Les débuts du groupe Nausea de Los Angeles : le groupe s'est formé en 1987 des cendres d'une autre formation nommée Majesty. Malgré tout ce qu'on a pu raconter sur Nausea au cours du temps, il est incorrect de dire que c'était un projet parallèle à Terrorizer ou un truc dans le genre. Majesty se composait de Oscar (guitare et vocaux), "Cosmo" (guitare) et Eric (batterie). Il n'y avait pas de bassiste !! Nausea avait quasiment la même formation : Oscar (guitares et vocaux), "Cosmo" (basse et cris aigus) et Eric (batterie). A l'occase, Garvey de Terrorizer venait jouer de la basse. Eric raconte : "Un jour, Oscar m'a appelé et m'a proposé de monter un autre groupe. Nous voulions faire un truc différent de Terrorizer, dans un style plus punk et plus engagé politiquement, à la Discharge, et j'étais partant. Le nom du groupe provient du titre d'un morceau d'un de nos vieux groupes préférés, Heresy (web : dans lequel jouait Mitch Dickison de Unseen Terror)".

Examinons la trajectoire de ces groupes : vers 1984-1985, alors que le death metal et les musiques underground extrêmes se répandent petit à petit aux quatre coins du monde (grâce à des formations telles que Death, Master, Repulsion, Deathstrike - aux USA - Napalm Death, Azaghtoth, Extreme Noise Terror, Doom - en Angleterre) et que même le Japon connaît l'émergence d'un courant nommé noisecore (avec Kudo, Death Side, puis plus tard S.O.B.), c'est à Los Angeles que Majesty voit le jour en 1986, parallèlement à d'autres formations thrashcore telles que Blood Cum, Infamous Symphony et Apocalypse qui s'inspirent toutes de l'agression, de la brutalité et de la rapidité de Slayer. Majesty laissa son empreinte sur le circuit underground grâce à la démo "Bestial Vomit" composée de cinq morceaux évoluant largement dans la veine de Master - en ce qui concerne les riffs et la manière de chanter - avec beaucoup de titres mid-tempo qui pulvérisaient, un peu comme Hellhammer (pre Celtic Frost).

Après l'aventure Majesty, Oscar forma un autre groupe avec Jesse Pintado (guitare), Pete Sandoval (batterie) et Garvey (basse). Terrorizer était né. C'est dans cette formation que Sandoval chercha à repousser les limites de la batterie en jouant beaucoup plus rapidement que Master ou Majesty. D'un autre côté, la démo de Nausea sortie en 1988 rappelle bien plus Repulsion que Terrorizer (Repulsion étaient les pionniers de la rapidité et ils venaient de la côte est des USA).

En 1987, comme je l'ai dit ci-dessus, Oscar et Eric formèrent Nausea. Ils s'acoquinèrent une fois de plus avec Cosmo (ex-Majesty) qui se chargea de la basse. Rapidement, ce nouveau trio grind développa son propre style. Nausea était un des groupes underground les plus importants de Los Angeles et ils jouèrent leur mélange de crust / grind industriel jusqu'en 1994. A leurs débuts, surtout, Nausea avait quelques points communs avec Terrorizer, principalement parce qu'Oscar jouait dans les deux combos : il dispensait le même genre de riffs et de paroles (avec une optique sociale pessimiste, un peu comme Discharge). Eric, qu'on surnommait au début "Mr. Blastbeat", possédait un style de jeu original et avait plein d'influences jazzy (héritées de son père, un batteur latino). Concernant Oscar , on lui demanda, après le split de Terrorizer, de participer à l'enregistrement d'un album posthume intitulé "World Downfall". Si vous écoutez bien cet album, vous vous apercevrez que certaines chansons ont en fait été écrites par Nausea ! En effet, il n'y avait pas suffisamment de chansons écrites et, afin de compléter l'album, Oscar amena des titres tels que : "Corporation Pull-In", "Need To Live", "Condemned System" et une paire d'autres.

