FOLLOW THE LEADERS

Interview de Shane menée par Philippe Lageat, parue dans le numéro de Hard Rock Magazine de décembre 1999.

Avec un mini CD regroupant six covers aussi saignantes que décapantes, Napalm Death signe son entrée chez Dream Catcher, son nouveau label. Leaders Not Followers où le leader grindcore incontestable - et incontesté - rend hommage à ceux qui ont compté et comptent encore, et à des influences pour le moins obscures que l'incontournable bassiste, Shane Embury, a disséquées pour vous.


Hard Rock : première question simple : pourquoi sortir aujourd'hui un mini album de reprises ?
Pour plusieurs raisons. Nous voulions enregistrer un tel album depuis pas mal de temps, mais de nombreux groupes le faisaient, nous retardions donc sans cesse l'échéance. En mars dernier, nous avons quitté notre précédent label, Earache, et nous avons recruté un nouveau manager qui nous a conseillés de signer chez Dream Catcher. Ce que nous avons fait. Ce mini CD nous a donc servi de carte de visite. Le moment nous a semblé opportun.

Pourquoi n'avoir enregistré que six titre et non douze ou treize ?
Nous pensions qu'un album entier de reprises serait 'too much'. Sans parler de problèmes d'emplois du temps, puisque 1999 a été, pour Napalm Death, une année pour le moins chargée et fertile en rebondissements. Et puis, l'idée de proposer un mini CD à prix réduit nous séduisait. Ce devait être un instantané. Si nous nous étions davantage penchés sur le problème, nous aurions vraisemblablement fini par sortir un double album (rires) !

C'est votre Garage Inc. à vous (rires) ?
Ouais, on peut voir les choses comme ça... Mais il n'y a aucun concept là-dessous. Ce n'est rien de plus qu'un modeste EP fait pour le fun.

Le choix des reprises a t-il été difficile ?
C'est le moins qu'on puisse dire ! Aussi avons-nous décidé de procéder démocratiquement en laissant chaque membre du groupe choisir un titre (cliquez ici pour voir le choix de chacun). Nous aurions tout aussi bien posé notre dévolu sur une cover de Voivod, mais laquelle choisir ? Pour bien faire, il nous aurait fallu enregistrer un album entier ! Il n'est cependant pas impossible que l'on reprenne un titre de Killing Technology pour un tribute à venir. Pour revenir au choix, comme je le précisais, il s'est avéré très ardu. Nous tenions à rendre hommage à des groupes méconnus ou totalement inconnus. Des fans m'ont réclamé une cover de Discharge. Nos adorons ce groupe, mais tout le monde les a déjà repris des centaines de fois. Il y avait d'autres combos au moins aussi importants qui comptaient beaucoup pour nous, des groupes que nous voulions faire découvrir. Histoire de montrer au public le plus jeune qu'il y avait une vie avant nous, des formations au moins aussi heavy.

"Nazi Punks Fuck Off" parle d'elle-même. Avez-vous eu maille à partir avec des groupuscules nazis ?
Oui, c'est arrivé. La plupart du temps aux States (en Pennsylvanie surtout) où des bandes de skinheads ont fait irruption à certains de nos concerts pour mettre le bordel et chercher la baston. Il y a deux ans, par exemple, nous avons du interrompre un show après trois titres car une quarantaine de skins maltraitaient notre public : je ne parvenais pas à comprendre comment 40 connards pouvaient à ce point foutre la trouille à 300 personnes, mais lorsque ces enculés ont tenté de forcer la porte des backstage, j'avoue que je ne faisais pas le malin non plus ! Nous sommes un groupe très ouvert, pluriculturel : Jesse et Danny sont mexicains. Nous ne pouvons pas tolérer ce genre d'attitude, et donc nous le faisons savoir. Notre musique est suffisamment agressive, c'est pourquoi nous tentons de faire passer un message positif. D'où l'engagement des textes de Barney, qui s'impose comme un porte-parole. Il y a tant de merde en ce bas monde qu'on a autre chose à foutre que de haïr certaines personnes pour la couleur de leur peau. C'est ridicule. Je ne pige pas...

Vous avez récemment donné un concert afin de fêter l'anniversaire d'un de vos fans anglais...
Oui, c'est un dingue du groupe qui nous suit partout. Nous avons quelques die-hard comme lui dans chaque pays. Il nous a simplement demandé si nous pouvions jouer à son anniversaire et nous avons accepté. Pourquoi pas, après tout ? Il habite à Londres, nous à Birmingham. Deux heures de route. Et nous n'avions rien de mieux à faire. On s'est bien marré puisque les 350 kids avaient fait le déplacement ! Et notre ami est monté sur scène pour chanter un titre avec nous. Son meilleur anniversaire à ce jour, pour sûr ! J'aurai adoré qu'un de mes groupes favoris fasse la même chose pour moi. Nous ne sommes pas de meilleurs personnes que nos fans, il est important pour nous de garder le contact avec eux.

Pour conclure, peux-tu nous dire un mot de ton projet avec le batteur Nicholas Barker (ex-Cradle Of Filth, Dimmu Borgir) ?
Le groupe a pour nom Lock Up, et le premier album sortira fin novembre chez Nuclear Blast. C'est du grind-death très 80's. Jesse est à la guitare et Peter Tägtgren (Hypocrisy) au chant. Nous avons enregistré en trois jours, pour le fun. Il est grand temps qu'un groupe propose un disque aussi intense. Nicholas et moi nous connaissons depuis des années, il venait à nos shows lorsqu'il avait 18 ans. Nous avons de nombreux points communs : la bière, la bouffe, et plein d'autres choses encore qu'il ne serait pas raisonnable de citer ici (rires) ! Lorsque Cradle Of Filth enregistrait Cruelty and the beast à Birmingham, il a passé énormément de temps avec nous. Nous jouons bientôt à Londres, et il devrait faire les cœurs sur "Nazi Punks Fuck Off". Une vraie petite berceuse, si tu veux mon avis (rires) !


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