Extreme Noise Terror n'est pas un projet parallèle de Napalm Death mais plutôt un 'groupe frère'. En effet, ces deux combos ont certains points communs : outre le fait qu'ils viennent de la même région (le West Midlands en Angleterre), ils jouaient virtuellement le même style de musique au début de leur carrière, c'est à dire un mélange 50% metal - 50 % punk. Ils ont tous les deux enregistré plusieurs Peel sessions et ont partagé le même label pendant quelques années... Bref, ils se connaissent depuis une éternité et s'apprécient mutuellement.

Extreme Noise Terror s'est formé quelques années après Napalm Death mais leur ascension a été plus rapide car, comme le mentionne leur biographie, ils décrochèrent un contrat après leur premier concert, début 1985 (ND n'en était alors qu'au stade des démos). Dés leur arrivée sur la scène, le groupe fait grand bruit grâce à une musique foncièrement instinctive et agressive. Mais le gros problème de Extreme Noise Terror, c'est l'instabilité de son line-up, et ce sera malheureusement un phénomène récurrent tout au long de leur carrière. La personnalité des musiciens, sûrement très rebelle, les drogues, les coups foireux du business... tout ça fait que E.N.T. n'aura jamais su garder une formation stable.

A cette époque, il était fréquent que les groupes du coin se dépannent entre eux ; la scène était plus intimiste mais plus solidaire. Par conséquent, il n'est pas étonnant de retrouver Mick Harris, cogneur de fûts chez Napalm Death de 1985 à 1991, au poste de batteur lors de l'enregistrement des Peel Sessions de 1987 (qui sont absolument sauvages !!). Cette collaboration dépassait le stade du simple coup de main car Mick faisait officiellement partie des deux groupes. Chaque samedi, il prenait le train pour Ipswitch, se tapait quatre heures de trajet juste pour répéter avec E.N.T. Le deal, c'était que les autres membres lui remboursent le transport. Mais petit à petit, les choses se sont dégradées et Mick ne voyait pas la couleur de l'argent qu'on lui avait promis. Comme les choses décollaient pour Napalm Death, il décida de se concentrer dessus et quitta E.N.T. Son influence se fait clairement ressentir lors de l'écoute de ces légendaires Peel sessions où Mighty Mick interprète le répertoire du groupe d'une façon très personnelle. On est en pleine époque du grind et il ne se gêne pas pour donner un coup de fouet aux crustcoreux par ses cris de chimpanzés hystériques. C'est  le seul témoignage discographique qu'il aura laissé dans E.N.T. - mais c'est déjà largement suffisant !

E.N.T. continue son petit bonhomme de chemins en sortant des disques sur divers labels - le succès est mitigé et plutôt confidentiel. En 1995, Earache signe le groupe qui bénéficie alors d'une distribution bien meilleure. Ils en profitent pour réenregistrer leurs vieux titres et sortent cela sous le nom "Retro-bution", et ils sortent même un clip promo, "Raping The Earth" - La classe !

En octobre 1996, Barney et le reste de Napalm Death ne s'entendent plus. Cela mène à l'éviction du chanteur et on le retrouve quelques mois plus tard sur l'album de E.N.T. intitulé "Damage 381". Cette collaboration est ponctuelle, au grand regret des gars d' E.N.T. qui avaient proposé au vocaliste enragé un poste permanent. Mais Barney ne désire pas s'investir dans quelque chose où tout est contrôlé par deux personnes (en l'occurrence Dean et Ali). Il intervient seulement en tant qu'invité, enregistre ses parties de chant en un jour et participe à une session photo pour les besoins de l'album. Point. Il fait du bon boulot sur cet album, que je conseille vivement à tous les fans de Napalm car il y a beaucoup de similitudes de style avec nos grindeux préférés, beaucoup plus en fait que sur " Retrobution ".

Extreme Noise Terror aurait du sortir un autre album chez Earache du nom de "Dancing Under Glass" mais ils se sont fait lourder par le label et leur album suivant, "Being And Nothing", est sorti chez Candlelight. Musicalement, c'est une bombe, il est encore plus violent que "Damage 381" - mais moins mémorable - et montre que ce groupe anglais a parfaitement sa place dans le courant grindcore actuel. Depuis cette sortie en 2001, pas grand-chose si ce n'est un split single début 2005. C'est un peu faible... C'est dommage que ce groupe ait une carrière en dent de scie car leur musique, particulièrement à leurs débuts, est vraiment bonne. Ils jouait un crustcore (la tendance la plus punk du grindcore) de très bonne facture. Adrénaline et sueur au programme !


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