BREED TO BREATHE

Quelques chansons de plus par rapport aux 12 titres d' "Inside The Torn Apart" et qui se trouvent dans la même lignée, aussi bien au niveau de la musique que des textes. Ces derniers sont donc, à l'instar de l'album précité, très abstraits et il est assez dur de voir où Napalm cherche à en venir.

BREED TO BREATHE

Cette chanson dénonce les dangers de la manipulation génétique. Les progrès technologiques récents ont permis des avancées scientifiques spectaculaires. On est désormais capable de jouer aux apprentis sorciers et de cloner des animaux, on saurait faire de même pour des humains (d'ailleurs, rien ne nous dit que certains labos dans le monde ne tentent pas l'expérience !) mais toutes ces expériences entraînent deux questions essentielles : 1) Qui décide des grandes orientations de la science et qui contrôle cette science ? 2) Quels sont les dangers pour l'humanité ?

1) Les grand laboratoires internationaux de mêche avec les gouvernements de chaque pays. Il y a bien sûr des comités d'éthique mais quels sont leurs pouvoirs réels ? Ce qu'on constate, c'est l'absence de débat public sur ces sujets qui sont pourtant de toute première importance. Regardez comme on nous a imposé les OGM. L'opinion publique n'y est pas très favorable - et c'est tant mieux - mais la bataille est peut être déjà perdue... Les gens ne sont pas toujours conscients des enjeux énormes qui se cachent sous ces questions et ils se laissent berner par les déclarations moralistes des dirigeants. Le pire est que science est très souvent utilisée à des fins mercantiles qui desservent l'être humain. Ca me fait penser à un texte de Sepultura qui disait "La biotechnologie n'est pas forcément mauvaise mais, comme toutes les technologies, elle est entre de mauvaises mains".

2) Le contrôle qu'on est capable d'exercer sur les vies en devenir enlève la nature même de l'existence. La naissance d'un être vivant et un événement merveilleux et ultra complexe qui ne fait pas qu'appel à la science. Les hasards de la Nature rentrent également en ligne de compte : l'amour (au sens large) de deux personnes l'une pour l'autre est essentiel dans la conception de la vie. Si on se met à enfanter massivement des êtres sans cette composante, on perd toute notion d'humanité. Le danger est même carrément plus grave car si on se met à sélectionner les individus suivant leurs critères physiques et intellectuels, on risque de se retrouver avec une génération de supermans - ou d'aryens (sans parler des risques de déséquilibres démographiques). C'est le hasard même de l'existence qui nous confère cette passion. Préservons-le.

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ALL INTENSIVE PURPOSES

Cette chanson parle du split intervenu entre Barney et le groupe, même si le sujet est traité d'une manière assez vague. C'est Mitch qui l'a écrite et il a un style plus décousu que les autres, d'où cette succession de mots simples lors des deux premiers couplets - qui conviennent parfaitement aux 'à-coups vocaux' de Barney. Mitch semble analyser le comportement d'un intervenant extérieur au groupe dont le but est de semer la division, et ce par des moyens hypocrites : d'abord en sympathisant, en se répandant en louanges et en motivant le groupe, puis en intervenant dans certains problèmes internes et en isolant les protagonistes - c'est la technique du 'diviser pour mieux régner'. Encore une fois, on constate que la vie d'un groupe n'est pas facile car, outre les divergences personnelles des musiciens qui peuvent conduire à des moments de tension, des éléments périphériques au groupe rentrent en jeu et enveniment la situation. C'est déjà dur de rester soudés dans une équipe de cinq personnes, alors imaginez le merdier lorsque d'autres types viennent mettre leur grain de sel et foutent la merde. Ca peut tout de suite prendre des proportions alarmantes.

J'ai une explication sur la fin de ce texte mais elle est très personnelle : On peut penser que Mitch n'était pas d'accord sur la direction musicale que voulait imposer Barney ou des gars de la maison de disques. Il considérait cela comme un "retour en arrière" et pensait qu'il fallait au contraire persévérer dans la voie empruntée à l'époque de "Fear...". Un peu comme l'exemple à suivre, même si pour cela il devait rentrer en confrontation avec d'autres membres du groupe.

