Righteous Pigs, littéralement "les sales
types
vertueux", quel patronyme étrange ! Cette antinomie fait qu'on a tendance à
retenir le nom de ce combo plus facilement que les autres. Et c’est pas plus mal
car il a été injustement méconnu.
Que peuvent bien faire de jeunes ados fans de metal dans une ville comme Las
Vegas ? Il n’y a rien à part des casinos (où l’on ne peut mettre les pieds si on
a moins de 20 ans), des machines et à sous à perte de vue… et le désert tout
autour. Devant ce constat affligeant, Mitch Harris et Joe Caper, deux camarades
de classe, se lient d’amitié après avoir constaté qu’ils partageaient la même
passion pour des groupes comme D.R.I., Hellhammer, Cro-Mags ou Kreator.
Rapidement, ils décident d’imiter leurs aînés en créant leur propre groupe et
recrutent Kevin Leonard à la basse et Mike Williams à la batterie. Exoterracy
voit le jour début 1986 et donne un unique concert. Préférant un nom plus
accrocheur, ils optent pour Righteous Pigs. Entre-temps, Mike s’en va et est
remplacé par Scott Leonard (qui était probablement le frère du bassiste) et fin
86, ils enregistrent leur première démo et donnent cinq concerts.
Mitch sent qu’il faut passer la vitesse supérieure. Désirant plus que tout que
les choses décollent pour sa formation, il envoie leur démo à plein de labels
aux quatre coin du monde. Etant un fan absolu de Napalm Death, il contacte
évidemment Earache mais son dirigeant, Digby Pearson, ne donna pas suite car il
trouvait les textes du groupe trop sexistes (la chanson "Joint Effort" en
est le parfait exemple). C’est finalement Nuclear Blast, un
jeune label allemand spécialisé dans le metal extrême (Disharmonic Orchestra,
Master, Pungent Stench...),
qui décroche la timbale.
Le groupe se prépare alors à enregistrer un premier opus. Néanmoins l’année 1987
va être chargée en rebondissement car la valse des batteurs va battre son
plein : Scott s’en va pour être remplacé début 87 par Joe Ayoub (3 concerts)
puis il revient, puis repart à nouveau (sans même avoir donné un seul concert –
mais en ayant enregistré les 3/4 des parties de batterie du premier album) puis
Greg Falzone prend sa place et finit l’album. Question bassiste, c’est plus
calme : Kevin s’en va (non sans avoir enregistré deux morceaux du premier album)
et Stephen Chiatovitch lui succède. Mitch et Joe sont toujours les deux têtes
pensantes de R.P. et arrivent tant bien que mal à terminer ce disque, dont la
sortie se voit finalement repoussée à l’année suivante.
"Live And Learn" est un album brouillon et doit être pris pour ce qu’il
est : le désir d’émancipation de 4 musiciens novices. La production est
relativement mauvaise et l’interprétation souffre de multiples approximations.
Mais ce n’est pas ce qu’il faut retenir de ce disque. Ce qui frappe, c’est le
caractère spontané, imprévisible et méchamment vicieux des chansons. Les textes
sont plutôt provocateurs, à l’instar de "I Hope You Die In A Hotel Fire",
"Celibate Tease" ou "Stone Cold Bitch".
Musicalement, ça lorgne plutôt vers le thrashcore, une forme de thrash metal
particulièrement rauque. On peut noter qu’il y a des blast beats de ci de là
(l’influence de Mitch en tant que fan n° 1 de Napalm Death). Le disque fait un
carton dans l’underground et les exemplaires sont vite épuisés, obligeant
Nuclear Blast à rééditer le disque quelques mois plus tard.
Bizarrement, Righteous Pigs n’a pas donné énormément de concerts suite à cet
album. Etait-ce par manque d’opportunité ? A cause d’obligations extérieures
(les musiciens ne sont toujours pas majeurs) ? Toujours est-il que durant
l’année 1988, Greg Falzone s’en va et est remplacé par Alan Strong. Entre-temps,
Mitch fait la connaissance de Mick Harris, alors batteur de Napalm Death. Ce
dernier veut visiter l’Amérique et, forcément, Mitch lui propose de squatter
chez lui. C’est à ce moment qu’ils décident de former Defecation (toutes les
infos sur cette page).
Righteous Pigs va alors enfanter son deuxième album au doux nom de "Stress
Related". Cette fois-ci, les progrès sont notables, de l’artwork (la
pochette est fantastique !) à la composition en passant par le son. Les chansons
sont bien plus efficaces, de "Boundries Unknown" à "Overdose" en
passant par "Crack Under Pressure". La musique de Righteous Pigs
devient vraiment intéressante, certaines rythmiques sont swinguantes, légèrement
décalées, le tout entrecoupé de bons breaks de batterie et d'accélérations dans
le plus pur style grindcore. Mitch chante parfois et il assure de bonnes lignes
vocales. L'album est enregistré le 31 octobre 1989, le jour d'Halloween - et,
accessoirement, l'anniversaire de Mitch qui fête ses 19 ans. Malheureusement,
cet album ne sera pas défendu. En effet, Bill Steer vient de quitter Napalm
Death et Mick Harris, le compère de Mitch au sein de Defecation, lui demande
d'intégrer les rangs des grindeux. C'est une surprise pour Mitch, qui ne
s'attendait pas à avoir un jour l'opportunité de jouer dans son groupe préféré.
Et même s'il est très attaché à Righteous Pigs, il ne peut refuser une telle
offre. Il choisit donc de finir ce deuxième album, car cela représente quelque
chose de très important pour lui, puis se rend en Angleterre dés la fin des
sessions en studio.
R.P. est mort quand Mitch a rejoint Napalm. C’était le seul mec motivé, les
autres étaient partants pour jouer mais pas pour se farcir la promo et les
aspects ennuyeux du music business. Un autre album aurait peut être pu voir le
jour, mais le planning très chargé de ND a empêché une nouvelle collaboration.
Je pense que ça aurait pu devenir un très grand groupe si Mitch n'avait pas
quitté le navire. Bon, heureusement, il n'est pas parti pour rien... après tout,
l'héritage qu'il a laissé dans Napalm est largement suffisant ! Depuis, le
statut de R.P. est devenu quasi-légendaire. Phil Anselmo, l'ancien chanteur de
Pantera - actuellement dans Down et Superjoint Ritual - ne tarit pas d'éloges à
leur égard ! S'il y avait une reformation, il y participait à coup sûr.
Plus récemment,
Joe Caper et Alan Strong ont enregistré un album en 2002 (visitez son site sur
cette page). Mitch
est toujours très pote avec Joe et ne manque pas de passer de bons moments avec
lui chaque fois qu’il rentre voir sa famille à Las Vegas.