DOSSIER VOCALISTES DU DEATH

Dans le numéro spécial thrash de Hard Rock Magazine ; sorti en août 1992.

Ce dossier groupait les réponses de trois sommités du monde du death metal : Barney de Napalm, L.G. Petrov d'Entombed et John Tardy d'Obituary. Je n'ai pris que les réponses du premier des trois.

Agé de 22 ans, Mark Greenway a déjà enregistré deux albums et un maxi avec Napalm Death. Surnommé "Barney", il a d'abord fait ses classes au sein de Benediction, groupe avec lequel il devait enregistrer l'album Subconcious Terror (Nuclear Blast, 1990). Heureux hasard, ce fut le batteur de Napalm Death, Mick Harris, qui produisit le disque. C'est ainsi qu'au départ de son vocaliste Lee Dorrian (qui formera par le suite le gang doom Cathedral), Napalm ne se fit pas prier pour accueillir ce spécialiste, semble t-il humain, du grognement animal. Passionné des gans hardcore de tradition britannique, notamment Discharge, et amateur de sensations bayareantes (Testament, Vicious Rumors...), Barney prétend consacrer le plus clair de son temps libre à parcourir les bouquins de science pour s'instruire. Un autodidacte qui peut en plus brailler couramment en espagnol et en allemand !


Les débuts de ta carrière de chanteur ?
L'idée de chanter m'est venue tout naturellement en fait. J'ai chanté dans différents groupes ponctuels avant de rejoindre Benediction. J'en avais envie à force de voir sur scène tout un tas de groupes comme Unseen Terror, Extreme Noise Terror et Napalm Death. Au début, je manquais de confiance en moi. Un jour, j'ai pris le micro dans une salle de répèt' où s'exerçait un groupe, et ça a bien marché pour moi.

Quelle importance attribues tu aux paroles des morceaux que tu chantes ?
Napalm Death n'est pas uniquement un groupe qui joue de la musique, nos textes prennent une part très importante dans la composition d'un morceau. Le leitmotiv du groupe est de combattre toutes les formes d'oppression dans la société, le racisme, le fascisme... Au-delà des phrases, c'est donc le sens général qui m'influence pour chanter d'une manière plus ou moins saccadée, plus ou moins rageuse. Je sais pertinemment qu'il est impossible pour un auditeur de discerner les mots que je prononce, sur scène ou sur disque, c'est pourquoi on fait toujours imprimer les textes sur les pochettes de nos disques.

La volonté de grogner plutôt que de chanter ?
Au début, c'est vrai, je grognais littéralement, j'essayais d'imiter Scott de Repulsion et Tom G. Warrior de Celtic Frost car ça convenait parfaitement à l'esprit de la musique, ce truc grindcore ultrarapide et extrémiste. Puis j'ai travaillé tout seul pour apprendre à respirer, à placer mon chant et à maintenir ma voix bien grave. Le fait d'utiliser ma voix d'une façon mélodique ne m'a jamais intéressé même si je sais apprécier les chanteurs de heavy metal. D'ailleurs, si l'opportunité se présente, à l'occasion d'un projet parallèle à Napalm, j'essaierai volontiers de chanter d'une manière plus classique. Je suis persuadé que j'en serai capable. Quoi qu'il en soit, ça ne serait pas ultra-mélodique. Ca resterait puissant dans la lignée de Chuck Billy ou James Hetfield.

En général, le chant est l'un des aspects spécifiquement mélodiques d'un groupe. Quelle est ta contribution personnelle ?
Ca renforce l'ensemble rythmique, les guitares et la batterie. L'important est d'obtenir un ensemble plus rauque et plus dur en insistant sur l'aspect agressif des vocaux.

T'arrive t-il de chanter "en yaourt" (bout à bout de syllabes et sons sans signification précise) ?
Non, je chante réellement les paroles telles qu'elles existent sur le disque. Je connais parfaitement mes textes et la manière de les dire, en éliminant certaines syllabes, parfois même certains mots. Ca devient donc un mécanisme essentiellement phonétique.

As-tu besoin de conditions spéciales pour interpréter tes parties vocales en studio ?
Non, aucune. Je sais que certaines personnes ont besoin d'être dans une totale obscurité par exemple, mais ce n'est pas mon cas. En général, ça prend pas mal de temps car il faut répéter les chansons inlassablement. Pour les textes d'Utopia Banished, ça m'a pris quatre jours à temps complet. Dans l'avenir, j'aimerais avoir la possibilité d'enregistrer live, en même temps que les autres. Ce serait sans doute meilleur.

Beaucoup d'observateurs ont tendance à reprocher aux chanteurs de death la simplicité de ce genre de vocaux et vous traitent volontiers d'imposteurs.
Ces gens là n'ont pas compris qu'il faut certaines prédispositions au départ. Il faut avoir une gorge puissante ou bien tu n'arriveras jamais à tenir le coup. La question que je me pose, en fait, est de savoir si je peux encore aller plus loin sans effet ni arrangement, et surtout sans dénaturer complètement le rôle du chanteur. Autant faire appel à un chien si l'on souhaite aller au bout !


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