurions jamais atteint un tel niveau de popularité, et des groupes tels que Carcass ou Bolt Thrower ne peuvent dire le contraire, sans le soutien de tout un public underground qui pendant des années, a échangé des démos, des cassettes de répétitions, des fanzines. Cela a été d'un très grand secours à l'époque où les magazines officiels considéraient Napalm Death comme une plaisanterie. Cela t'apprend la modestie !

Vous sortez aussi un maxi un peu avant l'album. Qu'apporte de plus le Napalm Death de 1992 ?
L'époque où Lee Dorrian et Bill Steer faisaient partie du groupe est désormais révolue. Napalm Death en 1992 ne sonne plus comme un remake de Scum. Nous souhaitons aller au-delà et montrer aux gens que nous sommes capables de leur proposer un produit correctement achevé. Harmony Corruption n'était en fait qu'une expérience et malgré son succès, nous partons du principe que cet album n'est pas très satisfaisant, nous nous sommes peut être laissés aller à un peu de facilité. Nous avons alors enregistré le maxi Mass Appeal Madness et c'était déjà une façon de mieux cerner ce que nous souhaitions exactement réaliser. Nous avons enregistré l'album en Angleterre avec Colin Richardson qui a déjà travaillé sur notre précédent maxi.

L'album Harmony Corruption comportait déjà moins de passages noisy et grind, et le nouvel album persévère dans cette voie. Doit-on en conclure que le groupe ne peut se permettre d'être trop violent ?
Non, je ne pense pas. Il est vrai que les opinions divergent sur le sujet... Tu trouveras des gens qui regrettent le côte grindcore de nos premiers albums, d'autres préfèreront Harmony Corruption et ses rythmiques plus proches du death metal. Mais la majorité sera d'accord pour dire qu'elle aime Napalm Death pour la violence de ses riffs et pour leur rapidité. Nos fans devraient réellement apprécier le nouvel album. Nous n'oublions pas que le groupe a un devoir envers ses fans, qui est de leur proposer la musique puissante qu'ils recherchent. De tote façon, nous aimons jouer ce style très violent. Certains titres du nouvel album comporteront quelques sonorités inhabituelles, mais l'ensemble ressemblera bien à du Napalm Death.

Carcass et Bolt Thrower ont de la même façon évolué vers une musique plus travaillée et moins directement influencée par le grindcore. Ce style n'est-il donc pas réellement fiable ?
Napalm Death a toujours été directement lié au mouvement grindcore, sans doute plus qu'aucun autre groupe. Nos textes sont plus proches de l'esprit hardcore que death metal. Cette question est difficile car il est malaisé d'expliquer à quelqu'un qui ne compose pas de musique quel est le sentiment exact d'un musicien face à telle composition. C'est un pur hasard si Harmony Corruption comporte des sonorités death metal. Dans la mesure où nous améliorons notre façon de composer et que notre musique devient donc moins agressive ou moins rapide, elle peut très bien être classée dans la catégorie death metal. Il s'agit d'une simple question d'interprétation.

Quelle est donc la recette-miracle qui vous a conduits si rapidement au succès ?
Le public de Napalm Death suit le groupe depuis le début et il sait qu'avec nous, il en aura toujours pour son argent. Pas mal de fans apprécient le maxi Suffer The Children et souhaitent que le groupe évolue dans cette direction, d'autres préfèreront les premiers enregistrements. Chacun est libre de ses opinions. Mais une chose est sûre : quiconque souhaite une musique heavy, très rapide, violente, des riffs death accommodés au grindcore, sait qu'il la trouvera forcément dans notre musique. Les fans nous font tout simplement confiance.


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