JUSQU'AU BOUT DU DESESPOIR

Article rédigé par Step Step, paru dans le numéro de Rage de mai 1994

Depuis ses débuts à Birmingham, Napalm Death s'est, au fil des changements de line-up, fabriqué une réputation énorme qui dépasse le seul cadre du death, du grind et du métal, pour accéder à un statut de novateur de l'extrême, d'orfèvre du bruit. Retour des terroristes avec "Fear, Emptiness, Despair".


Londres, un temps grisâtre qui colle parfaitement avec l'approche du concert de ND en première partie des non moins extrêmes Melvins. Shane Embury, Barney et Jesse semblent calmes mais fatigués. Coudes solidement posés sur une table de pub, ils s'apprêtent à faire subir à la capitale les premiers accords de leur nouvel album.
"On n'a surtout pas eu envie de refaire "Utopia Banished" ; je pense que dans le domaine du speed avec ce type de son, on est allés jusqu'au bout. Notre musique, même si elle évolue, reste extrême, elle aura simplement l'avantage d'être jouable entièrement sur scène et de faire varier les tempos".
Résolument plus mature et plus décidé à imposer SON optique de la musique, Barney ne semble pas vouloir s'embarrasser de compromis et de facilités : "J'ai entendu à peu près tout sur ND, c'est un groupe que les gens se plaisent à aimer puis à détester, comme ceux qui nous connaissent soi-disant depuis la première époque et qui n'ont jamais accepté notre évolution ou nos prises de position. A ceux-là, je souhaite de bien prendre leur pied avec un groupe qui fait le même disque depuis dix ans, mais ce n'est pas mon truc."
De là à penser que ND a opté pour le commerce dans le style Pretty Maids, pas de souci, surtout à l'écoute de leur show (dont nous n'appréciâmes malheureusement que cinq morceaux, acculés à l'entrée par une queue interminable et un service d'ordre implacable). Ledit show fit voler près de la moitié de la salle vers un plafond embué de sueur métallique, portée par un répertoire rétrospectif très complet et clôturé par un Nazi Punks Fuck Off gigantesque.
"Je ne pense pas qu'on ait besoin d'attendre RATM pour emmerder les fascistes, moi je préfère porter la parole de Jello Biafra plutôt que d'essayer de me donner une crédibilité grand public. On a toujours dit ce qu'on pensait sans en faire un flambeau et en retirer du succès, maintenant c'est à ceux qui achètent les disques de juger."
En attendant leur prochaine venue en France, n'hésitez pas à écouter leur dernier album et leurs extras : Meathook Seed (ND et Obituary) et Blood From The Soul (Sick Of It All et Napalm Death).


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