KILL FOR KILL

Interview de Barney menée par Frédéric Pichot, parue dans le fanzine Metallian d'octobre-novembre 1998

Le groupe culte du hard "guilleret" de cette fin de décennie repointe le bout de son nez ! L'une des seules formations capables de faire voler en éclat toutes les catégories du métal saura, une nouvelle fois, franchir une étape décisive dans sa carrière... Napalm Death débarque bientôt sur nos platines avec un "Words From The Exit Wound" qui restaure une image très brutale du groupe d'outre-Manche. Shane Embury (basse), toujours aussi disponible et qui n'a toujours pas perdu son terrible accent, tenait tout de même à nous accorder quelques minutes, après deux journées éreintantes au "Kerrang Awards"... (alcool oblige). Finis les querelles intestines et les albums "bon... mais sans plus" Napalm Death va remettre de l'ordre dans la hiérarchie des musiques extrêmes en se positionnant en tête... Vous en doutez ? Hé bien tendez une oreille en direction du petit dernier : si vous n'aimez vraiment pas, votre place est au royaume des fieffés menteurs !


Après le maxi "Breed To Breathe", le "Bootlegged In Japan" et bientôt votre nouvel album "Words From The Exit Wound", vous n'avez pas vraiment levé le pied ces douze derniers mois...
Oui, je sais, nous avons donné l'impression d'être très occupés, mais en réalité, nous le serons vraiment dés la sortie de notre nouvel album... Cette année, l'actualité de Napalm Death s'est soldée par une série de concerts et parla sortie de l'album live "Bootlegged..." qui n'était rien d'autre qu'une idée spontanée.

Justement, au sujet du "Bootlegged In Japan", beaucoup a été dit et écrit à son sujet...
Oui, je vois ce que tu veux dire ! Je peux t'assurer que c'est un véritable album "live" qui a été directement enregistré sur DAT à Tokyo...
Une chose qui était sûre au sujet de cet album : c'est que si nous ne l'avions pas fait, quelqu'un d'autre l'aurait sûrement réalisé au Japon et ce, en toute illégalité. Cet album est tout ce qu'il y a de plus honnête, sans overdubs, et comme certaines personnes auraient pu le croire, non, il n'y a absolument aucun titre ré-enregistré ou remixé en studio : il n'y a pas de trucages... En fait, c'est un album qui révèle parfaitement l'énergie que peut dégager Napalm Death en concert, tout simplement !

A l'écoute de votre dernier album, on retrouve la touche très caractéristique de Napalm Death avec une plus grande clarté, que vous aviez peut être à l'époque d' "Harmony Corruption"... Qui est à l'origine de ce son ?
C'est intéressant, cette comparaison avec "Harmony..." La personne qui a produit l'album est Colin Richardson avec qui nous travaillons depuis "Utopia Banished". Je pense que nous sommes tous plus expérimentés et que nous maîtrisons parfaitement notre sujet en studio, ce qui donne un avantage certain pour l'enregistrement... De toute manière, et comme toujours, nous voulions un résultat qui nous satisfasse entièrement et nous avons tout mis en œuvre pour cela...

Barney a toujours ce timbre de voix si caractéristique, mais il a beaucoup évolué dans son registre... Son chant est plus clair et aussi plus puissant...
C'est vrai, Barney lui-même désirait essayer différentes tonalités et nous l'avons d'ailleurs encouragé dans cette direction... Je crois qu'il était bon pour tous d'évoluer et si chacun apporte sa pierre à l'édifice sur ce nouvel album, musicalement parlant, le chant différent de Barney est peut être ce qui marque le plus le renouvellement de la musique de Napalm Death même si, à la base, nous ne dénigrons pas nos racines du passé.

Sur ce nouvel album, vous avez tenté des structures musicales innovantes pour Napalm Death...
C'est très dur d'analyser sa propre musique... Au sein de Napalm Death, nous sommes ensemble depuis un bon moment et chaque musicien a sa propre influence, ce qui nous permet de réaliser différentes choses, d'avoir différentes inspirations dans la composition de nos morceaux et ainsi d'obtenir le résultat voulu... Sur le dernier album, vous vous en rendrez compte sur des titres comme "Next Of Kin To Chaos", "Repression" ou "None The Wiser".

Une question qui me brûle les lèvres... Napalm Death a t-il définitivement tiré un trait sur des compositions très "grind" ?
Nous n'aimons pas nous catégoriser dans un style ou dans un autre... Sans parler d'approche musicale, je pense qu'il y a beaucoup plus de titres rapides sur le dernier album que sur les deux précédents et tout ceci, c'est juste une question de "feeling" du moment, mais en concert, nous voulons toujours étendre notre répertoire et ainsi, nous nous attachons toujours à reprendre des titres de toutes nos périodes...

Souvent au centre de controverses, Napalm Death a toujours voulu se démarquer de la scène métal extrême...
Je ne pense pas que nous nous soyons déconnectés des autres groupes ou de nous-mêmes : seules les paroles de nos chansons étaient différentes et c'est peut être là où une certaine forme de controverse s'est installée dans le passé ! De toute façon, je ne pense pas non plus que les médias nous aient agrafé une étiquette dans le dos comme groupe à bannir du simple ait de jouer de la musique extrême...

Fatality, un groupe allemand, a enregistré une reprise de vous : "Suffer The Children" sur votre mini album, "Breed To Breathe", après avoir remporté un concours... Que pensez-vous de cette initiative où de jeunes formations étaient incitées à reprendre vos titres ?
C'est une très bonne initiative : bien entendu, nous étions complètement pour ! Ce concours et l'opportunité donnée à une formation d'enregistrer un de nos titres sur "Breed To Breathe" est en fait exclusivement une idée de notre label. Après plusieurs écoutes de ce mini album et en général, nous étions très satisfaits des reprises qui nous ont été présentées.

En dehors de Napalm Death, les projets parallèles ne manquent pas... Sont-ils toujours d'actualité pour chacun d'entre vous ?
Il est vrai qu'en parallèle de Napalm Death, Mitch Harris vient de Righteous Pigs et continue avec Meathook Seed... Jesse Pintado a quant à lui quitté Terrorizer et joue également de la guitare dans un tout nouveau groupe, Lock Up, avec Nick Barker de Cradle Of Filth... Pour ma part, et après Malformed Earthborn, je joue également dans Blood From The Soul : tout ceci est très enrichissant et nous fait connaître autre chose à tous !

Ces projets sont-ils vitaux pour la cohésion de Napalm Death ? Le groupe n'est en effet pas réputé pour rassembler ce que l'on appelle une bande de copains...
Actuellement, il est vrai que ces participations extérieures à Napalm Death sont une très bonne chose pour le groupe ; et puis cela permet d'expérimenter de nouvelles choses...
Et oui, dans le passé, il existait quelques divergences au sein de la formation, mais depuis notre dernier album, nous sommes tous devenus de très bons amis, réellement ! Et pour tout te dire, nous sommes devenus si soudés que plus rien ne nous ébranle... Nous sommes plus forts que jamais !

Il existe une étonnante fidélité entre Napalm Death et sa maison de disques, Earache...
Napalm Death et Earache ont sensiblement débuté à la même époque et l'on peut dire que nous avons grandi ensemble... Nous avons notre propre manière de faire, de penser, et autant dire que nous exprimons ce que nous ressentons sans prendre de raccourci... Même au cœur des problèmes, personne ne nous a dicté une quelconque orientation musicale : notre label nous connaît vraiment depuis le début et sait définitivement à quoi s'en tenir avec nous et c'est sûrement pour cela que cela fonctionne bien !


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