La seconde partie de la carrière de Nausea fut marquée par l'arrivée du guitariste Vito Tagliente et quelques changements de bassistes, Nausea essayant de se constituer un line-up solide. Concernant Jesse, il n'a jamais vraiment fait partie du combo mais il traînait toujours dans les parages. Comme chacun sait, il partit de Los Angeles en juillet 1989 pour rejoindre une célèbre équipe qui faisait elle aussi beaucoup de bruit... ...du nom de Napalm Death !

Par conséquent, le line-up se stabilise à partir de 1989-1990 avec la venue de Vito, qui semble avoir amené un semblant d'innovation au sein du groupe. Après une démo enregistrée en répétition et intitulée "Mind Dead" qui affichait un léger changement de style, Nausea décrocha un contrat avec le label Wild Rags, qui était assez réputé à cette époque car il avait déjà sorti beaucoup d'albums. Le résultat de cette union porta le nom de "Crime Against Humanity" et sortit en 33 tours et en CD. Il fut distribué aux USA mais également en Europe et rendit enfin justice au vrai groupe qui, à la différence de Terrorizer, continuait de faire vibrer la scène grind de L.A. (en compagnie de formations comme Excruciating Terror, Phobia, Sadistic Intent ou Demolition).

Vers 1991, Nausea prit Armando Morales comme bassiste. La même année, ils enregistrèrent "Psychological Conflict",  un single contenant deux titres inédits. ce disque très rare est sorti sur Baphomet Records, un label fantomatique dirigé par un pote de Vito qui était auparavant dans Sadistic Intent. Une autre cassette live complète la disco de 1991, pour la plus grande joie des tape-traders de la planète entière qui purent rentrer en contact avec Nausea.

Immédiatement après la sortie de l'album, la bande fut rejointe par Javier Arqueros, l'ex bassiste d'un combo très prometteur nommé Excruciating Terror (ils venait d'enregistrer leur premier mini album, "Legacy of Hate", sorti en 1991). Javier s'intégra parfaitement au reste du groupe et Nausea fut désormais en mesure de dispenser un style rajeuni et mature, puisant toujours ses racines dans le bon vieux grindcore mais en ajoutant des parties noisy et des sons bizarres, un mélange qui pourrait selon moi être comparé au combo noise japonaise de "post-grind", Zeni Geva.

Après la sortie de l'album, le groupe travailla sur un EP intitulé "Tumor" qui aurait du sortir sur Wild Rags mais il ne vit jamais le jour, Nausea rompant le contrat qui le liait à ce label car ils étaient mécontents de leur travail. Ils sortirent toutefois cet enregistrement sous le nom "Tumor demo" en 1992 et elle circula dans les réseau de tape-trading, bien qu'il y en ait peu d'exemplaires. Deux autres cassettes démos furent enregistrées mais ne virent jamais le jour, jusqu'à ce de la démo "Last" en 1994 ne vienne mettre un point final à la carrière de Nausea - après sept d'années d'existence. Au cours des années, plusieurs disques pirates auront vu le jour, certains de bonne qualité, d'autres merdique. Si on ne doit en retenir qu'un seul, on citera les légendaires split demos de Nausea et Terrorizer sorties en vinyle en 1991. Même si ce disque était un pirate, cela nous a permis à nous autres, fans européens, de pouvoir entendre les deux meilleurs groupes cultes de L.A. avec un excellent son brut !

Heureusement, on a assisté à un incroyable come back en 2001, exactement avec le même line-up qu'avant leur split, sauf que maintenant ils sont plus forts que jamais ! Tous les enregistrements qui étaient passés à la trappe firent l'objet d'une sortie officielle en CD, via un récent label du nom de Collapsed Unity (une sous-division du label Halflife), et sont regroupés sur le CD "The Suffering Continues". Le reste de leur histoire se conjugue au présent. Juillet 2003 : Nausea vient juste de donner un concert avec Genocide (alias Repulsion) à l'occasion de leur tournée de reformation qui passait par Los Angeles. Qui peut prédire le futur ? Pour l'instant, contentons-nous d'acclamer ce come back (inattendu mais bienvenu). Nausea continue plus fort et plus heavy que jamais !

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Pier Libero, août-septembre 2003


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