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STRANGER NOW

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BLED DRY

Sans doute la chanson la plus 'odieuse' de Napalm... Elle parle de sévices corporels inligés à un tiers. La chanson est écrite à la première personne du singulier, ce qui peut laisser penser que Shane, qui en est l'auteur, en veut à quelqu'un et se défoule sur lui par l'intermédiaire de cette chanson. Mais on peut aussi envisager ce texte sous un autre angle et considérer que Shane est le spectateur d'un acte de barbarie qui se déroulerait sous ses yeux. Ca en ferait un personnage extérieur à la scène, presque victime, et ça rejoindrait presque d'une chanson comme "Cause & Effect"... Je pense néanmoins que la première hypothèse est la plus en phase avec le texte. Le père Embury est sympa mais faut pas trop lui casser les couilles non plus, et il a du tomber sur un gros blaireau qui l'a bien gonflé.

D'un autre côté, mieux vaut se défouler via sa musique qu'à coups de poing, n'est-ce pas ? La baston n'arrange rien, ça permet juste aux mecs qui sont limités dans leur discours de se défouler un bon coup. Quand on a minimum de jugeotte, on arrive à venir à bout de pratiquement toutes les situations de crise. Je ne dis en aucun cas qu'il faut s'écraser devant quelqu'un qui cherche l'embrouille, je dis qu'il faut que l'intelligence prévale. Si ça ne marche pas, on peut toujours tenter autre chose. Mais de toute façon, ce n'est parce que vous mettrez une branlée à un mec qui vous aura fait chier que vous aurez gagné quoi que ce soit.

Enfin bref, cette chanson est en tout cas très explicite et particulièrement agressive. Je tiens à noter que même dans ces circonstances, Napalm ne tombe jamais dans une description gore bon marché : plutôt que d'employer des termes crus tels que "étrippé" à l'instar de Cannibal Corpse, Shane emploie des mots plus recherchés comme "pores" ou "bile", prouvant une fois de plus que Napalm peut choquer tout en sortant des clichés. La classe !

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TIME WILL COME

Je pense que cette chanson parle encore une fois du split entre Barney et le groupe. C'est Shane qui l'a écrite et il semble analyser ses impressions lors de l'épisode tumultueux qui a mené à l'éviction du chanteur. Il décrit cela comme un processus froid et dénué de sentiments : l'amitié n'est pas prise en considération, seule compte la bonne gestion de la carrière de Napalm. Ils ont pris un gros risque à cette époque car changer de vocaliste est une des choses les plus difficiles pour un groupe de rock : cela change irrémédiablement le cachet de la musique. Ici, "les raisons (de la séparation) sont devenues claires et connues", c'est à dire que les membres restants de ND n'ont pas hésité à afficher leur volonté de progresser tandis que le sieur Barney préférait continuer à jouer du grind total, quitte à susciter moins d'enthousiasme auprès du public.

Il faut savoir que Mitch a beaucoup pesé dans la décision prise. Shane tenait aussi à faire progresser Napalm mais il aurait peut être agi différemment si le gratteux n'avait pas affiché autant de détermination. Le bassiste et Barney étaient très amis et, bien qu'il ne se soient pas fâchés et aient continué à se voir en privé même après le split, on sent que Shane regrette la décision prise, il se sent coupable et fautif et ça le rend triste.

D'autre part, cette chanson met en évidence certaines pressions extérieures, probablement dues à la maison de disques qui "augmente les enjeux" et "intensifie la course" tout en "rognant sur les ressources", c'est à dire qu'elle demande au groupe de vendre toujours plus (en faisant plaisir au plus grand nombre de fans) sans pour autant le soutenir au niveau promotion.

Finalement, il termine sur l'idée qu'il faut retirer un enseignement positif de toute cette folie et que, malgré ces événements malheureux au sein (avec Barney) et autour (avec Earache) du groupe, l'heure de Napalm Death sonnera forcément un jour. Il n'avait pas tort...

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