CATHEDRAL


" Statik Magik "

Alain Lavanne / HARD ROCK MAG / Juin 1994

Attention, ceci n'est pas le troisième LP des anglais de Cathedral, c'est un EP de 4 titres pour un total de ... quarante minutes ! ! Outre l'excellent "Midnight Mountain" tiré de l'album The Ethereal Mirror, Statik Magik propose trois nouvelles compositions révélatrices du talent en progression constante du gros espoir qu'est Cathedral. "Hypnos 164" est une composition rapide, saccadée et très heavy, une sorte de "Neon Knights" à la puissance décuplée ; comme quoi on peut être très heavy sans être très lent. Vient ensuite le superbe "Cosmic Funeral" qui s'étend sur sept minutes. Le tempo est lent, majestueux, la rythmique se fait irrésistiblement écrasante et le chant très spécial de Lee Dorrian (rauque mais très bien modulé) ajoute à l'atmosphère quasi-surnaturelle qui s'instaure. Au fur et à mesure, le tempo s'accélère, des breaks étranges et mélodiques s'insinuent et un clavier entêtant laisse planer sa mélodie aérienne. Avec ce titre, Cathedral offre une véritable leçon de choses et montre, mine de rien, ce que devrait être Black Sabbath en 1994. Le morceau de résistance clôt ce mini LP : "The Voyage Of The Homeless Sapien" dépasse sans problème les vingt-deux minutes ! Construit sur le principe d'une imbrication de parties variées et contrastées, tour à tour ultra heavy et quasi-planantes, ce monument est une invitation ambitieuse et plutôt réussie à pénétrer dans un univers extraordinaire et fantastique qui prend ses racines dans les années 60 et 70. Statik Magik confirme et accroît les espoirs placés en Cathedral à la sortie de The Ethereal Mirror. Ne loupez pas le coche ou vous le regretterez !


" Carnival Bizarre "

Manuel Rabasse / HARD'N'HEAVY / Octobre 1995

Fichu groupe. Pourquoi à l'instar d'un Trouble, Cathedral continue-t-il à faire bouillir le sang des plumitifs les plus veules, ceux qui vendraient leur intégrale de Traci Lord pour ne pas donner l'impression d'aimer le pur heavy-metal, et être la risée des Torquemada du grand brouet death / thrash / black / crossover / fusion / techno / indus hardcore etc... qui constitue l'orthodoxie musicale mid-90's ? Car on aura beau tourner le problème dans tous les sens, faire appel à la rhétorique la plus tortueuse, Cathedral, pour ce troisième album, comme pour les précédents, persiste à jouer du heavy-metal, du vrai. Foncièrement et naïvement référencé à une période de l'histoire du rock révolue depuis près de vingt longues années. Seulement, par quelque procédé magique, par la grâce d'un chant singulièrement tordu, à l'extrême limite pourtant de la caricature et du ridicule, par celle d'un art du riff de guitare particulièrement sinueux, ou de l'inébranlable passion que les membres du groupe portent à ce style de musique et à tous ses zélateurs, même les plus oubliés, par celle, sûrement, d'une production très sobre, proche de simple transcription et d'une nouvelle rythmique à l'aplomb infaillible, on persiste à s'immerger dans les douze chapitres de ce Carnival Bizarre, plein de déférence envers le fond de la marmite : groupes obscurs, films de série B, fantaisies insensées. C'est sans doute cette humilité et ce fanatisme éclairé qui sauvent le groupe de la fadeur d'une révérence stérile.



" Hopkins (The Witchfinder General) "

Manuel Rabasse / HARD'N'HEAVY / Mai 1996

En complément du déjà mythique LP "The Carnival Bizarre", Cathedral nous expédie, avec le printemps, un petit EP très bucolique : cinq titres, vingt-cinq minutes, quatre morceaux complètement inédits, dont une furieuse cover du "Fire" de Arthur Brown et la version longue de "Hopkins". Des trois autres morceaux, on retiendra le très bel instrumental "Copper Sunset", mélancolique comme un crépuscule de cuivre ; le séquenceur (!) et les beaux arpèges de "Purple Wonderland". Et le très surprenant "The Devils Summit", un morceau quasiment funk, plein d'orgue et de cuivres.


" Supernatural Birth Machine "

