HARMONY CORRUPTION

On trouve beaucoup moins de chansons que sur "FETO" (exactement deux fois moins !) donc les thèmes abordés sont moins nombreux. L'élément le plus notable est l'arrivée de Mark 'Barney' Greenway au poste de chanteur, ce qui entraîne une différence d'expression sensible par rapport à son prédécesseur, Lee. Mais les cibles de ses pamphlets sont globalement les mêmes : l'hégémonie de l'église, la pollution galopante, les relations sociales tronquées... Le titre de l'album résume la philosophie de ND : le mode de vie idéal, c'est à dire l'harmonie entre les êtres humains, est corrompu et tout part en couille. Constat nihiliste d'une dure réalité.

VISION CONQUEST

Le morceau d'ouverture est l'oeuvre du père Embury. Il est assez narratif et ne donne que peu de pistes sur la signification réelle du message. Shane écrit à la deuxième personne mais s'identifie t-il au narrateur ? Je ne sait pas s'il parle de lui ou s'il imagine cette situation dans un contexte plus général... Toujours est-il que ce narrateur parle d'un témoin qui le regarderait droit dans les yeux et en ressortirait tourmenté. Le témoin ne peut prendre conscience de la douleur que Shane décrit comme étant "infinie", il peut uniquement percevoir un "état amoindri" de cette souffrance. Paradoxalement, c'est cet état de souffrance qui entraîne une "conquête de la vision". En cela, je pense qu'il faut comprendre une lucidité accrue. Cette interprétation reste tout de même sujet à contestation...

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IF THE TRUTH BE KNOWN

Cette chanson est bien plus explicite et traite du dogme religieux. Barney et Shane fustigent l'inertie de l'Eglise, qui vit selon des règles antédiluviennes et entend régir la vie de ses fidèles. Les principes moraux ont été érigés pour maintenir les croyants sous contrôle et permettre au clergé de ne pas compromettre ses acquis en terme de pouvoir et de richesse. L'Eglise a pesé de tout son poids dans l'histoire de l'humanité (pour le meilleur et pour le pire : souvenez-vous des croisades et des guerres de religion) et, même si son hégémonie s'effrite au fur et à mesure que le temps passe, son pouvoir reste relativement important. Les positions adoptées par les institutions religieuses, celles-là même qui sont gangrénées par l'hypocrisie et le conservatisme, peuvent-elles apporter une réponse efficace à certains problèmes actuels ? Rien n'est moins sûr... Prenons par exemple l'utilisation du préservatif. Comment le Pape peut-il affirmer que mettre une capote est 'mal' devant des populations africaines, qu'on sait fermement croyantes, alors que le sida fait des ravages effroyables sur ce continent ? J'ai beau en avoir parlé avec des personnes calées sur la chose, je trouve ça complètement stupide - et indirectement meurtrier.

Globalement, l'accusation principale est que l'Eglise est incapable de s'adapter aux changements rapides de notre société et que, malgré tout, elle cherche à imposer sa vision du monde et à pouvoir juger les autres sans faire elle-même son méa culpa.

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INNER INCINERATION

Deuxième chanson de Shane sur cet album. Le sujet semble vague mais je pense qu'il analyse certains désavantages auxquels Napalm s'est trouvé confronté. Est-ce que le titre ("Incinération interne") doit laisser supposer que Napalm a failli se consummer de l'intérieur ? C'est possible... On a l'impression qu'un élément extérieur décrit comme une infection cherche à couper tous les liens entre Napalm et son public et que cela déprime ses acteurs. Leur lucidité, leur "présence d'esprit" rentre en confrontation avec le reste du monde que Shane qualifie d' "enfer socialisé" (on n'est pas loin de Sartre). "La confusion dans la reconnaissance" signifie peut être que le public adule des groupes sans valeur et confond les merdes et les bons trucs et la phrase suivante ("Des montants partagés pour atteindre un but") donne une idée des concessions à faire si l'on veut s'imposer sur la scène musicale. En outre, la tournure stylistique "Expectations are enquired / Exceptions should be required", particulièrement puissante bien qu'elle perde de son impact en français, a le mérite de nous informer sur les préoccupations de Shane : le public a des attentes et devrait avoir accés à des groupes exceptionnels. Ce qui n'est pas forcément le cas, malheureusement.

