Voici la traduction du livret intérieur de
"LEADERS NOT FOLLOWERS" :

Les commentaires ci-dessous sont l'oeuvre de Borivoj Krgin, un américain mordu de metal underground qui a joué un très grand rôle dans l'expansion du style et dans la reconnaissance de nombreuses pointures de la scène extrême telles que Sepultura, Slayer, Napalm Death...


Première partie du livret :
Présentation du contexte

En grande partie grâce à Metallica (dont "No life 'til leather", la démo de 1981, fut sans conteste la cassette la plus échangée de tous les temps) puis plus tard - quoi que à plus petite échelle - grâce à leurs pairs tels que Destruction, Exodus, Possessed, Sodom, Death et Morbid Angel, le réseau du tape trading progressa d'une façon exponentielle durant la deuxième partie de la dernière décennie, permettant de ce fait aux fans tout autour du globe de rentrer en contact les uns les autres tout en aidant à répandre la bonne parole sur les groupes extrêmes les plus prometteurs qui n'avaient pas le luxe d'avoir une maison de disques.

C'était précisément par le biais de notre intérêt commun pour le tape trading que je suis rentré en contact pour la première fois avec une paire de collectionneurs de cassettes du Royaume-Uni ayant pour nom Shane Embury et Bill Steer. A cette époque (1984/85), Shane jouait aussi dans Warhammer, un groupe excellent qui montait et dont la démo, "Abattoir of death", était une de mes préférées, tandis que Bill allait ensuite éditer son fanzine Phoenix Militia. Bien que nous n'ayons correspondu que pendant une période de temps relativement courte, Bill et Shane étaient suffisamment connus au sein du réseau du tape trading pour que je puisse suivre leurs activités à la trace même après avoir perdu contact avec eux, et je n'ai absolument pas été surpris d'apprendre par la suite qu'ils avaient tous les deux été impliqués dans Napalm Death (et Bill dans Carcass également), un groupe qui avait la réputation d'être un des plus intenses et un des plus extrêmes jamais vu.

Etant éditeur de fanzine de mon état (de Violent Noize, la bible autoproclamée du death metal), j'ai passé un temps fou à rechercher de nouvelles musiques et à suivre mes groupes préférés en tournée. L'étape suivante m'amena à Birmingham en avril 1987 pour voir Slayer donner un de leurs premiers concerts anglais en support de leur album monumental, "Reign In Blood".

Pendant le set de Slayer, un petit gars rasé et ayant une personnalité hyperactive du nom de Mick Harris remarqua mon T-shirt de Sacrifice et engagea une conversation avec moi sur plein de trucs underground, Mick semblant partager ma passion pour des groupes comme Ravage (pre-Atheist) et Death. Je me souviendrais toujours de l'enthousiasme contagieux avec lequel il parlait des groupes précités et de la joie pure qu'il exprimait concernant ses fonctions de batteur dans Napalm Death - et de l'enregistrement imminent du groupe, la deuxième face de l'album "Scum".

Comme c'était le cas en ce temps là, les fanzines métal/hardcore avaient une espérance de vie très courte et ne pouvaient se dégager de plannings de publication erratiques et irréguliers au cours des années 80. A cet égard, Filth, le fanzine de Jesse Pintado, était logé à la même enseigne. Toutefois Pintado, ce jeune de Los Angeles, avait une passion de la musique extrême suffisamment forte pour poursuivre plus sérieusement, ce qu'il fit avec le groupe Terrorizer, sans aucun doute un des groupes de grindcore américains les plus intenses. En faisant circuler la démo du groupe et des enregistrements en répèt', Pintado se fit un nom et fut finalement débauché par Napalm Death qui cherchait un guitariste (en remplacement de Bill Steer), devenant de ce fait le premier américain du groupe.

A peu près au même moment, un jeune de Las Vegas du nom de Mitch Harris, dingue de musique underground, faisait du bruit de son côté dans un groupe qui s'appelait Righteous Pigs, avec lequel il enregistra l'album "Live and learn" à la fin des années 80. Je me souviens toujours des innombrables occasions pendant lesquelles Mitch m'appelait chez moi, le plus souvent pour se lamenter sur l'inexistence de la scène locale et le manque d'opportunités pour jouer. Frustré mais pas abattu, Mitch se fit pote avec Mick Harris, et ils joignirent leurs forces dans Defecation, un projet parallèle à moitié sérieux qui sortit l'album "Purity dilution" avant de se séparer. Le fait que Mitch soit devenu plus tard le second guitariste de Napalm Death n'a choqué personne, car son style d'écriture légèrement décroché complétait parfaitement l'approche plus directe de Pintado.