Manuel Rabasse / HARD'N'HEAVY / Octobre 1996

N'en déplaise à ses détracteurs, Cathedral semble bien parti pour faire une (longue) carrière. Depuis ses débuts en 1990, le groupe de Lee Dorrian se complaît avec un succès en constante progression dans le rôle de défenseur des causes perdues. De Forests Of Equilibrium - sauveur de la chose doom - à The Carnival Bizarre et sa fixation pour le cinéma fantastique de série B, ses tocsins et ses charrettes grinçantes sur la lande brumeuse, le quartette enfin stabilisé humainement se trace un chemin sinueux, louvoyant entre le heavy metal et le... heavy metalm. Et l'on en trouve une bonne dose sur ce Supernatural Birth Machine. Peut être un peu moins direct que sur The Carnival..., même si "Urko's Conquest" ou "Stained Glass Horizon" se mesurent favorablement à l'aune de la lourdeur et de la massivité. "Un peu plus sombre" prétend le vocaliste, particulièrement en verve, faisant fi, une fois de plus, de ses détracteurs, incapables de déceler humour et sincérité dans le style très particulier de Lee Dorrian, plus Sarah Bernard que Sandrine Bonnaire. Auquel vient s'ajouter l'incomparable passion que Gary Jennings, le guitariste, met à peaufiner ses rythmiques, avec peut être une orientation plus nette vers les changements d'accords, The Carnival... représentant sans doute le sommet de sa période "riffeur fou". Amour et connaissance approfondie du sujet demeurent, de toute façon, les deux moteurs du musicien. Amateurs du "grand frisson heavy metal", plongez vous avec délice dans ce Supernatural Birth Machine. Emotion garantie !


Olivier Rouhet / HARD ROCK MAG / Octobre 1996

C'est connu, Cathedral est théoriquement un groupe passéiste qui, malgré toute la bonne volonté de Lee Dorrian, a bien du mal à s'extraire du carcan artistique de Black Sabbath. Eh bien, on peut vous dire tout de suite que le père Iommi doit l'avoir bien mauvaise s'il a posé une oreille sur cet album de ses prétendus descendants, Supernatural Birth Machine : putain de baffe ! Energie heavy, qualité mélodique, interprétation et production parfaites, intelligence dans l'écriture des morceaux. Cathedral ne fait que consolider sa légende : celle d'un groupe discret qui, à force de travail, de concentration et de dévotion à la cause d'un heavy sans fioriture mais riche, est en train de marquer les années 90. Pas mal avec un nom aussi ridicule, non ?


Henri Dumatray / HARD FORCE / Septembre 1996

Depuis de longues années, Cathedral est un monument érigé à la gloire de Black Sabbath. Profanant, souvent avec talent, le répertoire de son aîné, il passe cependant pour l'un des plus fidèles défenseurs du heavy metal classique. Supernatural Birth Machine ne déroge pas à cette règle immuable, mais il constitue cependant une réelle déception. En effet, les onze titres proposés, bien que sérieusement musclés et oscillant toujours entre le heavy très lourd et le doom léger, s'avèrent usant à la longue, trop linéaires. La machine est belle et puissante, mais elle écrase tout sans discernement et ne paraît animée d'aucune touche de génie. L'inspiration est là, mais elle est répétitive ; ce que Cathedral veut faire passer, on le comprend largement avant d'avoir atteint la moitié de l'album. La suite, on la passe à espérer un petit truc qui diffère, un souffle de variété qui en réalité ne se pointe jamais. Bourrin, Supernatural Birth Machine l'est certainement en conséquence. Il ne devrait plaire qu'à ceux qui ne recherchent rien d'autre qu'une écuelle remplie à ras bords de riffs lourds. On frise l'indigestion et c'est bien dommage, car Cathedral a prouvé parle passé qu'il était capable de bien mieux.

Classement : Mauvais


" In Memoriam "

Source : Internet

Cet album, disponible chez Music For Nations, comprend le contenu de la toute première démo enregistrée par le groupe quelques mois à peine après sa formation ainsi que cinq titres (dont trois extraits de la première démo en question) enregistrés en Hollande un an plus tard, soit en 91. Ce matériel était resté caché au fond d'un tiroir; le voici donc, désormais, disponible en cd pour les collectionneurs passionnés des œuvres de la bande à Lee Dorrian.


" Endtyme "

Manuel Rabasse / HARD'N'HEAVY / Mars 2001

C'est vrai qu'on avait pas entendu quelque chose d'aussi funèbre depuis... le EP Cosmic Requiem. Cathedral est dans une certaine mesure revenu à ses premières amours. L'introduction de "Cathedral Flames", le premier titre de ce Endtyme en est la preuve irréfutable, même si son successeur, "Melancholy Emperor" argumente lui en faveur du heavy metal pachydermo-vélocipédique que pratique la formation de Lee Dorrian et Gaz Jenkins depuis The Ethereal Mirror, son deuxième LP. Tempo mortifère ou chevauchée d'hippopotame en rut, un disque de Cathedral reste quelque chose de foncièrement lourd, massif, rampant. Le chant de Dorrian s'est un peu durci par rapport à ces dernières années, ce qui peut faire passer plus aisément le maniérisme exaspérant de sa diction, un des arguments qui faisait jusqu'à récemment fuir le vulgus pecum. Ce qui ne va pas rassurer le badaud, c'est la longueur de certains morceaux ("Melancholy Emperor", "Alchemist Of Sorrows", l'épiquissime "Templar's Arise"). L'aficionado sera de son côté tout autant satisfait qu'un peu frustré car si Jenkins reste un pourvoyeur de riffs hors du commun, il n'a sans doute pas retrouvé la verve exceptionnelle qu'il avait déployé sur The Carnival Bizarre. Arguons néanmoins qu'une certaine âpreté ne fait pas de Endtyme le plus accessible des disques de Cathedral et que l'on doit laisser le temps faire son affaire avant d'émettre un jugement irrémissible. Pour l'heure, contentons nous du bonheur de voir arriver un nouveau disque de Cathedral et apprécions une forme d'extrémisme sonore qui reste aussi peu usitée que réjouissante.