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MALICIOUS INTENT

Cette chanson parle de la traîtrise qu'une personne subit de la part d'un de ses meilleurs amis. La manière dont elle est écrite pourrait presque faire penser que c'est une chanson d'amour. Au début, tout se passe bien, les deux protagonistes entretiennent des relations positives et deux caractéristiques essentielles prévalent : "la confiance mutuelle et l'honnêteté". Mais cette harmonie est brisée par les déclarations de certains tiers, les opinions des uns à l'égard des autres et les rumeurs en tout genre. Les défauts des uns et des autres apparaissent au grand jour, l'amitié est consommée et la séparation inéluctable. Chacun regrette la dispute mais part vivre sa vie dans son coin, puis trouve de nouveaux groupes d'amis. Et bien que tout semble dit, des sentiments de vengeance, de jalousie et de haine animent un des protagonistes qui se retourne contre son ancien ami et l'intimide violemment pour se faire valoir. Shane parle de quelqu'un qui prône une certaine forme de pacification. Etait-ce un membre de la scène punk des 80's ? Peut être mais pas sûr... Ce qui est clair, en revanche, c'est que cette personne agissait de la même manière que ce qu'elle dénonçait, en employant des moyens agressifs. Une bien triste histoire sur l'amitié, qui ne doit pas nous faire perdre de vue que c'est un des aspects essentiels de l'existence. Si j'avais une morale à extraire de cette chanson, ce serait que quel que soit la manière dont finit une amitié, il ne faut pas avoir de rancune à l'égard de son ancien(ne) copain(ine).

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UNFIT EARTH

Encore une chanson qui parle de la pollution. Ici, le constat est plutôt affligeant car Barney qualifie la Terre d'inapte, comme si elle était devenue handicapée à force de se voir maltraitée par les sources de pollution en tout genre. D'ailleurs, le parallèle avec une personne physique ne s'arrête pas là car il dit que la planète est "martyrisée et couverte de bleus et ne peut se cacher", un peu comme s'il prenait le cas d'un enfant ou d'une femme battu(e). Je pense qu'il a choisi cette image pour donner plus d'impact à son discours. En effet, beaucoup d'entre nous pourront penser qu'il est moins grave de faire du tort à l'environnement qu'à une personne vivante car, dans le premier cas, la victime de nos torts ne possède pas de conscience et ne réagira pas directement à nos agressions alors que, dans le deuxième cas, les données sont fondamentalement différentes : lorsqu'on fait du mal à autrui, on le sait (à moins d'être fou d'esprit) et on peut ressentir des remords. C'est donc une manière de nous mettre en face de nos responsabilités. Cette analogie sert peut être à faire prendre conscience aux gens qui se battent pour faire reculer les maltraitances que la pollution (de la part des autres ou d'eux-mêmes) est autant condamnable que ce contre quoi ils se battent.

En tout cas, la situation est préoccupante car rien ne résiste à cette dégradation : l'atmosphère est contaminée par des "nuages de dioxyde" (ceux qui habitent dans des grandes villes, telles que Paris ou Lyon, me comprendront), l'eau véhicule des tonnes de déchets des industries chimiques et pétrolifères et le sol est parsemé de pesticides et rtuffé de déchets nucléaires... Le pire est que cette situation est née d'un désir de rentabilité et de profit, c'est l'Homme qui a modifié l'équilibre en vigueur (bien que Barney parle aussi des catastrophes naturelles) et cela risque d'engendrer des désordres climatiques majeurs qui pourrait, une fois de plus, mener à l'extinction de la race humaine. Tout ça pour une histoire d'argent...

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CIRCLE OF HYPOCRISY

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THE CHAINS THAT BIND US

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MINDSNARE

Mindsnare parle de l'héroïne et de la mort inexorable qu'elle entraîne. Barney décrit cela comme un "poison qui raisonne dans tes veines". Le terme est fort : la personne accro n'est plus maître de son intellect, c'est l'héroïne qui pense pour elle. Le toxicomane cherche constamment à retrouver le premier flash qui l'a fait planer. Il se shoote dés le petit matin pour s'évader de la réalité, augmente les doses peu à peu et délaisse ses rapports familiaux et amicaux. Plus rien ne compte en dehors du produit, shoot sur shoot et c'est le cerveau qui frit. C'est ensuite une spirale infernale : plus on prend de drogue, plus on est faible pour affronter les réalités du quotidien, et plus on cherche à se droguer pour tout oublier. Le retour en arrière est difficilement possible et, dans tous les cas, laisse des séquelles évidentes. Je suis très admiratif vis-à-vis des personnes qui s'en sont sorties. Fort heureusement, je n'ai jamais touché à cette merde et je compte bien ne jamais rentrer là-dedans. Ca ne résoud rien, ça ne fait que vous plonger dans des problèmes encore plus graves. C'est la mort à petit feu. N'essayez jamais ce truc, il y a d'autres alternatives dans la vie.

