Interprétations des textes de quelques singles

QUELQUES SINGLES...

Et ouais, même sur les singles, y'a de bons textes ! Qu'ils dénoncent les grosses rock-stars, le fascisme ou encouragent au végétarisme... Tous ont une portée, ils font immanquablement réfléchir. C'est aussi pour ça qu'on les aime, les Napalm Death. Voici l'analyse de certains morceaux ne figurant pas sur les albums longue durée...

MASS APPEAL MADNESS

Voici un réquisitoire contre les stars du rock system qui sont parvenus à fort niveau de popularité... et qui ont perdu pied avec la réalité. C'est malheureusement trop courant dans ce milieu bien qu'on ne s'en rende pas toujours compte lorsqu'on n'est pas plongé dedans. Je veux dire que ça ne saute pas aux yeux du grand public. Pourtant, ces musiciens ont troqué leur âme contre le succès, trompant les fans de la première heure qui ont placé tant d'espoir dans ces artistes. On peut avoir du succès tout en gardant son intégrité. Ce que Barney dénonce, ce n'est pas tant le fait d'avoir de la popularité ; à partir du moment où elle est acquise 'honnêtement', il n'y a aucun problème. Il accuse ceux qui ne font ça que pour le fric. C'est une démarche intéressée et qui n'a rien à voir avec le travail d'un artiste, à savoir mettre en musique ses visions - tant pis si le résultat n'a pas une grande portée commerciale. Certains rock-stars qui ont complètement pété les plombs ont oublié cette règle essentielle. Il n'y a pas d'indulgence à avoir envers ce genre de menteurs. De toute façon, le public finit toujours par s'en rendre compte et là... c'est la chute. On ira pas pleurer sur leur sort, bien au contraire !

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PRIDE ASSASSIN

Ce morceau est en quelque sorte un appel à la revendication syndicale. Enfin, pas tout à fait. Il vise à inciter les salariés à ne pas tout accepter de la part de leur employeur. La société nous conditionne à travailler sans que nous puissions poser des questions sur le bien fondé d'un tel système. Les objectifs sont de produire le plus possible et par tous les moyens ; l'idéal est donc de pouvoir utiliser des individus maléables à souhait. Or se fondre dans le moule demande de renier ses instincts individualistes et de vivre 'dans la simulation', comme si on cachait sa véritable personnalité. C'est un problème particulièrement critique chez les jeunes qui doivent se faire une place dans ce monde déjà fort pollué, au sens propre comme au sens figuré. Quelle voie choisir ? On peut rentrer dans la norme et faire sagement ce que la société attend de nous sans broncher ou on peut décider de tout remettre en question. Cela ne veut pas dire tout renier mais forger ses propres opinions et choisir son propre mode de vie, que ce soit ou pas dans la norme. Le truc, c'est qu'il faut avoir le courage d'affronter les regards des autres. Pour en revenir au monde du travail, il faut savoir dire non aux ordres si ceux-ci vont à l'encontre de votre éthique personnelle. Je sais bien que c'est plus aisé à dire qu'à faire mais c'est la seule manière de rester intègre vis-à-vis de soi-même. La chanson finit sur ces superbes paroles : 'Evalue ton intelligence / forme tes propres opinion / pour être un individu compatissant et libre'. La notion de compassion est très importante à mes yeux, j'ai tendance à penser que cela disparaît un peu avec le temps. Pourtant nous avons tous nos peines et prendre conscience de celles des autres est une marque d'humanité.

NB : les deux dernières chansons du EP ("Unchallenged Hate" et "Social Sterility") sont commentées sur FETO

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THE WORLD KEEPS TURNING E.P.

A MEANS TO AN END

Petit maxi de trois titres pour compléter l'album "Utopia Banished". Cette chanson a été écrite par Barney et parle des stratégies déployées par certains racistes pour arriver au pouvoir. Ces gens là crient au loup, ils mettent les citoyens en garde contre l'invasion du pays et promettent 'de grandes espérances' (tous les étrangers dehors ?). Ils ont beau s'appuyer sur des théories scientifiques prouvant la supériorité d'une race sur une autre, ont beau manier la langue de bois avec brio, leur message est foncièrement pervers car ils manipulent le peuple. Toutes ces déclarations sont des artifices, des moyens d'arriver à leurs fins. En fait, tout ce qu'ils cherchent, c'est s'enrichir personnellement et acquérir une parcelle de pouvoir. C'est pourquoi il ne faut pas accorder bêtement sa confiance à de telles personnes car c'est comme ça qu'on les laisse atteindre des fonctions importantes dans la société.

D'un autre côté, on pourrait penser que ce texte traite d'une manière générale de la relation entre les hommes au pouvoir et les simples citoyens. Alors que les premiers gaspillent comme bon leur semble et jouissent d'une certaine impunité, les seconds sont forcés de subir ce qui se passe sans rien pouvoir changer. Prenez la justice, censée être la même pour tous. Un mec friqué et connu pourra se payer un bon avocat et faire jouer ses relations ; le quidam de base, lui, n'aura droit qu'à un avocat commis d'office. Pensez-vous que cela n'a aucune conséquence sur l'issue du procès ? Même si, en ces temps d'affaires, on vante les mérites de la justice indépendante (dont je suis le premier à me réjouir), beaucoup de politicards et d'hommes d'influence sont couverts par une quasi-impunité.