Bien que le vocaliste Mark 'Barney' Greeway et le batteur Danny Herrera (qui remplaça Mick Harris en 1991) aient été moins actifs sur le front du circuit du tape trading, tous les deux étaient de gros fans de metal/hardcore underground et, avant de rejoindre Napalm, avaient joué dans plusieurs groupes locaux respectivement de Birmingham et de L.A. En vérité, c'est la contribution légendaire de Greenway à l'album "Subconcious Terror" de Benediction qui l'a indirectement conduit à rentrer dans le groupe en 1989. De son côté, Danny était un ami de longue date de Pintado, les deux ayant longtemps traîné ensemble sur la scène underground de L.A. Ainsi, à la suite du départ de Mick Harris, Herrera a pris la place de son prédécesseur sans même passer une audition !

Si l'on considère le vaste passé et l'histoire de chaque individu du groupe sur l'underground, vous auriez vraiment du mal à trouver un groupe de musiciens plus qualifiés que Napalm Death pour enregistrer un album hommage à certaines de leurs vieilles influences. Sans réelle surprise dans ce contexte de restriction de temps - sans mentionner la richesse de groupes dont la reprise était potentielle - le processus de sélection fut difficile. Néanmoins, chaque chanson choisie tend à représenter la nature sous estimée de l'underground des 80's dans son ensemble, plus l'effet qu'il a eu sur le style de jeu et de composition de chaque individu qui fait de Napalm Death une entité qui n'appartient qu'à elle-même.

BORIVOJ KRGIN - New York 1999


Seconde partie du livret :
Présentation des chansons

1) RAW POWER : 'Politicians' (de l'album "Screams From The Gutter" de 1984)
Connu essentiellement comme un groupe de hardcore, le style de composition simple de Raw Power, allié à leur capacité à injecter une pointe de mélodie dans leur façon d'agir, a fait aimer les italiens auprès de nombreuses personnes. S'étant toujours réclamé de la scène hardcore, et ayant été très influencé par eux (spécialement au niveau des paroles), Napalm Death a opté pour 'Politicians' dans le but de reconnaître ça.

2) SLAUGHTER : 'Incinerator' (de l'album "Strappado" de 1987)
A certains égards, les Slaughter de Toronto étaient en avance sur leur temps en désaccordant leurs guitares d'une manière significative bien avant que cela ne devienne le truc cool à faire dans l'underground ou ailleurs. Malheureusement, le groupe se sépara peu de temps après la sortie de "Strappado". Enfin, 'Incinerator' est indicative de l'approche primitive - et pourtant pillonante du groupe, les paroles anti-guerre nucléaire de comédie de soirée de ce morceau sonnant particulièrement comiques dans les mains d'un groupe aussi politiquement engagé que Napalm Death.

3) PENTAGRAM : 'Demonic Possession' (du 45 tours single "Fatal Predictions" de 1987)
Les Pentagram du Chili n'étaient pas un groupe particulièrement connu en dehors des cercles d'initiés du tape trading, mais leur style de riffs, unique et non conventionnel, les distinguait de beaucoup de leurs pairs. Le groupe a seulement sorti une paire de démos - assez cependant pour que Mitch Harris fasse attention. Si vous vous êtes déjà posé la question de savoir d'où venaient les rythmes vertigineux de Napalm, cela vous fournira au moins une partie de la réponse.

4) REPULSION : 'Maggots In Your Coffin' (de la démo "Slaughter Of The Innocent" de 1986)
Peut être le choix le plus évident, cette chanson est essentiellement la reconnaissance de l'influence incroyablement surpuissante que le groupe du Michigan aura eu sur la scène Grindcore, et spécialement sur le matériel de Napalm jusqu'à ce jour. On ne peut pas faire plus brutal que ça.

5) DEATH : 'Back From The Dead' (de la démo enregistrée en répétition "Back From The Dead" de 1985)
Incontestablement un des initiateurs du genre death metal, les démos de Death étaient légendaires sur le circuit du tape trading. Sur tous les morceaux écrits pendant la période pre-album de Death, cette chanson reste une des plus notables - spécialement dans la mesure où une version ralentie du riff d'ouverture refit plus tard surface dans le morceau 'Living Monstrosity' tiré de l'album de Death sorti en 1989, "Spiritual Healing".

6) DEAD KENNEDYS : 'Nazi Punks Fuck Off' (du single "Nazi Punks Fuck Off" de 1981)
Après avoir repris ce classique du punk uniquement pour un 45 tours au bénéfice de l'action antiraciste et pour "Virus 100", l'album hommage aux Dead Kennedys, la version de Napalm est devenue un collector et un des morceaux préférés. Un moment incontournable de leurs concerts, la chanson prend un bon coup de neuf en étant réenregistrée lors de cette session.

Vous pouvez aussi lire les quelques commentaires que fait Shane Embury dans Hard Rock Magazine en cliquant ici.

 


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