THE FAB GORE

Interview de Jeff Walker menée par Pierre Watremez, parue dans Metal Attitude vers Octobre / Novembre 1993. Il manque le début mais la majeure partie est là...


Vous travaillez depuis quelques années avec Colin Richardson. Quels sont les points forts de cette alchimie ?
Nous l'avons rencontré en 1989, c'est vrai qu'il a produit tous nos albums depuis le début et je dirais même que nous avons été l'un des premiers groupes à avoir eu recours à ses services. Il a beaucoup de qualités en tant que producteur, mais nous apprécions également beaucoup de travailler avec lui pour ses qualités d'ingénieur du son. Au départ, on avait aimé son boulot avec des groupes comme Joy Division ou Discharge.

Votre musique et votre son ont pourtant beaucoup évolué le début et Heartwork se démarque encore plus du reste...
Je dois dire que nous ne sommes pas les seuls à avoir progressé car Colin a fait lui aussi d'énormes progrès au fil des ans. Il a beaucoup plus d'expérience et nos relations de travail se sont également pas mal améliorées. Il existe une réelle entente entre nous, Colin comprend la musique que nous jouons... Nous avons pensé à produire cet album tout seuls, mais ce que nous avions fait en studio ne sonnait pas de la même manière et nous manquions de connaissances, d'expérience en matière de mix, ça demande trop de concentration.

Musicalement, Carcass est plutôt catalogué "grindcore" mais pourtant, Heartwork marque un retour au heavy metal traditionnel...
Well, I mean... Je ne sais toujours pas ce que grindcore veut dire ! (le bougre est comme Mr Jourdain, il faut du grindcore sans le savoir !). Lorsque nous avons démarré, les gens ont commencé à nous sortir que nous étions grindcore, puis death metal. Avec notre deuxième album, on était soi-disant encore plus death. C'est étrange, pour le nouvel LP, tout le monde nous sort qu'on est plus heavy metal...

Même si la voix dégueule toujours bien, le travail des guitares est quand même orienté heavy metal, reconnais-le !
Bien sûr, je dirais qu'il s'agit d'un style plus traditionnel, mais je crois fermement qu'on a toujours été des heavy métalleux. On était plus jeunes, plus primitifs, ah, ah ! On était surtout incapables de jouer proprement. On a grandi avec le heavy metal et le punk et on en est marqués à vie. C'est vrai que la production est meilleure, que les chansons sont meilleures, que les musiciens jouent mieux. Tout est bien mais en fin de compte, on n'a pas changé tant que ça ! Il faut évoluer et devenir meilleur.

Le chant, lui, n'a pas évolué et reste dans le même registre...
Absolument, on voulait sonner de manière très agressive, plus brutale que jamais. Ouais en fait, je crois qu'on a vieilli et qu'on est devenus meilleurs. On ne s'est pas réunis pour se demander comment on allait pouvoir améliorer notre musique, c'est quelque chose qui s'est fait tout seul dans le temps de manière très régulière. On n'est pas des gens cyniques ni calculateurs.

Heartwork a-t-il été un album facile à réaliser ?
Yeah... je crois. Je dis ça en précisant qu'on n'est pas du genre à faire les choses avec nonchalance. Il faut être bien préparé pour que les choses se passent en douceur. Je pense que si tu te pointes en studio sans être sûr de toi, ça peut effectivement être dur, mais on était prêts et on n'a pas eu la moindre pression. Nous sommes restés un mois en studio et tout a bien roulé parce que nous avions certains trucs en chantier depuis deux ans et qu'on a commencé à écrire de nouveaux titres dés la sortie de notre précédent disque. On était vraiment dedans car on avait joué la plupart des chansons du nouvel album sur scène avant d'aller les enregistrer en studio, lors de notre tournée en Allemagne en avril dernier.

Ces titres ont dû subir quelques changements en deux ans...
On n'a rien changé à ce qu'on avait fait au départ. Beaucoup de groupes changent leurs chansons au fur et à mesure mais ça fonctionnait bien comme c'était... En studio, chacun a fait ses parties à son tour, en commençant par la batterie. Par contre, on n'a pas utilisé de click-track. On était au point parce qu'on avait fait une démo de chaque titre en 24 pistes avant de faire l'album, il fallait juste rester rigoureux et concentrés. On ne pouvait pas se permettre de merder car on n'avait pas beaucoup de temps en studio et aucune chance d'avoir une rallonge. Je crois pourtant que c'est le meilleur album que nous ayons jamais enregistré et j'en suis très fier.

Es-tu sûr que le public va suivre ?
...Yeah ! Absolument. Je persiste à penser que nous n'avons pas changé tant que ça et les fans de Carcass ne devraient pas avoir de difficultés à nous suivre. Je suis sûr qu'ils vont aimer ce disque. On ne cherche pas à inventer un nouveau style, la voix est la même, les guitares sont très agressives, l'album est varié, avec des passages lents et rapides, c'est toujours le même groupe...

L'album sort également aux States, quelles sont les chances de Carcass là-bas ?
Qui peut le dire ? On n'avait pas cette perspective en tête au moment où on enregistrait l'album, mais Heartwork est distribué aux States par Columbia et nous sommes déjà allés jouer là-bas deux fois. Ca avait bien marché, on peut rester confiants. Ce qui est cool aux States, c'est que les amateurs de musique sont beaucoup moins obtus du point de vue musical et les concerts peuvent rassembler des groupes totalement différents. Ca permettrait à un groupe comme le nôtre de toucher un public différent et beaucoup plus large. Mais l'important, c'est d'avoir la meilleure distribution possible. Nous restons chez Earache pour l'Europe et c'est tant mieux, mais grâce à Columbia l'album sera mieux mis en place aux States. Nous sommes bien sur notre petit label européen. Les grosses boîtes, c'est cool, mais en définitive, la seule chose qu'ils savent faire mieux que tout le monde, c'est te flanquer un bon coup de pied au cul dés que tes ventes ne rentrent plus dans le cadre de leurs objectifs !

Vous allez sortir une vidéo ?
Oui, pour le title-track, "Heartwork". On doit la tourner prochainement, dans le courant du mois de novembre. Pour l'instant, on finit d'assurer notre promotion sur l'Europe, ensuite on part pour l'Amérique où on va faire la vidéo et encore de la promo. On doit également y jouer... On reviendra en début d'année sur l'Europe puis la tournée débute en janvier. Après ça, on fait aussi le Japon. Je suis sûr que cet album va marcher et que Carcass va faire un bon petit carton. Je ne dis pas qu'on va en vendre des tonnes, mais c'est un 'killer album' quel que soit le point de vue selon lequel tu te places, ça, j'en suis sûr ! ! !


Retour