Fall Of Because est un projet plutôt vieux puisqu'il a été créé par Paul Neville et G.C. Green en 1982. Justin est arrivé quelques mois après sur leur demande. Le groupe a existé quatre années durant mais n'a enregistré qu'une seule démo en 1986, "Extirpate", peu de temps avant de splitter. Justin jouait également avec d'autres groupes à cette époque : tout d'abord avec Napalm Death jusqu'en 86 puis avec Head Of David, un combo industriel, jusqu'en 1988. Fall Of Because avait splitté entre-temps et ce n'est qu'après être parti de HoD que Justin proposa à G.C. Green de remonter ce groupe. Paul n'était pas de la partie, par conséquent ce fut Justin qui se chargea de la guitare. Il savait à peu près quel genre de tempos il voulait utiliser et pensait pouvoir se passer d'un batteur. D'où le choix d'une boîte à rythmes. Ce changement de line-up entraîna par là même un changement de nom, Jus et Christian délaissant Fall Of Because au profit de Godflesh. De plus, il faut savoir que Paul Neville, bien qu'il n'apparaisse pas sur le tout premier album éponyme de Godflesh, joue néanmoins sur les deux suivants, "Streetcleaner" et "Slavestate" (il a ensuite quitté le groupe et pour se consacrer à des projets solos). Le parcours du Dieu de Chair est hallucinant et ne laisse aucun doute possible sur le fait qu'ils comptent parmi les meilleures références de la scène. Reportez-vous sur cette page si vous voulez en savoir un peu plus.
Toujours est-il qu'on tient dans Fall Of Because le germe de ce que va devenir plus tard Godflesh. Les similitudes de style sont bien sûr évidentes et certaines anciennes chansons de FoB telles que "Devastator", "Merciless" ou "Mighty Trust Krusher" furent même incorporées sur des albums de Godflesh. A cette époque, Justin Broadrick jouait plutôt de la batterie que de la guitare. Ce "Life Is Easy" est le seul témoignage vinylique du groupe et se décompose en deux parties : d'abord une partie studio, qui reprend la quasi-totalité des titres figurant sur la démo de 1986 (8 sur 12 pour être précis), puis une partie live.
Les morceaux studios proviennent d'une session au studio Rich Bitch le 5 novembre 1986, soit quelques mois après que ND ait enregistré la première face de "Scum". Pourtant, la musique n'a pas grand chose à voir avec celle des grindeux si ce n'est qu'elle aussi, est agressive. Cette agression prend des formes très différentes : les rythmes sont répétitifs et lourds, voire lents, les riffs minimalistes et dissonants et les vocaux hurlés. Tous ces ingrédients plantent un décor chaotique, totalement nihiliste et dans lequel la beauté n'a pas sa place. On tient ici un des pionniers du genre qu'on qualifiera ensuite de 'métal industriel'.
Les trois pistes live de cette réédition CD sont également très intéressantes : on trouve d'abord une chanson d'un concert donné le 17 janvier 87, mais le meilleur est encore ce qui suit : deux concerts pris en intégralité (15 minutes chacun), l'un du 16 août 86 et l'autre du 20 décembre 86. Et tenez-vous bien : deux personnes fort connues sont invitées lors du premier concert : il s'agit de Nik Bullen et Mick Harris (soit le line-up complet de ND à l'époque). Cette piste est intitulée 'Fight Show' car il y eut une énorme émeute dans le public ce soir-là. Le deuxième concert porte le nom de 'Xmas special' et fut repris en partie dans une chanson de "Pure" de Godflesh.
Voici une citation tirée du livret : "Le matériel en studio et en live contient énormément de pains et de larsens mais cela ne peut qu'aider à capturer l'age et l'atmosphère de ces enregistrements". Effectivement, le son est un peu crado mais le coeur y est et ça se sent !
En conclusion, je dirai que cet album est fort sympathique pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l'avènement des formes parallèles d'agression musicale. Le grind, j'admets que ça dépote, mais je vous assure qu'un CD comme ce "Life is Easy" vous agresse salement les tympans et vous annihile autant qu'un bon morceau bien speed. Peut être même plus... En fait, je ne sais pas trop. Dans la mesure où je suis moins familier avec l'indus qu'avec le grindcore, cela me choque plus d'en écouter. En tout cas, ça ne me laisse pas indifférent. Idéal si vous voulez vous donner des frissons !
Certaines infos sont tirées du meilleur site sur Godflesh : Crumbling Flesh.