MENTALLY MURDERED

En six chansons, on revisite les thèmes chers à Napalm Death : le racisme, le sexisme, l'embrigadement intellectuel... Lee Dorrian signe à nouveau la plupart des textes, en continuant d'employer sa verve avec un tranchant et une lucidité exceptionnelle. Dommage qu'il ait arrêté de parler de ce genre de sujets avec Cathedral... Mais de toute façon, ça ne collerait pas ; ce n'est pas l'optique de ce groupe. Napalm Death, lui, a toujours traité de sujets sociaux, et c'est pas demain la veille que cela va changer (pour mon plus grand bonheur).


RISE ABOVE

Encore une chanson traitant du racisme. Lee Dorrian l'assimile à de la superstition. La superstition, ce n'est pas forcément croire en la chance ou la malchance, cela peut aussi vouloir dire qu'on est attaché à quelque chose d'une façon irrationnelle, sans que cela n'ait de fondement réel. Hair les gens d'une autre couleur est une superstition que la société nous inculque car, à la base, nous naissons "purs". On peut s'affranchir de ces idées malsaines en surmontant ces croyances obscures, en faisant confiance à l'autre et en acceptant ses différences. C'est cela que Lee appelle s'élever (= to rise above).

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THE MISSING LINK

Oh... le titre de cette chanson est assez galvaudé : le chaînon manquant. Mais je ne sais pas vraiment si Lee établit un parallèle avec la théorie de l'évolution des espèces. Ici, on a droit à un texte anti sexiste de premier ordre, destiné à l'intention d'autres groupes de musique. Il est né du fait que certains combos, sous des dehors engagés (anti fascistes, en faveur de la lutte animale, de l'unité et du partage...) se montraient en fait aussi oppressants envers les femmes que les travers qu'ils dénoncaient. Ils avaient beau se battre pour la liberté, ils n'en laissaient pas moins les personnes de sexe féminin à l'état de faire-valoir. Ah, ça la fout bien de s'engager contre des fléaux tels que le racisme, mais pour certains, ce n'est qu'une façade, une manière de faire "engagé". Le vrai engagement, c'est une façon de vivre et de penser que l'on doit porter en soi à tout instant, ce n'est pas un job à mi-temps. Et, autant que faire se peut, il faut être COHERENT dans ses actes.

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MENTALLY MURDERED

Cette chanson est en relation directe avec le système scolaire. Sachant que Shane s'est fait démonter par ses profs qui lui prédisaient un avenir de merde, on comprend mieux le pourquoi d'une telle chanson (bien qu'elle fut écrire par Lee, une fois de plus). Je ne sais pas dans quel état est le système scolaire en Angleterre, il est peut être déplorable, mais les textes de Mentally peuvent, je pense, être adaptés à n'importe quel pays. Que disent-ils ? Que l'école est une institution qui modèle les élèves de manière à ce qu'ils s'insèrent docilement dans le système, tout ceci en leur faisant perdre leurs idéaux et leur créativité. On crée des individus génériques, tous programmés pour réussir socialement et professionnellement, sans leur laisser la chance de s'exprimer pleinement et de trouver la voie dans laquelle ils s'épanouiront le plus. Cela aboutit à un manque de personnalité, à des attitudes et des pensées communes. Cette chanson finit sur une question : "possèdes-tu la force de récréer ta propre vie ?". Pour Napalm, il est essentiel de se déconnecter de ces pseudo valeurs et revenir à une vie plus saine où chacun tirerait beaucoup plus de satisfaction de sa propre existence.

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WALLS OF CONFINEMENT

Voici encore un texte accusateur qui parle des gens à l'égo surdimensionné, les prétentieux qui ne font pas l'effort de se remettre en question. A la base, un mur de confinement sert à isoler quelque chose, des produits radioactifs par exemple (dans le cas d'une centrale nucléaire). Par extension, Lee désigne le repli sur soi-même comme une enceinte gigantesque qui nous séparerait des autres : les visages des gens avec lesquels on s'entendait bien constituent ce mur et nous regardent, mais on est piégé dans sa solitude. Rien ne sert de donner des coups de boule, c'est à dire de forcer le passage, de rentrer en confrontation avec les autres. Cela ne fait qu'accentuer la chute... L'unique solution pour ce genre de personnes est ne plus considérer leurs opinions comme étant les seules valables. Il faut s'ouvrir aux autres et les comprendre, c'est de cette manière qu'on peut acquérir un respect de leur part et être crédible à leurs yeux.

Il faut noter qu'à l'époque où il est arrivé dans Napalm Death, Barney dédiait souvent cette chanson, lors des concerts, aux quelques punks qui traînaient devant la scène et insultaient les grindcoreux, pensant que ces derniers étaient vraiment devenus des vendus.

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CAUSE AND EFFECT

Les textes de celle-ci diffèrent sensiblement du reste du EP, et pour cause : ils sont de Shane, qui est un gars assez paranoïaque (il ne s'en cache pas). Le sujet est assez basique, le père Embury y parle de l'opression qu'il ressent parfois de la part de certaines personnes. La pression, l'humiliation... des vecteurs émortionnels négatifs qui mênent à la haine de l'autre et l'envie de le supprimer. Il n'y a donc pas vraiment de solution en perspective, pas de porte de sortie qui améliorerait la situation. Shane incarne la vision la plus nihiliste de ND, à des lieux de Lee qui, lui, place beaucoup plus d'espoir dans l'être humain et les relations sociales. Un peu comme le ying et le yang...

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NO MENTAL EFFORT

Cette chanson est en relation avec la presse écrite. En lisant ses paroles, en comprend mieux l'ampleur du "phénomène Napalm", apparu en Europe à la fin des 80's. Lee déplore que les médias se soient jetés sur le groupe pour sortir des articles à sensation, du style : "le groupe le plus rapide du monde" ou, inversement, "ND, groupe de merde !". Toute cette vague a été organisée par certains journaux (soi-disant respectables) pour faire monter leurs ventes. Dans un sens, c'était bien d'accorder de l'attention aux groupes de cette nouvelle scène, car la musique était tellement extrême que les mags prenaient un risque éditorialement parlant... mais en fait, beaucoup de publications les faisaient passer pour des enragés sans cervelle, sans prendre conscience de la musicalité et de la démarche intellectuelle menée conjointement à cette musique, d'apparence si brutale, mais pourtant bien plus profonde que celle de la plupart des groupes en vogue à cette époque. On n'est pas très loin des tabloïds et autres torchons à sensation. Que ces journaleux aillent en enfer !

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