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EXTREMITY RETAINED

Ce morceau résume le sentiment des musiciens de Napalm Death face aux gens qui prennent leur musique pour de la merde. Le texte est très clair à ce sujet ; c'est d'ailleurs un de mes préférés. Il faut savoir que les mecs de ND ont souvent été confrontés à des types qui se pointaient et, sans même prendre la peine d'écouter leur zique, les critiquaient à tort et à travers. Le grindcore était loin d'être populaire à la fin des 80's, c'était encore un genre réservé à une élite d'acharnés. Les normes musicales en vigueur privilégiaient l'emploi de refrains et de couplets, des structures qui étaient totalement absentes du grind old school. Nombreux étaient ceux qui descendaient Napalm Death à cause de ça. Là où le bas blessait, c'est que, nous le savons tous, la démarche de ND était justifiée, leur musique apportait un plus et ils avaient quelque chose d'intéressant à dire. De beaucoup plus intéressant, notamment, que les monceaux de conneries qu'on débitait à leur compte. Le problème des gars qui critiquent, souvent, c'est le manque de confiance en eux. Ils faut qu'ils rabaissent les autres pour se faire valoir parce qu'ils n'ont pas le cran de faire les choses eux-mêmes. On peut critiquer quelque chose quand on le fait d'une manière constructive. Personnellement, ça ne me dérange pas qu'on emmette des critiques sur la zique de ND à partir du moment où l'on a fait l'effort de l'écouter. Les musiciens sont du même avis, "tout le monde a le droit de donner son opinion", mais évitons les rumeurs, les anecdotes sordides ou les jugements à l'emporte-pièce. Napalm mérite mieux que ça.

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SUFFER THE CHILDREN

Cette chanson est probablement la plus connue de Napalm, elle était sortie en 45 tours et en maxi peu de temps avant l'album. Mitch Harris déclarait même que s'il ne devait rester qu'une seule chanson de Napalm, ce serait celle-là. Elle traite du douloureux problème du fanatisme religieux. ND ne parle pas directement de la situation au moyen-orient, un endroit traditionnellement perturbé par les affrontements entre groupes religieux d'obédience opposée, mais il semble que ce soit la cible principale. En effet, on aperçoit sur la pochette du 45 tours un bout de parchemin écrit en arabe (une prophétie musulmane ?) et le texte de la chanson fait penser à ce qui s'est passé en Syrie, en Palestine ou, plus récemment, en Algérie. Certains pays sont dirigés par des ayatollahs (chefs religieux) qui instaurent un dogme et persécutent tous ceux qui ne croient pas comme eux. Ils promettent à leurs fidèles un paradis artificiel pour les faire marcher à la baguette et pouvoir les envoyer se battre pour leur cause (qui n'est pas celle du peuple !). Malheureusement, l'issue la plus probable de cet état de fait est la mort des petites gens. Finalement, ces dirigeants sont des dictateurs au même titre que l'étaient des gens comme Hitler ou Staline. Ils imposent leurs idées par la force et par la crédulité des gens.

NB : ces réflexions sont aussi valables pour la religion catholique car elle n'est pas exempte de reproches. A une certaine époque, la suprématie de l'église ne devait pas être remise en question, même s'il fallait pour cela commettre des massacres. Pensez à l'inquisition et aux croisades. D'ailleurs, on aperçoit aussi sur la pochette une tige épineuse (la couronne d'épine du Christ ?) et une statut de la vierge marie.

NB 2 : On aperçoit aussi sur la pochette un dollar, ce qui pourrait laisser penser que Napalm dénonce par la même occasion le financement qui a eu lieu lors de la guerre froide (où les protagonistes, les USA et l'URSS, s'affrontaient par l'intermédiaire de pays tiers).

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HIDING BEHIND

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