Est-ce que je n'écoute que Napalm Death ?

Cette question m'a récemment été posée et, une fois de plus, je trouve ce sujet digne du plus grand intérêt. Je vais donc essayer de vous faire partager ma vision des choses...

Explication sur mon parcours de fan de musique :
Tout d'abord, il vous faut savoir que je suis fan de hard rock depuis mes 13-14 ans (quel âge j'ai ? Reportez-vous à cette page pour le savoir !) et j'ai un sentiment d'allégeance extrêmement fort vis-à-vis de cette musique. C'est vraiment ma musique de prédilection et je suis fier de revendiquer l'identité métal. Je considère que ce courant est un des plus vitaux de la musique contemporaine.

J'ai commencé en écoutant des groupes tels que Iron Maiden, Scorpions, Ozzy, Def Leppard, Metallica et Motörhead... Les jeunes qui lisent ça doivent rigoler et se dire : "Ouah, ces combos sont des putains de dinosaures !". C'est un peu vrai, même si certains ont conservé un bon niveau de popularité. Mais tout dépend du parcours de chacun. Pour moi, lorsque j'ai commencé, les ancêtres du métal étaient des groupes comme Deep Purple, Led Zeppelin ou Kiss. J'avais une vision rétrograde de leur musique et j'avoue ne pas m'être trop investi dans l'écoute de leurs disques. C'est dommage car ils possèdent tous des qualités...

A cette époque, c'est à dire dans les années 80, les courants étaient plus divisés : les groupes cools étaient vraiment cools et les groupes brutaux étaient vraiment brutaux. D'un côté, il y avait des trucs glam rock ou hard FM et de l'autre, du thrash metal avec les Metallica, Slayer, Megadeth et consorts... Le public était assez divisé et il fallait choisir son camps. J'étais définitivement plus porté vers le courant bourrin et c'est tout naturellement que je me suis initié aux charmes de Destruction, Kreator et Sodom... mais je ne me suis jamais laissé piéger dans un style en particulier et j'ai toujours su accorder de l'attention à des combos hard rock comme AC-DC, Whitesnake, des trucs heavy metal à la Maiden, Helloween ou Manowar, des maestros ès guitare tels que Satriani, Vai ou Malmsteen. Petit à petit, la musique s'est radicalisée et la scène death metal a acquis ses premières lettres de noblesse grâce à ces fantastiques groupes que sont Possessed et Death. Je m'y suis mis petit à petit et j'ai commencé à apprécier ça. Le grindcore n'était même pas encore apparu sur la scène...

Fin 90, Napalm a lâché Harmony Corruption et il était clair qu'ils se situaient un échelon au-dessus du death metal. C'était encore plus bourrin. J'ai commencé à m'y intéresser peu à peu, plus par curiosité de mélomane que par amour réel de la musique. J'adorais des formations comme Tankard ou Sacred Reich (ainsi que tous les autres groupes de thrash que j'ai cité ci-dessus) et au départ, je trouvais que les blast beats étaient trop rapides et enlevaient de la dynamique aux morceaux ! Je pense qu'écouter du grindcore demande un investissement certain : ce n'est pas une musique accrocheuse, il faut faire l'effort de déchiffrer ce qui se trouve sous ce mur de bruit. Tout le monde n'a pas la volonté d'y arriver. Mais la musicalité est bien là et ce n'est pas juste que du bruit. Il faut croire que j'avais la volonté suffisante car je suis rapidement tombé accro de cette mixture infernale et c'est devenu un de mes groupes préférés. L'explication détaillée de mon parcours sur les traces de Napalm figure sur cette page.

Ce n'est pas pour autant que j'ai arrêté d'écouter les autres groupes. Pendant dix ans, je suis resté très curieux de tout ce qui se faisait dans le métal et j'ai acheté intensivement des albums aussi brutaux (toute la scène grind et des groupe plus récents comme Fear Factory ou Meshuggah) qu'alternatifs (une partie de la scène grundge, des combos comme Fishbone, Primus...) ou traditionnels (Gamma Ray, Savatage...). J'ai même été sacrément gourmand car j'ai dépensé des fortunes en disques ! Ce n'est que récemment que j'ai senti mon intérêt pour la scène métal décroître légèrement. Je n'ai jamais été trop fan de black, de power et de néo métal et j'ai un peu l'impression que les groupes sacrifient la créativité à l'image, que l'attitude rebelle est un cliché destiné à vendre plus. Bref, qu'il y a moins de sincérité qu'avant. Suis-je devenu un vieil hardos passéiste ? Peut être mais pas forcément. Lorsque la musique est bonne et qu'elle dégage, je m'incline. Mais je suis beaucoup plus dur à convaincre qu'avant... que voulez-vous, Napalm Death est ma référence et ils placent la barre assez haut !