Classement : 3 étoiles sur 5


" The Seventh Coming "

N. N.-V. / HARD ROCK MAG 82 / Octobre 2002

Après le voyage au bout de l’extrêmement doom avec "Endtyme", Cathedral est de retour avec un septième album qui semble amorcer un nouveau virage dans la carrière des anglais. Et il semblerait que pour cette nouvelle ère, les grands maîtres du doom se soient laissés porter par la mélodie, car "Seventh Coming" est incontestablement un album mélodique et varié (Lee Dorrian semble se laisser aller à pousser la 'chansonnette' de façon très réussie), certains morceaux étant même très différents de ce à quoi le groupe nous avait habitués ("Phoenix Rising", "Skullflower", "Aphrodite’s Winter", le très sabbathien "Black Robbed Avenger"…). Que les fidèles ne se méprennent pas : "Seventh Coming" continue d’exploiter les recettes aux riffs pachydermiques du doom, mais avec une fraîcheur et un 'petit quelque chose en plus' fort appréciables. La production est puissante, l’orgue Hammond est présent à chaque coin de titre, et les cassures de tempo sont là pour nous rappeler que Cathedral n’a pas pour autant vendu son âme au diable. Gary Jennings est définitivement un fils spirituel de Tony Iommi, le beau Leo Smee sème sa touche psyché, et le tout est mené à la baguette par l’excellent Brian Dixon. Bref, tout le monde semble s’épanouir sur ce septième album du combo. Pour mon humble part, je retourne dans ma cave me passer en boucle "The Empty Mirror", la perle noire de l’album en attendant la tournée…

Classement : 17/20


Olivier Badin / HARD'N'HEAVY / Décembre 2002

En tentant d’ouvrir son spectre musical avec "Caravan Beyond Redemption", Cathedral avait été qualifié de « trop commercial ». Deux ans plus tard, à bâbord toute avec "Endtyme" qui renvoya tout le monde dans les limbes les plus profondes ; avec la même incompréhension au bout. Balle au centre, zéro partout. Voilà donc un Cathedral un peu dépité à la croisée des chemins (de croix ?) et qui, dans le doute, revient à ce qu’il sait faire de mieux : "VIIth Coming" est donc un bon album de doom comme seul le groupe anglais semble être capable de faire. Mais rien, de la pochette de Dave Patchett aux riffs saccadés de Gary Jennings, ne peut ici prétendre ne pas avoir été tenté (parfois en plus inspiré) par le quatuor de Canterbury. A l’exception peut être de cette tentative d’instaurer une atmosphère rêveuse, style rock progressif, avec "Aphrodite’s Winter" et d’une tendance à balancer en fin de disque les coups les plus pachydermiques ("Congregation Of Sorcerers"). Résultat des courses : comme l’était "Supernatural Birth Machine" en 1996, voilà un disque qui confortera les aficionados dans leur opinion et qui laissera toujours autant les non-convertis de marbre.

Classement : 3 étoiles sur 5


" The Serpent's Gold "

Olivier Badin / ROCK SOUND / Juillet-Août 2004

D’accord, recycler l’héritage de papa Ozzy et de Black Sabbath est déjà presque un boulot à plein temps pour les trois quarts de la scène stoner et sludge. Essayez d’imaginer Eyehategod ou Pantera si "Paranoid" n’était jamais sorti ! Mais personne n’a réussi à s’approprier cet héritage comme Cathedral. Car ce groupe formé quand même à la base par un ex-chanteur des grindcoreux de Napalm Death (oui, cela n’a rien à voir) l’a transfiguré. Et cette double compilation, avec un premier CD rassemblant quinze titres de ses six premiers albums plus un second bourré de raretés, le prouve admirablement. Pourtant ses début avaient été extrêmes de chez extrême : "Forest Of Equilibrium" a beau dater de 1991, il reste l’un des disques de metal les plus lents et les plus morbides jamais enregistrés ! Or autant le groupe est admirable d’être allé aussi loin, autant il est aussi admirable d’avoir su immédiatement qu’après avoir plongé aussi profond, il ne pouvait que remonter. Le misérabilisme d’hier a donc cédé la place à un son toujours aussi pesant mais plus versatile, plus rock’n’roll mais toujours aussi menaçant. Et dans leur discographie, des disques à la démarche presque stoner comme "Caravan Beyond Redemption" (1999) côtoient des monstres de lourdeur comme "The Ethereal Mirror" (1993) ou "Endtyme" (2001). Et tout cela est parfaitement résumé dans "The Serpent’s Gold".

Classement : 8/10


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