Michael John Harris a quitté ND courant 1991 car il ne désirait plus jouer le grindcore débridé que les anglais pratiquaient depuis leur début (NB : il est ironique de constater que le terme même de "Grindcore" a été inventé par le batteur en personne, puis repris et galvaudé par tout le monde). Mick pensait que Napalm Death était arrivé en bout de course, qu'il n'avait plus rien à proposer, et qu'il fallait s'orienter vers tout autre chose : ralentir les rythmes, incorporer des samplers... Le reste du groupe étant d'un autre avis, il dû partir. Afin de laisser libre cours à ses pulsions musicales, il a monté son propre projet avec son vieux compère Nick Bullen. Et oui, deux membres fondateurs de Napalm Death à nouveau réunis !

Il faut savoir que Mickey est un musicien complètement autodidacte. Il est arrivé dans Napalm alors qu'il ne possédait même pas son propre drum kit ! Il a appris à jouer de la batterie tout seul comme un grand, il a tâté aussi de la guitare, et s'est initié petit à petit aux sons électroniques, notamment par Justin de Godflesh. On assiste sur le premier album de Scorn, "Vae Solis", à un mélange de sonorités diverses, parfois assez angoissantes. On sent que le groupe louvoyait entre l'industriel et le metal, et l'ombre de Godflesh planait sur l'album (avec Broadrick comme invité, le contraire eut été étonnant). D'album en album, Scorn a injecté des touches de mélodies dans sa musique et l'optique actuelle est plus tournée vers l'ambient dub et le drum'n'bass, créneaux musicaux beaucoup plus abordables. La musique de Scorn est surtout caractérisée par une basse omniprésente, des rythmes lancinants accompagnés de vocaux plus parlés que chantés, et des sons qui viennent se greffer les uns aux autres pour emplir tout l'espace au fur à mesure que la chanson s'écoule. Mais Scorn est loin de sonner commercial car ses chansons restent très sombres et intimistes.

Quant aux concerts du groupe, ils se déroulent dans une pénombre semi totale ; Mick a juste suffisamment de lumière pour mixer sur sa platine. La basse vrombit littéralement et il se dégage une très forte sensation d'hypnotisme. Le public est posé à même le sol, écoutant passivement en fumant des pétards. Quel différence par rapport aux gigs de ND... Joli parcours, Mick !

Artistiquement parlant, le groupe est très prolifique et obtient un succès de bon augure auprès de divers publics, bien qu'il reste underground de par son côté sombre dont je parlais ci-dessus. Personnellement, j'apprécie beaucoup Scorn maintenant. Cela m'a ouvert à d'autres horizons musicaux et je trouve ça génial. De plus, je respecte la démarche de Mick. Il a su écouter son coeur et tenter sa chance hors de Napalm Death, quitte à rencontrer moins de succès avec son projet. Mais il a constamment repoussé les barrières musicales en vigueur, et c'est assez rare pour ne pas être noté. Essayez, vous verrez... Vous l'adopterez !


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