Je tiens à ajouter que si j'ai été autant attiré par Napalm depuis 1997, c'est parce que j'ai compris la démarche du groupe (je sais qu'ils veulent évoluer mais leur identité restera ferme, elle ne changera pas du jour au lendemain) et je la cautionne à 100 %, ce qui n'est pas le cas des autres groupes (mon opinion est bien sûr personnelle et subjective). J'ai été convaincu par la longévité de leur parcours, preuve de la foi en leur musique.


Est-il judicieux de n'écouter que Napalm Death ?
Je me souviens avoir vu un gars en 1992 qui n'écoutait absolument que ça mais il était un peu déjanté, il se défonçait à l'acide et jouait avec les grenades qu'il trouvait dans les champs (il habitait vers Verdun). A ce moment-là, je connaissais déjà le grindcore mais j'écoutais plein d'autres trucs dans le métal et je m'étais dit : "putain, ce mec est grave ! Je me demande si c'est le fait d'écouter du speed tout le temps qui le rend comme ça". C'est vrai qu'il avait l'air un tantinet limité émotionnellement mais ce n'est pas pour ça qu'il fallait l'étiqueter comme je l'ai fait ce jour-là... ...parce que à moi aussi ça m'est arrivé.

Comme je le disais, j'ai toujours été varié musicalement, mais il est vrai que j'ai eu une grosse période Napalm Death qui a duré presque un an et durant laquelle je ne pouvais rien écouter d'autre. Tout me paraissait fade, je ne ressentait pas le fameux 'cutting edge' (l'aspect tranchant). J'en écoutais donc à longueur de journée, même le matin avant d'aller bosser et le soir avant d'aller se coucher ! Le problème est que ça a fini par me rendre partial sur certains points, je commençais à devenir intolérant, je n'avais que le mot "napalm" à la bouche et j'emmerdais littéralement les autres. J'ai fini par m'en apercevoir... et j'ai tenté de rectifier le tir (d'ailleurs, je ne cherche plus à convaincre ou à convertir qui que ce soit, désormais j'en parle uniquement quand on me demande mon opinion). Il faut dire qu'à un moment donné, ç'était tellement poussé que ça en devenait appauvrissant : j'étais très calé sur le sujet mais je sentais que je n'accordais pas assez d'attention à certains autres aspects de ma vie et que, finalement, je laissais passer le temps sans en profiter vraiment. C'est pour ça que j'ai levé le pied à ce niveau. Mais ma foi en Napalm n'a pas baissé, bien au contraire. Elle en a été renforcée.

A l'heure actuelle, je ressens le besoin d'écouter un peu de tout, des trucs expérimentaux (de Godflesh, Scorn et Fall Of Because à Aphex Twin), des trucs mainstream (Cranberries...) et du speed (surtout des vieux trucs), et principalement Napalm. Je peux passer de The Gathering à Morbid Angel en un clin d'œil, repartir sur Björk, enchaîner avec un bon vieux A-Ha puis revenir au métal via Testament, au punk via Extreme Noise Terror et au punk rock avec Therapy ?, me mettre de l'ambient et m'achever sur du Napalm.... Les combinaisons sont infinies ! Mais j'ai deux (faux) problèmes quand j'écoute ND : premièrement, j'ai beaucoup de mal à trouver un truc correct pour enchaîner. Il n'y a pas beaucoup de groupes métal qui atteignent leur intensité. A la rigueur, je préfère enchaîner avec un truc calme (encore faut-il arriver à se calmer !). Le deuxième problème va vous paraître con : je n'arrive pas à écouter ça passivement. Dés que le skeud commence, je chante avec Barney, je pogote et j'headbange jusqu'à l'épuisement. Je me suis même surpris, ces derniers temps, à refuser d'en écouter parce que je n'avais pas assez la pêche ! Mon écoute est donc plutôt 'active'. A côté de ça, j'en ai tellement bouffé que j'ai constamment des riffs en tête et je peux m'en passer pendant un ou deux jours sans que ça me manque.

Ce qui est sûr, c'est que Napalm m'a permis de faire la part des choses. Les musiciens du groupe sont très ouverts d'esprit et écoutent beaucoup de courants divers. Grâce à eux, j'ai connu Jane's Addiction, Cocteau Twins, Lush, Godflesh et plein d'autres trucs. En outre, Mitch m'a convaincu qu'on pouvait être fan de Napalm sans pour autant se contenter de n'écouter que du grind. Avant, je ne voulais entendre que du hard rock et rien d'autre. Je déconsidérais un peu les autres formes musicales même si ça m'arrivais d'écouter des trucs cools comme Cabrel ou Pink Floyd de temps en temps, principalement quand je n'avais pas le moral. Désormais, je suis plus critiques à l'égard de certains groupes metal - notamment les copieurs. Je recherche les meilleurs de chaque style, peu importe qu'ils jouent une musique largement popularisée ou élitiste.

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