MEATHOOK SEED

Interview de Mitch Harris menée par Phil Alexander, parue dans un numéro espagnol de Kerrang ! courant 2000

"Quand j'avais dix ans, j'ai vu le film "La fuite de Logan" et je me suis dit "Allez ! Je me demande si je vivrai assez longtemps pour voir l'an 2000. Si c'est le cas, comment sera la musique ? Ce disque est précisément ce que je voulais entendre" (Mitch Harris se rappelant des souvenirs d'enfance)

"Basic Instructions Before Leaving Earth" est l'album en question. La seconde offrande futuriste de Meathook Seed contient douze chansons qui abordent des influences aussi disparates que NIN, Voïvod, Jane's Addiction, The Young Gods et "les petits détails typique de la trance" comme le confesse Mitch.

"Dans ce disque, il y a beaucoup de chansons qui ne rentraient pas au début. Il y a aussi des choses qui sont éloignées de la musique. Il s'agit de poser des questions qui donneront des réponses qui se transformeront en questions encore plus importantes. Ca a quelque chose à voir avec la liberté de penser" indique t-il avec parcimonie.

Musicalement, Meathook Seed est une expérience intensément libératoire et personnelle qui a permis à Mitch de s'évader temporairement de son groupe principal, puisqu'il est membre des légendaires Napalm Death, pour créer ce qu'il définit comme "un résumé de mes influences préférées".
Bien que j'ai grandi en écoutant du métal, j'aime aussi des groupes comme Cocteau Twins, Lush, Jane's Addiction ou les Smashing Pumpkins. Depuis quelques années, j'attendais un groupe qui me fasse vibrer, et la seule personne qui y est arrivé, c'est Björk. Cela m'a aidé à changer de perspective, et ça m'a aidé à définir ce que je voulais faire avec Meathook Seed d'un point de vue artistique."

Ainsi, ceux qui cherchent la démolition sonore de Napalm Death dans "Basic Instructions..." en seront pour leurs frais. Au contraire, ils trouveront un album aussi bien heavy que teinté d'ambiances, qui commence par la mélodie spatiale de "Civilize The World" en ouverture jusqu'au titre néo-métal/new wave "Push Away", en passant par l'hymne ensorcelant de "Black Sky". L'incarnation actuelle de Meathook Seed est, d'après cet obsédé musical qu'est Mitch, "une authentique réunion de personnalités".

L'histoire du groupe remonte à 1997, quand Mitch s'est joint à Ian Treacy (batterie) dans un local de répète de Birmingham. Avant de recruter Christophe Lamouret (vocaliste de Out), ils avaient déjà écrit vingt chansons. Après avoir échangé leur cassettes et leurs impressions, Chris est devenu membre du groupe, ils se sont réunis quatre jours durant pour répéter, puis le groupe est allé en studio pendant deux semaines. "Tout a été incroyablement vite" se souvient Christophe. "Mitch est un torrent d'idées, et mon rôle consiste à essayer de structurer ses idées avec mes mélodies, qu'elle que soit la forme que cela prend." C'est la même chose pour Russ Russell, qui a commencé par travailler comme producteur du disque avec Simon Efemey, pour finalement rejoindre le groupe comme programmateur et directeur technique. "Mitch travaille très rapidement car il est systématiquement en train de penser à la musique. Quand je l'ai connu, je me suis rendu compte de tout ce que nous avions en commun. Vers la moitié de l'enregistrement, il est venu me voir et m'as demandé : 'es-tu des nôtres ?' 'Je crois que oui !'." Shane Embury, le bassiste de Napalm, est la dernière pièce du puzzle. "Dans ce groupe, on vient tous du même endroit" dit Mitch en souriant. "Il m'a fallu six ans pour organiser mes idées. J'ai analysé la musique et la scène pendant longtemps et je me suis rendu compte qu'il y avait plein de groupes qui étaient bons pour faire des sessions photos mais qui manquaient cruellement de contenu. Moi, ce n'est pas mon truc. Les gens commencent à s'en rendre compte."

Meathook Seed : que la vérité soit faite.