Bill Steer, comme chacun sait, a été un des premiers guitaristes de Napalm Death - il a remplacé Justin Broadrick en 1987 et a participé à "Scum", "FETO" et "Mentally Murdered" avant de partir en 1989. Ce fut surtout un des membres principaux de Carcass, combo génial s'il en est (reportez-vous à la page du groupe grind de Liverpool pour en savoir plus sur le parcours de Bill). Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et Carcass splitte à l'automne 1995. Le groupe va alors se scinder eu deux : Bill d'un côté et les trois autres de l'autre.

Parlons d'abord des "autres" : le bassiste / chanteur Jeff Walker, le batteur Ken Owen et le second guitariste Carlo Regadas partent former Blackstar, qui est le prolongement logique de Carcass. Leur unique album est sorti chez Peaceville fin 97 et c'est un brûlot de heavy metal assaisonné aux vocaux death et l'influence de Thin Lizzy y est prépondérante. Quelque part, c'est un peu un retour à une certaine forme de hard rock ancien. Ne vous méprenez pas, y'a du groove et c'est rempli de gros riffs qui arrachent sacrément, c'est donc plutôt heavy (je vous recommande chaudement ce fantastique LP). Depuis la sortie de cet album, on n'a plus entendu parler d'eux et c'est fort dommage...

Bill, lui, part de son côté et forme dés 1996 un groupe influencé par la mouvance des sixties / seventies. Finalement, les deux clans en présence au sein de Carcass auront évolué sensiblement dans la même direction, à savoir un retour aux bases du hard rock. Ce n'est pas très surprenant car à l'époque où ils étaient dans leur combo grind, les musiciens affirmaient adorer Thin Lizzy et des trucs dans ce genre. Il faut toutefois noter que les goûts actuels de Bill s'orientent plus vers le rock et le blues que le hard rock ou le heavy metal. C'est là toute la différence avec Blackstar, qui conserve un aspect heavy. Les influences de Bill se portent désormais plus sur des groupes comme Free, Cream, Jimi Hendrix, Grand Funk Railroad, Humble Pie... c'est tout dire !

Malgré un investissement certain, Bill a ramé un bon moment avant de revenir sur le devant de la scène. Firebird n'est pas son premier projet post-Napalm. En fait, il a fait plusieurs tentatives qui ont échoué, principalement à cause de la difficulté à dénicher de bons musiciens. C'est la raison pour laquelle il a décidé de faire appel à des types qu'il connaissait et admirait pour son premier album : Leo Smee est un ancien membre de Cathedral et Ludwig Witt a été débauché des Spiritual Beggars. La formule du power trio, c'est encore ce qui convient le mieux au rock dépouillé.

Le premier album éponyme a été enregistré en septembre 1999 au studio Chapel (utilisé par Napalm pour "Inside The Torn Apart" et "Words From The Exit Wound") et produit par John Lee - inconnu au bataillon - Il est sorti sur Rise Above, le label de Lee Dorrian, le 31 juillet 2000. Les deux anciens musiciens de Napalm sont donc toujours en bons termes, ça fait plaisir à voir. On peut également dire que Colin Richardson bénéficie d'un remerciement spécial sur le livret intérieur du CD, ce qui me fait penser qu'il a du beaucoup aider Bill à arriver au bout de ce nouveau projet. L'artwork du livret intérieur est extrêmement dépouillé et proche du style seventies (les couleurs sont très claires, blanches ou jaune orangé ; on aperçoit des silhouettes de colombes !). On peut ajouter que Dave Moore joue de l'orgue et des claviers en tant qu'invité. Ca, c'était pour les crédits.

Parlons un peu de la musique. Je vous avoue que je partais avec quelques a priori, du moins quelques craintes car je ne suis pas grand fan de rock ou de stoner (la désignation actuelle du rock, finalement) et j'ai été agréablement surpris car le résultat est loin d'être molasson. Evidemment, cela n'a rien en commun avec le grind ou le death metal mais on peut y sentir suffisamment de passion pour l'écouter avec attention. On se paye un trip rétro tout au long des 10 titres qui composent "Firebird" (totalisant 45 minutes de musique). La troisième chanson, "Stranger To Himself", est une reprise de Humble Pie. Globalement, c'est totalement dans l'esprit des groupes des seventies : le son est pur et aéré sans être aseptisé pour autant. On dirait que les instruments ont tous été enregistrés en même temps, en live, comme le faisait Led Zeppelin par exemple. Il se dégage une bonne cohésion d'ensemble ; on sent qu'ils s'éclatent à jouer ce style. C'est planant, mélodique, et nuancé : les plans peuvent être softs ou plus emballés, à l'instar des parties instrumentales des groupes de rock progressifs en vogue il y a trente ans. J'attribuerai un bon point à Bill pour ses vocaux car il chante admirablement bien. Je trouve qu'il possède un bon timbre de voix et son chant colle parfaitement à leur style.

Le groupe a continué son chemin et a sortit deux autres albums, l'un sur Music For Nations et l'autre sur SPV / Steamhammer. Le line-up a varié à chaque album et désormais, Bill joue avec son frère Alasdair (bassiste). Bref, Firebird est une expérience intéressante pour tous ceux qui sont ouverts d'esprit et qui cherchent des émotions dans la musique. Idéal si vous cherchez à revenir à l'esprit du rock originel, il y a trente ans de ça.

Site officiel de Firebird


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