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INSANITY EXCURSION

La troisième chanson de cet EP est signée Shane, et on s'en rend compte immédiatement à la lecture des paroles. L'optique est définitivement plus sombre et nihiliste que la chanson précédente. C'est comme si on partait dans un trip dingue, comme une excursion dans la folie : Shane décrit une absence totale d'émotions, un "vide" angoissant et la conscience qui s'érode sous le poids des pressions sociales, notamment celles exercées au niveau des consommateurs. Et effectivement, lorsqu'on sort de chez soi et qu'on prend la température, que constate t-on ? Nous sommes envahis de messages publicitaires nous incitant à acheter toujours plus, à tel point qu'on se demande si on peut résister à cette 'invasion mentale'. En fait, Shane trouve que la situation se détériore tellement que ça lui fait entrevoir une vision chaotique... la fin de la société de consommation ? Peut être. Et ce ne serait pas plus mal de recentrer le mode de fonctionnement du système car les populations des pays fortement industrialisés ont tendance à oublier les valeurs fondamentales de l'existence, notamment la solidarité et la compassion envers nos congénères.

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NAZI PUNKS FUCK OFF

Beaucoup de chansons de ND adoptent de fermes positions anti racistes, à l'instar des "Unchallenged Hate", "Idiosyncratic" ou "Retching On The Dirt", mais malheureusement le message est parfois relégué au second plan au profit de la musique. Ou disons plutôt qu'une certaine partie du public, ceux qui ne s'investissent pas dans les lyrics, passe à côté du sujet. Avec cette chanson qui, rappelons-le au passage, est une reprise du groupe punk rock américain Dead Kennedys, on va droit au but. Pourrait-il y avoir un titre plus explicite que celui-ci ? Probablement pas. Aucune ambiguité possible, les nazis ne sont pas les bienvenus et peuvent aller se faire foutre. Signalons en outre que ce morceau est systématiquement joué en live, souvent en rappel mais il peut arriver que Napalm attaque directement par ce titre si des nazis infestent la salle de concert où ils jouent.

Ce titre a été écrit par Jello Biafra, le leader des DK. Globalement, il dénonce certaines attitudes typiques des fachos : se trimballer en bande et dégrader des endroits publics, faire chier le monde et provoquer des combats déséquilibrés, autant d'actions lâches qui ne prouvent pas pour autant que ces mecs ont des couilles. Au contraire, ils se cachent derrière l'aspect protecteur du groupe. A côté de ça, on trouve des individus 'socialement insérés' tels que des policiers, des enseignants ou des chefs d'entreprise qui sont nazis. Ils représentent le vrai danger car ils sont comme la partie invisible de l'iceberg. Ils ne se montrent pas au grand jour mais leur réseau d'influence est plus vaste que les nazillons de base. Pensez aux enseignants révisionnistes ou aux boîtes qui financent des partis d'extrême droite... Les dernières phrases de la chanson sont comme la morale de l'histoire : tous ces salopards seront les premiers à partir dans des camps de concentration si un quatrième reich s'impose un jour (je prie pour que cela ne soit jamais vérifié). Mais malgré toute la haine qu'on peut ressentir vis-à-vis de ce type de personnes, il ne faut jamais perdre l'espoir d'une remise en question salutaire. Ces mecs peuvent réfléchir sur leurs actes et éventuellement rectifier le tir. La rédemption est donc toujours possible...

NB : je n'ai jamais vraiment compris l'association entre le mot 'punk' et le mot 'nazi'. Je suppose que, tout comme les red skins pour les skinheads, les punks se divisaient en plusieurs courants et certains d'entre eux étaient nazis. L'idéologie punk de base prône la liberté individuelle via l'anarchie, mais pas la persécution d'autrui.

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IN TONGUES WE SPEAK

FOOD CHAINS

Cette chanson est la deuxième qui traite de l'exploitation animale. "Display To Me..." sur FETO traitait de ce sujet sous tous les aspects alors qu'ici, on se focalise sur l'aspect alimentaire. Ce titre est de Barney et reflète ses convictions profondes : il est végétarien et milite depuis des années au sein du mouvement de libération animale, une des plus anciennes organisations dans le monde. Ses adhérents ont parois mené des actions coup de poing, comme l'occupation de laboratoires pharmaceutiques ou la libération pure et simple de certains animaux maltraités.

Concernant ce problème de nutrition, il nous donne son point de vue sur ces 'chaînes alimentaires'. Au passage, on peut remarquer le jeu de mot puisque l'expression est mise au pluriel plutôt qu'au singulier, comme si nous étions enchaînés par nos habitudes alimentaires. Barney décrit le parcours de ces animaux, tassés dans des corals et attendant leur mort inéluctable. L'Homme n'a cure de la souffrance psychologique et physique de ces bêtes. Comment se sentirait-il coupable, elles ne peuvent pas s'exprimer ! Elles sont anonymes et n'ont aucun moyen de se défendre. Pourtant, nous sommes une race évoluée, pleinement consciente, et nous devrions rééxaminer le sort qu'on réserve aux animaux. Barney fait même référence au créateur en écrivant 'Ne méprise pas ce que Dieu t'as donné'. Nous n'épiloguerons pas sur le pourquoi et le comment d'une telle remarque, le fond du message est qu'on doit vivre en harmonie avec la nature et ne pas profiter des êtres plus faibles, même si ce sont des animaux et qu'on ne peut pas communiquer avec eux. Peut être alors pourrons-nous acquérir la dignité et la sagesse dévolues à la race humaine.

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